Chapitre 44: Le sanctuaire de la honte

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Les paupières d'Alexis s'ouvrirent lentement, révélant un monde flou et désorientant. Des bruits légers, tels des murmures lointains, perçaient sa conscience embrumée, ce qui le fit se réveiller de son sommeil si lourd qu'il cru avoir dormit pendant plusieurs jours. Il émergea de son sommeil avec une lourdeur, comme si ses membres avaient été plongés dans un engourdissement prolongé. Un grognement involontaire échappa à ses lèvres, donnant l'impression qu'il sortait d'une hibernation de plusieurs années, un éveil laborieux à la réalité.
- Blanche neige se réveille enfin.
La voix apaisante d'un homme parvint à ses oreilles, un murmure réconfortant dans le brouillard de son esprit. Alors qu'il se redressait, Alexis prit conscience de sa position allongée sur le torse de Pedro. Une vague de gêne et de confusion le submergea, ses sens s'aiguisant lentement pour percevoir les détails de la scène. La chaleur du corps de Pedro, les battements réguliers de son cœur, tout cela était étonnamment réel. Tentant de se redresser, Alexis se heurta à une résistance douloureuse dans son bas-ventre. Une douleur lancinante, comme un rappel brutal, l'obligea à abandonner son mouvement. Un gémissement plaintif s'échappa de ses lèvres, témoignant de la souffrance qui pulsait à travers son corps. Son regard se posa sur un bandage soigneusement enroulé autour de son abdomen, légèrement taché de rouge. Les contours flous de la mémoire commencèrent à se dessiner, replaçant les pièces du puzzle de l'événement récent.
- Woh, tu ferais mieux de rester couché, gamin. Tu veux pas que tes points de sutures sautent, pas vrai ?
Le souvenir des événements tragiques s'imposa à lui : la mission tendue, la confrontation violente, la nécessité d'agir. La scène des toilettes, la tension palpable, et finalement, la détonation de violence qui avait éclaté dans un chaos de coups de feu. Les protagonistes, leurs gestes, le frisson dans l'air électrisé par la confrontation. L'image de Pedro le portant vers la sécurité émergea, une figure protectrice dans le tumulte. Le corps d'Alexis était un réceptacle de douleur, le bandage témoignant du prix payé lors de cette mission. Les ténèbres de l'inconscience cédaient lentement la place à la réalité brutale, et Alexis était confronté à la complexité de ses propres émotions et des circonstances qui les avaient façonnées. Il avait sacrément honte, surtout d'avoir encombré l'homme.
- J'ai mal..
- Je vais te donner un médicament, ne bouges pas.
De toute façon c'est pas comme ci il pouvait bouger sans vouloir chialer. En se rabattant devant lui, Pedro se leva pour aller chercher un médicament, avant de revenir vers lui avec un verre d'eau et une petite gélule blanche. Alexis n'aimait pas prendre des médicaments, c'était même rare qu'il en prenait, mais là il n'avait pas le choix, alors dans un soupire de plainte, il finit par avaler le médicament en se tenant le crâne.
- Combien de temps est ce que j'ai dormi ?
Le jeune paria sur deux jours entiers, mais étonnement il se rendit compte qu'il exagérera:
- Seulement une nuit, plus précisément huit heures. Pile ce qu'un gamin de ton âge doit dormir pour bien grandir.
Dans le silence épais qui enveloppait la pièce, Alexis perçut à nouveau les bruits qui avaient attiré son attention. C'était comme le rythme régulier d'un impact sourd, un son répétitif et gênant, presque semblable au battement régulier d'un tambour lointain. L'instant était imprégné de cette symphonie discrète, créant une atmosphère particulière, teintée d'une étrangeté palpable.
- C'est quoi, ces bruits ?
Tout en gardant les yeux dans les siens, Pedro fut soudain un peu plus crispé, alors en passant sa main de manière stressée derrière sa nuque, il haussa finalement les épaules:
- C'est Min. Il... Il s'entraîne, je suppose.


