Chapitre 41: La porte noire

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Dans l'habitacle étroit de la voiture, une ambiance sombre et sous tension s'installait. La musique assourdissante résonnait à un volume tel que l'homme du côté passager craignait que ses oreilles n'éclatent à tout moment. À l'extérieur, la neige tombait en légers flocons, créant une atmosphère incertaine, hésitant entre la fonte et la persistance. Yuri occupait le siège passager, une cigarette entre les doigts, expirant la fumée par les narines, créant un voile dans la voiture, tel un dragon. À ses côtés, Asahi martelait le volant au rythme de la musique, sa voix chantonnant dans l'habitacle confiné.
À l'arrière, deux hommes jouaient avec des couteaux, ajoutant une menace silencieuse à l'atmosphère déjà tendue. Les lames étincelaient à la lueur froide de l'hiver, créant des reflets intermittents dans le véhicule. Un sentiment d'anticipation pesante flottait dans l'air, révélant que chaque geste, chaque note de musique, était chargé d'une énergie explosive, prête à se libérer à tout moment.
— Putain comment est ce qu'on a cramé sa caisse. J'adore exploser des trucs, surtout le cul des meufs, mais là ! C'était incroyable !
À l'arrière, l'un des deux hommes du gang de Asahi, criait en rigolant, parlant encore et encore, ce qui agaçait Yuri au plus haut point. Alors sous le coup de la colère, il se retourna en prenant son couteau pour le jeter par la fenêtre, en gueulant lui même:
— Putain mais fermes la ! Je te jure que si tu l'ouvres encore une fois, j'arrête cette foutue voiture et je te balance par-dessus bord. C'est clair ?
La voiture avançait dans la nuit, l'obscurité enveloppant la route devant eux. À l'intérieur, l'atmosphère était électrique, et le son du moteur accompagnait le rythme des battements de cœur de Yuri. Le stress était palpable, visible dans les mouvements saccadés de sa cuisse agitée. Asahi, toujours à l'affût de détendre l'ambiance, entreprit de baisser le volume de la musique qui régnait dans la voiture. Il fouilla dans sa poche, en sortit un sachet de speed, ce genre de geste presque anodin dans leur routine, et le lança avec habileté vers les occupants arrière de la voiture, comme s'il venait de jeter un susucre à des chiens.
Dans la pénombre de la demeure du Dahlia Noir, maintenant sous la propriété exclusive d'Asahi, la voiture s'immobilisa. À l'intérieur, les deux hommes derrière semblaient être dans un état second, tentés par la perspective de rentrer immédiatement, complément défoncés par le produit qu'ils venaient d'ingérer en riant comme des fous. Cependant, Asahi, conscient de la tension palpable qui habitait Yuri, le tira délicatement dans une pièce à part. La pièce était baignée d'une faible lueur, laissant dans l'ombre une partie de la pièce, créant une atmosphère intime. Asahi, toujours maître de l'art de détendre les situations, tendit une cigarette à Yuri, espérant apaiser les tourments qui semblaient habiter l'homme tendu.
— Tu dois vraiment te détendre, sinon tu vas finir par en crever un.
— Ils m'énervent. Tous. J'en ai ras le cul de tes chiens de gardes qui ne savent même pas garder un peu de sérieux.
Les traits du visage de Yuri, habituellement impassibles, étaient aujourd'hui marqués par l'agacement et l'énervement. Ses gestes étaient brusques, presque fébriles, laissant transparaître une tension qui semblait l'accaparer sans répit. Les poches sous ses yeux témoignaient du manque de sommeil, donnant à son regard une lueur fatiguée et épuisée. La pénible fatigue qui se lisait sur son visage trahissait des nuits sans repos, accentuant l'état qui enveloppait l'homme tendu.
— Tu dors bien en ce moment ? C'est à cause des combats que tu fais ? Je peux annuler celui de ce soir, si tu ne te sens pas d'attaque.
Asahi essayait tant bien que mal de le détendre, même s' il savait au fond pourquoi le garçon était ainsi.
— Tu me demandes si, moi, je dors bien ? Va te faire foutre. Avec tout ce que tu me donnes, je n'arrive plus à fermer l'œil. En plus je suis super en manque.
Le fauteuil sur lequel Yuri s'affala semblait absorber son malaise. Il y jeta ses chaussures avec un mépris apparent, geste délibéré symbolisant probablement sa volonté de briser toute forme de formalité. Dans un cri percutant, il appela l'une des femmes présentes, son ton résonnant à travers la pièce comme une commande incontestable. La tension, palpable dans l'air, était exacerbée par le regard intransigeant d'Asahi, dont l'attitude laissait deviner une maîtrise à toute épreuve. Pendant ce temps, les poches béantes sous les yeux de Yuri trahissaient des nuits sans sommeil, accentuant la noirceur de son état d'esprit. Furtivement, Yuri retira son manteau pour le jeter également au sol, à côté de ses chaussures, et en relevant sa manche, un bras maltraité apparut.
— Je vais faire ce putain de combat, à condition que tu me donnes du speed. J'ai peur de m'endormir au premier coup sinon.
— Entendu. Je vais prévenir Ben. Tu devrais te reposer avant ce soir. À la place de la poudre de cocaine que tu te fou dans les veines, tu veux pas plutôt prendre un somnifère, idiot ?
Au même moment, la femme que Yuri avait appelé venu, avec un petit plateau en argent, contenant une seringue, une petite fiole et un garrot. Bien avant que Yuri l'a prenne dans ses mains, c'est Asahi qui l'attrapa pour ne pas qu'il la prenne, ce qui énerva encore plus Yuri. Ses yeux étaient déjà bien injectés de sang comme ça.
— Qu'est ce que tu fous ?
— Tu vas prendre un somnifère, pour le moment. Ton putain de speed tu le prendras ce soir, avant le combat.
Le visage d'Yuri, habituellement dur et imperturbable, trahissait des signes de fatigue et de stress, témoignant des nuits sans sommeil qu'il avait endurées. Les poches sous ses yeux racontaient une histoire de luttes intérieures et de tourments invisibles. Sa voix, habituellement dominante, portait cette fois une pointe de vulnérabilité, presque imperceptible, reflétant la pression croissante qui pesait sur ses épaules. Le fauteuil sur lequel Yuri s'assit avec désinvolture semblait trop petit pour contenir son énergie débordante. Ses mouvements brusques et son attitude désinvolte semblaient contraster avec la tension palpable dans la pièce, créant une atmosphère électrique. L'appel impératif du nom d'une des femmes à ses côtés laissait entrevoir une dépendance non seulement à une substance, mais aussi à une échappatoire face à un monde qui s'effritait. Asahi, de son côté, observait Yuri avec un calme apparent, ses bras croisés comme un rempart contre l'agitation ambiante. Ses yeux, perçants et scrutateurs, semblaient déceler au-delà des apparences, sondant les fissures dans la carapace d'Yuri. Un échange silencieux de regards entre les deux hommes révélait une complexité d'émotions, une danse subtile entre la confrontation et la compréhension mutuelle. Cependant, la tension persistante suggérait que ce face-à-face allait bien au-delà de l'enjeu immédiat d'une simple dose.
— Si j'étais toi, je ne prendrai pas autant la confiance, Yuri. N'oublis pas qui je suis, et qui tu es.
Les fissures dans la façade d'Yuri semblaient s'élargir, laissant présager des répercussions bien plus profondes et personnelles dans cette confrontation inattendue. Énervé, il savait qu'il ne devait pas aller trop loin, en se rappelant ce que l'homme lui avait fait subir à son arrivée ici, alors dans un simple mouvement, il s'écarta et partit. Yuri, dans le dédale de chambres du Dahlia Noir, se dirigea dans les couloirs sombres et froids, puis il se retrouva devant une porte noire, lourd de souvenirs douloureux. Les images du passé semblaient remonter à la surface, créant une atmosphère oppressante. La noirceur de la porte reflétait les abysses de son histoire, une épreuve qu'il avait endurée et qui avait laissé des cicatrices profondes dans son âme. C'était là qu'il s'était fait torturer, encore et encore. Devant cette porte qui symbolisait à la fois sa résilience et ses démons intérieurs, Yuri hésita un instant.


