Chapitre 38: Min est de retour

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— C'est bien. Maintenant, abois, mon chien.
En se réveillant de façon soudaine et violente, Min eut ces mots qui résonnaient dans son crâne, qui lui était en train d'exploser également sous la douleur vive qui parcourait tout son corps migraineux. En se réveillant, Min se trouva dans une chambre, un sentiment de confusion persistant. En scrutant par la fenêtre, il perçut la lueur crépusculaire qui s'étendait sur la ville. Une pensée fugace suggéra que peut-être tout cela n'était qu'un rêve étrange, mais cette idée s'effaça quand Sato fit une entrée silencieuse dans la chambre, tenant un plateau entre ses mains.
— T'es réveillé ? Tu t'es bien fais casser la gueule, dis donc. Je suppose que tu as faim.
La réalité se réaffirma alors que Min observait Sato, ses souvenirs de la ruelle sombre et de l'agression brutale refaisant surface. La chambre silencieuse contrastait avec le tumulte de la nuit précédente, créant une atmosphère étrange et dissonante. Min, toujours engourdi par les événements récents, attendit silencieusement, cherchant des réponses dans le regard de Sato et se demandant ce que le destin lui réservait maintenant.
— On t'a retrouvé hier. Un passant a vu un corps dans une ruelle, presque recouvert de neige et dans une flaque de sang. Il a appelé les pompiers et on t'a récupéré. Tu étais à deux doigts de mourir d'hypothermie, alors je suppose que tu as eu de la chance.
Min, cherchant à se libérer du sommeil confus, tenta de se redresser du lit. Cependant, Sato, d'une main ferme mais douce, le retint, déposant délicatement un plateau de nourriture devant lui. Malgré le visage toujours empreint de froideur et de distance, Sato semblait investi d'une mission : prendre soin de Min, sous la demande de Nagini.
— Qu'est ce qu'il s'est passé ? Est ce que tu as des souvenirs ?
— Un peu, c'est très flou mais...
La chambre silencieuse était maintenant imprégnée du parfum de la nourriture fraîche, créant un contraste saisissant avec les souvenirs encore vifs de la nuit précédente. Min, se sentant à la fois vulnérable et intrigué par la présence attentionnée de Sato, se demandait quel rôle Nagini avait joué dans cette tournure inattendue des événements. Les gestes de Sato semblaient révéler une nuance de bienveillance derrière la façade froide, laissant Min se demander quelle nouvelle trame se tissait autour de lui.
— Mais je suis sûr que j'ai vu Yuri. C'était lui.
Soudain, à l'évocation du prénom "Yuri", une onde de tension traversa le visage de Sato.
— Yuri ? Qu'est ce que tu racontes ? T'as dû beaucoup trop boire.
— Non, je suis sûr que c'était vraiment lui.
Il tenta de détourner l'attention, mais Min, de plus en plus insistant, percevait clairement qu'il évitait le sujet. Intrigué et désireux de comprendre, Min pressa pour obtenir des réponses.
— Sato, je-
— Ça ne sert à rien de lui mentir encore plus, Sato.
C'est à ce moment-là que Nagini fit son entrée dans la chambre, interrompant la conversation tendue. Son regard, empreint de sagesse et de détermination, s'ancra sur Min. Une aura de mystère semblait entourer Nagini, et l'atmosphère dans la chambre changea, créant une pause tendue avant que la vérité ne puisse se dévoiler. Le grand blessé savait qu'on devait lui mentir, mais depuis quand ?
— Min, il faut qu'on te parle de quelque chose..
Tout de suite, il su qu'on lui avait mentit. Nagini se dirigea vers la fenêtre, fixant la neige qui tourbillonnait à l'extérieur. Un silence pesant enveloppa la pièce, puis elle décida de briser le voile du mystère et de révéler la vérité.
— Lorsque tu es parti pendant ces dix mois, beaucoup de choses ont changé comme tu le sais, mais on ne t'a pas dit ce qu'il s'était vraiment passé. J'ai menti en te disant que le gang allait bien, parce qu'en réalité rien ne va. On est en sous-effectif, on manque d'argent et nous n'avons plus rien à vendre.
Le poids de l'anticipation flottait dans l'air, Min attentif à chaque mot qui allait émerger de ses lèvres, cherchant à comprendre les fils entrelacés de la nuit tumultueuse et des secrets révélés.
— Pourquoi tu ne m'as rien dit ?
— Car tu devais quitter tout cela, et si je t'avais dis la vérité tu serais resté. Si le gang va mal, ce n'est pas à cause de l'inflation ou une merde dans ce genre, non. Si tout va mal, c'est à cause... de Yuri.
À l'évocation du prénom de Yuri, une lueur de reconnaissance traversa le regard de Min. Le voile du doute se dissipa alors que la vérité prenait forme. Il comprit instantanément que ses souvenirs n'étaient ni des illusions ni des rêves éphémères. Le nom de Yuri était ancré dans la réalité de la nuit précédente, et Min, loin d'être fou, était confronté à une vérité brutale qui émergeait de l'ombre.