Dans le sous-sol sombre et confiné, Min se tenait face à Yuri, ce dernier solidement attaché à une chaise. La pièce était empreinte d'une tension palpable, accentuée par l'éclairage faible qui faisait danser les ombres sur les murs délabrés. Nagini, résigné mais observateur, s'était installé dans un coin, son regard scrutant la scène avec une intensité silencieuse. Il avait abandonné le fait de vouloir arrêter Min à faire ces conneries, mais étant trop fatigué après la nuit éveillé qu'il venait d'avoir, il s'était juste assit dans un coin.
Le visage de Min exprimait une détermination féroce, ses poings serrés trahissant une frustration profonde. Il avait abandonné toute tentative de maîtriser sa colère, optant plutôt pour une confrontation directe avec Yuri. Les échos réguliers de coups assénés contre le corps de Yuri résonnaient, créant une symphonie discordante de souffrance et de tension. Yuri, malgré sa position vulnérable, conservait une résilience farouche, refusant de céder sous la pression. Ses yeux, empreints de défiance, renvoyaient une détermination indomptable. Chaque coup porté était un acte de défiance, une tentative de briser le silence obstiné de Yuri.
La pièce était un théâtre sombre où se jouait un duel de volontés, chaque seconde résonnant avec une intensité croissante. Le murmure étouffé des échanges, mêlé au son régulier des impacts, créait une atmosphère lourde, imbibée de secrets et de tensions inexprimées.
- Min, ça suffit. Tu vois bien qu'il ne va pas parler, en plus on dirait qu'il aime ça. Il doit encore avoir de la drogue dans son système.
En se levant de sa chaise, Nagini s'étira comme un vieux chat maladroit, en faisant frissonner tout son corps douloureux en manque de sommeil. En s'approchant d'eux, à côté de Min, le grand brun releva la tête de Yuri, qui gardait lui les yeux ouverts. Il était bien conscient, pourtant il ne disait rien. Son visage était en sang, mais à travers l'épaisse couche de rouge, il pouvait voir le léger sourire qu'il avait.
- Regardes, ses pupilles sont encore dilatées, donc ça ne sert à rien. On dirait un légume.
En lâchant la tête de Yuri, celle ci s'affaissa, en recrachant du sang. Nagini s'essuya rapidement les mains en grimaçant, puis il mit sa main sur l'épaule de Min. En voyant son meilleur ami dans cet état, il soupira. Min n'avait pas dormit depuis la veille, et encore. Il savait très bien que depuis tout ça, le blond dormait peu et lorsqu'il le fit, il faisait des cauchemars.
- Va te reposer, par pitié.
- Pas temps qu'il n'aura rien dit. Je veux entendre sa putain de voix.
Min, animé par une colère incommensurable, avait déversé sa fureur sur Yuri, chacun de ses coups portant le poids de la haine qui consumait son être. Lorsque l'éclat de sa rage s'estompa, il marmonna des paroles empreintes de ressentiment, suscitant l'exaspération de Nagini, témoin silencieux de cette déferlante d'émotions. D'un geste brutal, Min attrapa Yuri par les cheveux, faisant basculer sa tête en arrière pour forcer un contact visuel.
- Je te jure que si t'ouvres pas ta putain de sale bouche, je vais t'enfoncer ta propre queue dans ta gorge pour que tu t'étouffes avec.
Le regard imperturbable de Yuri rencontra le tumulte tourbillonnant dans les yeux de Min, une confrontation muette entre deux esprits résolus. Cependant, Yuri, immuable, refusa de céder, de divulguer ses secrets. Min, frustré par le silence obstiné de Yuri, le relâcha brusquement, laissant échapper sa frustration dans un geste de désespoir. Il quitta la pièce avec une rage contenue, marquant son départ en projetant une chaise, autrefois occupée par Nagini, à travers la pièce. Le bruit résonnant de l'impact était une symphonie discordante qui reflétait l'état émotionnel tumultueux de Min.
La chambre de Pedro, désormais vide, devint le refuge temporaire de Min, laissant Nagini soupirer d'un mélange de compassion et de désolation. La pièce imprégnée de cette confrontation brutale laissait planer une atmosphère tendue, témoin silencieux des cicatrices invisibles laissées derrière elle. Min se mit dans les draps, beaucoup trop sur les nerfs pour arriver à s'endormir. Même si ses poings étaient toujours en sang, et qu'il s'était bien défoulé, la fatigue ne l'atteignait pas. C'était comme ci son corps aimait souffrir. Même si Min était épuisé de la tête aux pieds, ses yeux n'arrivaient pas à se fermer. Ses pensées étaient encore trop chaude et divaguèrent tellement.
Min, dévoré par la culpabilité et la solitude, se retrouva prisonnier de ses pensées tourmentées. L'impossibilité de fermer les paupières le laissa vulnérable face à un tourbillon d'émotions intenses. Une douleur oppressante au cœur semblait s'intensifier, un poids insupportable qu'il aurait aimé expulser d'un cri déchirant. L'envie de pleurer, de crier, l'étreignait, mais il se trouvait muet, incapable d'extérioriser cette tempête intérieure. Un sentiment d'abandon le submergea, créant une sensation de solitude abyssale qu'il n'avait jamais ressentie auparavant. Chaque battement de son cœur semblait résonner dans son être comme un écho de désespoir.

Cherchant un moyen de fuir la réalité pesante qui l'entourait, Min agrippa un morceau de tissu à portée de main. Il le transforma en bandeau pour les yeux, créant un voile sombre pour se dérober à la vue du monde. Dans ce cocon d'obscurité, il se retrouva enfin seul avec ses pensées.
Les souvenirs de sa vie passée, de Yuri et de l'homme qu'il était autrefois, s'entremêlaient dans un ballet mélancolique. Chaque instant avec Yuri était un éclair dans l'obscurité, illuminant son esprit troublé. La sensation de manque était poignante, laissant un vide qu'il ne savait pas comment combler. Le corps et la voix de Yuri résonnaient dans son esprit, des fantômes du passé qui le hantaient dans l'obscurité de ses réflexions. Rapidement, ses pensées partirent très loin, et en se rappelant ce qu'il avait vécu avec, la partie inférieur intime de Min gonfla, sans qu'il ne le contrôle. Au départ gêné par son érection, le blond essaya de se placer dans une position beaucoup plus agréable pour essayer de s'endormir, mais la tension dans son corps fut trop forte. D'un geste furtif, Min souffla, en attrapant son membre brûlant, pour essayer de se détendre. Min, égaré dans ses pensées et cherchant un échappatoire à la tourmente intérieure, plongea sa main sous son t-shirt. Un soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres tandis qu'il se caressait avec détermination, cherchant un réconfort dans cette intimité solitaire. Les sensations apaisantes de ses propres gestes semblaient offrir un court répit à son esprit tourmenté, créant un moment de calme dans le tumulte émotionnel qui le tourbillonnait. Il pensa à Yuri, à son corps et à comment il le ferait si c'était lui qui le touchait. Plus les minutes passaient, pour le corps de Min devenu tendu, et c'est en donnant son coup de grâce qu'il termina, en murmurant le prénom de Yuri.
Min, la main souillée, ôta lentement le bandeau qui obscurcissait ses yeux. Une sensation de relâchement envahit son ventre, dissipant la tension qui y résidait. Son visage, maintenant dévoilé, laissait transparaître une expression de quiétude mêlée à une fatigue profonde. Une larme solitaire dévala sa joue, suivie de deux autres, chacune portant le poids des émotions qui déferlaient en lui.
Épuisé, Min déposa doucement les paumes de ses mains sur ses yeux, cherchant refuge dans l'obscurité momentanée. Un sanglot échappa à sa gorge, résonnant dans le silence qui enveloppait la pièce. Min, écrasé par le fardeau émotionnel, ressentit un soulagement exutoire en laissant enfin éclater le poids oppressant de son cœur. Les larmes, tels des rivières salées, trahissaient la fatigue accumulée et la douleur intérieure. La vision déchirante de Yuri, affaibli et vulnérable, avait pénétré profondément l'âme de Min, déclenchant une cascade inarrêtable d'émotions qu'il ne pouvait plus retenir. Les pleurs étaient à la fois une libération cathartique et une acceptation poignante de sa propre vulnérabilité face à la dure réalité de la situation. Entre les sanglots, des murmures étouffés de regrets et de désespoir se mêlaient, créant une symphonie douloureuse dans la solitude de la chambre de Pedro. L'épuisement émotionnel le submergea, et dans cet état vulnérable, il succomba au sommeil, laissant Yuri hanter ses pensées jusqu'au dernier souffle de conscience.

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