— Dis nous où est cette putain de puce.
Yuri, attaché à une chaise dans cette chambre glaciale, était plongé dans l'obscurité totale. Ses yeux étaient bandés, l'empêchant de percevoir le moindre rayon de lumière. Son corps, affaibli après des heures interminables de captivité, refusait de répondre à ses supplications. La froideur de la pièce pénétrait ses os, amplifiant le sentiment d'isolement et d'agonie. Il avait pleuré, laissant les larmes couler sans retenue, crier dans l'espoir d'être entendu au-delà des murs muets. Les pensées de désespoir l'envahissaient, lui donnant l'impression d'être pris au piège dans un cauchemar sans fin.
— Je.. Je ne.. sais pas..
Chaque minute était une éternité, chaque seconde une torture physique et mentale. Yuri, dans cet état de vulnérabilité extrême, avait traversé l'abîme de la douleur et du désespoir, se demandant s'il serait capable de supporter encore un instant cette captivité infernale. Perdu dans cette chambre sombre, Yuri avait perdu tout repère temporel. Les sévices qu'il avait subis - entailles, coups, blessures – semblaient continuer à résonner dans son corps, chaque sensation de douleur persistant comme un rappel cruel de son calvaire. Son esprit, torturé et meurtri, oscillait entre la conscience et l'agonie. Chaque coup, chaque entaille était gravé dans sa chair comme une marque indélébile de sa souffrance. La douleur, loin de s'estomper, persistait de manière poignante, comme si son propre corps se rebellait contre cette réalité douloureuse.
— Bien. Si tu ne veux pas parler, alors on va recommencer.
Yuri n'avait plus de larmes, pourtant ce soir-là, il avait hurlé tellement fort, qu'il s'était lui-même cassé la voix.

