La poursuite du bonheur

Chapitre 37: Abois, mon chien

Min avança lentement dans la ruelle étroite, où l'obscurité semblait étreindre chaque recoin. Après être reparti de chez son meilleur ami, pour un dernier dîner, l'homme avait décidé de se refaire les rues une dernière fois, comme autrefois dans son enfance. La lumière des lampadaires projetait des ombres dansantes sur les murs humides, lui rappelant tant de souvenirs. Des gouttes d'eau tombaient en cadence régulière, prenant la forme de flocons à cause du froid, créant une symphonie discrète dans cet endroit nostalgique. Les pavés irréguliers, usés par le temps, émettaient un murmure feutré à chaque pas de Min. Les murs décrépits étaient marqués par des graffitis énigmatiques, témoignages d'une vie urbaine à la fois effervescente et secrète. Cela lui rappela la fois où il avait décidé de taguer tous les murs d'un immeuble, là où il avait terminé sa journée au poste de police, encore bien trop jeune pour se faire arrêter. À côté, le supermarché délabré semblait figé dans le temps, avec des néons vacillants qui projetaient une lueur intermittente. Min s'arrêta devant la devanture du supermarché, dont la façade délavée racontait des histoires de jours révolus. C'est à cet endroit que les souvenirs de son enfance avec Nagini le submergèrent, comme si les murs eux-mêmes chuchotaient des réminiscences du passé. Un doux mélange de nostalgie et de mélancolie imprégnait l'air, figeant ce moment dans le livre de ses souvenirs. Il se rappela de sa rencontre avec Bruno, ici. Min, sur le moment, se demanda si lui et son ami auraient fini normalement, sans la rencontre de Bruno.
— Miaou.
C'est là qu'il vit un chaton, miauler. En cherchant du regard, le grand blond le vit, et son petit cœur de papa de chaton se réchauffa. Min, cherchant à apaiser sa tristesse persistante, avança prudemment vers le chat solitaire qui se tenait à proximité d'une poubelle. L'animal, méfiant, observa Min avec des yeux empreints de curiosité. Dans son état émotionnel fragile, il espérait peut-être trouver un réconfort fugace dans la compagnie silencieuse du félin.
Cependant, à peine s'était-il approché que le son inattendu d'une bouteille qui se renversait brisa le calme relatif de la ruelle. Le chat, effrayé par ce bruit soudain, détala précipitamment, laissant Min seul avec le résonnement du fracas qui semblait amplifié par l'atmosphère silencieuse de la ruelle sombre. C'est alors qu'une nouvelle distraction se fit entendre. Deux individus manifestement sous l'emprise de l'alcool sortirent en riant d'un bar voisin. Leurs rires résonnaient dans la ruelle, tandis qu'ils peinaient à maintenir une démarche droite. Leurs silhouettes vacillantes évoquaient une scène à la fois comique et pathétique, ajoutant une couche supplémentaire de vie chaotique à l'ambiance déjà chargée de la ruelle nocturne. Non loin d'eux, dans l'ombre, Min les entendu parler:
— Putain, même moi je ne me battrai jamais avec ce mec. Même si on me payait !
— De toute façon t'es tellement bourré que t'es même pas capable de te battre avec qui que ce soit.
Min, resté discret dans son coin, observant silencieusement les deux hommes qui se tenaient au mur, leurs conversations entrecoupées de rires éclatants. Leurs paroles alcoolisées se mêlaient à l'air de la ruelle, créant une ambiance à la fois animée et désordonnée.
— Putain quelle soirée de merde.
— Eh t'as vu ! On a même pas baiser en plus !
Soudain, l'un des hommes, manifestement submergé par l'effet de l'alcool, s'adossa au mur avec difficulté, avant de s'écrouler en vomissant sur le sol. Le bruit écœurant et les relents d'alcool imprégnèrent l'air, ajoutant une dimension brutale et crue à la scène. Min, toujours en retrait, était témoin de cette manifestation dérangeante de la réalité nocturne de la ville qu'il parcourait une dernière fois. La porte d'où les deux hommes étaient sortis s'ouvrit brusquement, laissant échapper une lumière tamisée depuis l'intérieur du bar. Profitant de cette opportunité, Min discerna sa chance et s'engouffra rapidement à l'intérieur avant que la porte ne se referme. La chaleur et le bourdonnement animé du bar accueillirent Min, offrant un contraste frappant avec la ruelle sombre et silencieuse qu'il venait de quitter. Min, bien qu'ayant l'intention de se coucher tôt en vue de son départ imminent, décida de profiter une dernière fois de sa ville. À l'intérieur de ce qui semblait être une boîte de nuit, les lumières rouges et vertes tourbillonnaient, créant une ambiance électrique. La fumée épaisse flottait dans l'air, accompagnée de l'odeur distincte de la drogue. L'endroit était bondé, une mer de visages joyeux et énergiques se déplaçant au rythme de la musique assourdissante. Min se retrouva au cœur de cette effervescence nocturne, captivé par la vitalité de la scène qui semblait contraster avec la tranquillité de la ruelle sombre qu'il venait de quitter. Cela faisait pas mal de temps qu'il n'était pas vraiment sorti comme il le faisait avant à vrai dire. La boîte de nuit pulsait d'une énergie électrique qui se manifestait à travers ses néons, créant des motifs lumineux qui dansaient sur les murs sombres. Les lumières éblouissantes semblaient suivre la cadence effrénée de la musique, conférant à l'endroit une atmosphère presque hypnotique. La chaleur enveloppait l'espace, accentuée par la foule dense qui se déplaçait au rythme de la musique entraînante. Le son assourdissant des basses résonnait dans l'air, ajoutant une vibration palpable à l'atmosphère chargée. La fumée de machines à effet ajoutait une touche mystique à l'ensemble, créant des tourbillons qui donnaient l'impression que le temps ralentissait dans ce coin animé de la nuit. Les effluves sucrées et épicées des boissons mélangées flottaient, créant une mosaïque olfactive particulière dans cet univers nocturne en ébullition. C'était un peu comme retourner à sa vie d'avant, pour le grand blond. Il ne pouvait pas dire que ça ne l'avait pas manqué, mais au fond il savait qu'il n'était plus aussi à l'aise qu'avant. Il avait pas mal ramolli niveau soirée. Lorsqu'il avait voyagé pendant ces dix mois, il n'était même pas sorti en boîte de nuit, pour s'amuser. Il n'y voyait plus l'intérêt.