— On ne sait pas comment il a fait, mais.. Il a reprit le contrôle du gang de Yumisa, en s'accoudant avec celui du Dahlia Noir, enfin qui est occupé par Asahi, maintenant. Après ton départ, il a pris le contrôle de tout.
— Après mon départ ? Quand est-il revenu ?
— Et bien, en vérité il n'est jamais parti de la ville.
La révélation secoua Min jusqu'au plus profond de son être. Pendant tout ce temps, il avait cru que Yuri avait pris cet avion, se convaincant que son ami avait suivi un chemin différent. La réalité était tout autre. Yuri l'avait dupé, échappant à la perception de Min, et cette trahison soudaine amplifia la confusion et la surprise qui enflammait déjà son esprit. Une nouvelle compréhension du passé émergeait, bouleversant les fondements mêmes de ce qu'il croyait connaître.
— Alors... où était-il ?
— Nous sommes a quatre-vingt-six pour cents sûrs qu'il était chez Asahi, et qu'il est passé du côté sombre, comme Sato avait failli le faire pour de l'argent.
— Mais.. Yuri n'avait pas besoin d'argent.. je ne comprends pas.
— Yuri avait besoin d'aide mentalement, et je pense qu'il veut se venger. Voilà pourquoi il t'a tabassé, hier soir. J'ai entendu dire que Asahi, qui avait repris le pouvoir, l'avait fait de son bras droit.
Les nouvelles informations tourbillonnaient dans l'esprit de Min, mais c'était son cœur qui portait la charge la plus lourde. La réalisation que Yuri avait pris un chemin obscur, loin de l'image qu'il avait autrefois de son ami, frappait Min comme un coup violent. Il refusait d'y croire, rejetant cette réalité émergente qui ébranlait les fondations de leur amitié. La douleur du cœur blessé, mêlée à la confusion et à la tristesse, créait un tourbillon émotionnel en Min. Il prenait le temps de réfléchir, mais la blessure de la trahison était profonde.
— Je crois que j'ai besoin d'une clope.
Min décida de se relever du lit, en grimaçant de douleur, étant fatigué de se battre avec le passé. En prenant un paquet de cigarette à lui qui traînait au fond de sa veste, il alla à la fenêtre, en face de Nagini, pour le regarder, tout en allumant une cigarette fumante.
— J'y crois pas.. Tout ce temps, il était là, et moi je l'ai abandonné.
— Min, ne penses pas ça. Ne penses pas que tu es coupable de tout.
Une lourde culpabilité pesait sur les épaules de Min. Les événements tumultueux semblaient entrelacés avec ses propres choix, et il se retrouvait à porter le fardeau de cette responsabilité. Les pensées tourbillonnaient dans son esprit, lui rappelant que ses actions passées avaient joué un rôle dans le cours des événements présents. Min, submergé par cette culpabilité, devait maintenant faire face aux conséquences de ses choix et trouver un moyen de réparer les brisures qu'il avait involontairement causées.
Un silence enveloppa soudainement Min, laissant un calme inhabituel planer dans la pièce. Nagini, attentif aux nuances subtiles qui caractérisaient le comportement de Min, comprit instantanément que son esprit était en pleine réflexion. Il connaissait trop bien la séquence qui suivait lorsque Min plongeait dans ses pensées profondes, anticipant peut-être des décisions importantes ou des réponses cruciales qui se formaient dans l'obscurité de sa réflexion.
— À quoi tu penses, Min ?
Toujours les yeux perdus dans le vide, Nagini senti que quelque chose de tramait dans le crâne de son meilleur ami, alors presque immédiatement, en comprenant ce que tout cela voulait dire, il secoua la tête:
— N'y penses même pas.
— Je vais reprendre les rênes du gang.
Sous le choc, Nagini se releva de la fenêtre en refusant tout de suite, mais Min le coupa, silencieusement, lui restant plutôt calme.
— On va trouver un plan, et attaquer Yuri. Je ne me laisserai pas abattre par lui. Si il veut la guerre, alors il l'aura. Fais venir tout le monde au QG, demain soir à dix heures. Je veux que tout le monde soit là.
Même s' il fut légèrement sceptique et stressé, Nagini reconnut très bien son meilleur ami. Min était enfin de retour dans la course, et plus déterminé que jamais. Ça c'était le Minato qu'il connaissait si bien.



Min, incapable de trouver le sommeil dans l'ombre des questions non résolues et des tourments intérieurs, demeura debout dans le silence nocturne. Les pensées perdues, formant un labyrinthe complexe où les sentiments de perte, de trahison et d'incertitude se mélangeaient. Tandis que Nagini et Sato s'étaient retirés pour la nuit, Min lutta contre les insomnies induites par la proximité des deux garçons dans la pièce voisine. Il élabora mentalement des plans, cherchant des réponses à la complexité de la situation qui avait éclaté autour de lui. Les questions sans réponse concernant Yuri pesaient lourdement sur son esprit.
Après un moment de réflexion solitaire, Min décida finalement de céder à la fatigue apparente. Cependant, les draps froids et vides ne lui apportèrent pas le réconfort souhaité. Incapable de résister à l'attraction de la chaleur et de la présence humaine, il se leva et se glissa dans la chambre de Nagini. Dans l'obscurité, il se blottit dans les draps chauds, partageant le même espace avec Nagini d'un côté et Sato de l'autre, cherchant un réconfort temporaire dans la proximité humaine. Nagini, qui n'était pas encore très bien endormi, ouvrit légèrement les yeux, en acceptant bien évidemment son ami. Lorsqu'ils étaient jeunes, ils avaient l'habitude de dormir ensemble, alors cela ne le dérangeait pas. C'est d'ailleurs là que plusieurs sommeils à deux avaient dérapé, trop de fois, même.
— Tu n'arrives pas à dormir ?
— Non. Je réfléchis.
En se tournant sur le flanc pour lui faire face, Nagini regarda son ami dans les yeux, essayant de comprendre ce qu'il avait dans la tête.
— Tu penses vraiment que c'est une bonne idée de re démarrer une guerre entre nos deux gangs ? La dernière fois qu'on a fait cela, Yumisa est mort.
— On doit le faire, Nagi. Je ne peux pas laisser Yuri comme ça, il n'avait même pas l'air d'être lui-même. Je dois le retrouver et lui parler.
Nagini, plongé dans ses propres pensées empreintes de nostalgie, ressentait la perte de l'époque où leur amitié était intacte. Pour apaiser Min et partager une connexion silencieuse, il prit doucement sa main et la caressa doucement. À travers ce geste simple, il tenta de transmettre un réconfort chaleureux et de rappeler un temps où leur lien était fort, offrant un moment de douceur dans la tourmente des émotions qui les enveloppaient.
— Je te fais confiance, Min.
En l'acceptant silencieusement, le grand brun laissa Min enfoncer sa tête dans son cou, et c'est en le reniflant qu'il fit une grimace, toujours en plaisantant.
— Tu pues l'odeur de Sato. Pourquoi tu m'as menti au sujet de toi et lui ? Tu sors avec, pas vrai ?
— Je ne t'ai pas menti, enfin presque pas. Je ne sors pas avec. Disons qu'on est.. colocataires avec plus si besoin. Je ne suis pas amoureux, et je ne pense pas que lui le soit non plus, sincèrement.
— Tu sens son odeur de fillette, avec une touche de fraise. Avoue que t'as baisé avec, ce soir. J'espère que je ne suis pas couché dans des draps sales, actuellement, sinon je te les fais bouffer.
En rigolant discrètement, pour ne pas réveiller Sato qui dormait paisiblement derrière Nagini, les deux hommes se mirent à rire.
— On a pas baisé... J'ai juste eu le droit à une pipe, c'est tout.
— Putain tais toi, tu me dégoûtes ! Je vous imagine, maintenant.
— Menteur, tu rêverais d'avoir comme moi, sale pervers. En plus Sato vaudrait de l'or, sur un marché du sexe. C'est le meilleur partenaire sexuel que j'ai pu avoir jusqu'à la.
Min et Nagini, partageant un moment de complicité et de légèreté, se retenaient de rire. Ce rire étouffé créait une bulle d'intimité, un instant fugace où la joie triomphait momentanément des préoccupations pesantes, renforçant ainsi le lien spécial qui existait entre eux.
— Et moi alors ?!
— Shhhuuut ! Tais toi, idiot, tu vas le réveiller.
En gardant la voix basse, faisant attention, Nagini posa sa main sur sa bouche, amusé par le garçon alors il reprit sa phrase, en levant les yeux au ciel.
— Disons que vous êtes au même niveau. Il en a pas l'air, comme ça, mais ce petit est déchaîné. Toi t'es plus passif agressif, tu vois.
— Faudrait que je me trouve un plan cul. Tu sais ça fait combien de temps que j'ai pas tiré un coup ? Ça fait au moins six mois. Je ne me tape que des branlettes.
Retenant une fois de plus leurs rires, Min et Nagini partagèrent ce moment d'intimité, veillant à ne pas réveiller Sato endormi à proximité. Quelque temps plus tard, ils décidèrent enfin de se coucher, prêts à succomber au sommeil.
Dans le silence de la nuit, Min, plongé dans un sommeil agité, élabora mentalement son plan pour retrouver Yuri et lui parler. Ses pensées tissèrent une trame complexe de décisions et de stratégies, préparant son esprit à affronter les défis à venir. La nuit passa, emportant avec elle les murmures des rêves et des aspirations, Min prêt à confronter le nouveau jour avec une détermination renouvelée.

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