Un frisson parcourut le corps du jeune homme, qui avait perdu toute son innocence dans cette pièce. Chacun de ses pas résonnait comme un écho de sa propre histoire, marquée par des moments sombres et inoubliables. Pourtant, Yuri, malgré la douleur que cette pièce évoquait en lui, décida de continuer son chemin. Il prit le somnifère, une échappatoire momentanée à ses tourments, et poursuivit sa route, laissant derrière lui la porte noire, témoin silencieux de son passé douloureux.
Sous la douche, Yuri, dévoilant son corps sculpté par la douleur et l'effort, confronta son reflet dans la glace. Ce n'était plus le corps qu'il avait forgé avec tant de détermination. Il avait transformé sa silhouette en une arme, utilisant même des stéroïdes pour parfaire sa croissance. Cependant, malgré cette force imposante, Yuri ne trouvait aucune satisfaction en regardant sa propre image. Son regard se détourna vers une lame de rasoir posée à côté du lavabo, témoignage de ses luttes intérieures. Ses doigts serrèrent la lame, exprimant un besoin désespéré de libération, même si cela signifiait infliger une douleur supplémentaire à son corps déjà martyrisé. L'ombre de son passé douloureux planait encore, et Yuri, dans cet instant de vulnérabilité, cherchait un moyen de se soulager, ne serait-ce que temporairement.

— Monsieur Yuri, vous êtes là ?
Yuri, enveloppé dans une serviette, émergea de la salle de bain, tentant de dissimuler les stigmates qu'il venait de marquer sur son propre corps. Encore dégoulinant d'eau, des volutes de vapeur s'échappant autour de lui, il se trouva face à une jeune femme qu'il avait momentanément oubliée, réalisant seulement à ce moment-là qu'il l'avait fait monter dans sa chambre. La scène était empreinte de tension, Yuri se demandant ce qu'elle avait pu voir, tandis que la jeune femme, surprise par son apparition, fixait son regard sur lui, incapable de cacher son étonnement.
— Vous voulez peut-être que je vous laisse vous reposer ?
Pendant un instant, l'homme hésita mais en regardant la femme de haut en bas, il eut soudain un petit rictus malsain aux lèvres.
— Ça serait du gâchis.
La pièce était plongée dans une atmosphère tendue et chargée de désir alors que Yuri, vêtu uniquement d'une aura provocante, sortait de la salle de bain. Les gouttes d'eau glissaient le long de son corps sculpté, ajoutant une touche sensuelle à la scène. Le sourire pervers de Yuri révélait une confiance arrogante, transformant l'air en une tension électrique. La serviette abandonnée sur le sol semblait symboliser le jeu de pouvoir qui s'instaurait entre les deux, créant une image à la fois provocante et dérangeante. Lentement il alla fermer la porte de la chambre, pour qu'ils soient désormais seul, et dans un mouvement sec, il poussa la femme sur le lit, mais c'est la qu'elle vit le sang couler de sa jambe.
— M-Monsieur Yuri, vous saignez.
— T'as peur du sang ?
En semblant réfléchir, la femme secoua finalement la tête de gauche à droite, en se redressant pour lui dire que non.
— Bien, on s'en fout, alors.

La poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant