Chapitre 28: Le collier

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35 ans plus tôt


L'université s'étendait majestueusement, un amphithéâtre de savoir au milieu de l'effervescence étudiante. Les imposants bâtiments de pierre se dressaient comme des gardiens, ornés de fenêtres en arc qui laissaient entrer la lumière dorée.
C'est dans cet environnement impressionnant que Yumisa, un nouvel étudiant, se retrouvait seul. Les groupes animés d'étudiants se croisaient, les rires et les chuchotements remplissant l'air. Mais pour Yumisa, l'université semblait être une vaste mer de visages inconnus. Son père avait voulu déménager dans cette petite ville, contre le gré et le plaisir de Yumisa, qui lui ne voulait que finir ses études tranquillement. Le grand hall d'entrée était animé d'une énergie frénétique. Les étudiants se rassemblaient en groupes, partageant des expériences et des rires, alors que Yumisa se tenait à l'écart, se sentant comme un observateur solitaire dans ce monde rempli.
Les salles de classe avaient beau être remplies, Yumisa ne trouvait pas de camarades avec qui partager les découvertes et les joies de l'université. Il errait dans les couloirs, écoutant les échos des conversations qui semblaient lointaines et inaccessibles. C'était son premier jour et il détestait déjà être ici. Il n'était pas trop du genre à se faire des amis mais il voulait tellement se faire au moins une connaissance. Lors des pauses entre les cours, Yumisa errait dans les jardins, espérant peut-être trouver un coin de connexion dans ce labyrinthe de solitude. Les bancs vides étaient des témoins silencieux de son isolement, une poignée de feuilles tourbillonnant autour de lui, témoignant du vide qui l'entourait.

Lors de sa pause repas, durant sa première semaine de cours, Yumisa était attablé dans la cantine de l'université, concentré sur ses notes, quand il entendit un groupe de personnes entrer dans le grand hall, tous des plateaux à la main. C'est là que Yumisa le vu. Il tomba directement sous le charme du grand brun qui était devant lui, ses lunettes sur le nez. Leurs yeux se croisèrent, et un sourire timide éclaira le visage de celui debout, alors celui à lunettes s'avança vers lui en laissant ses amis partir, et il se pencha sur la table pour parler au garçon seul et timide.
— Salut, Yumisa, n'est-ce pas ? Il me semble qu'on est dans la même classe en littérature.
— Oui, c'est moi. Toi c'est Kong ?
— Oui, mais appelle moi Kwang, je n'aime pas qu'on m'appelle par mon prénom. Je peux m'asseoir ici ? Il n'y a pas beaucoup de places et tu as vraiment l'air d'être seul.
Tout de suite, Yumisa décala son carnet de note pour lui laisser de la place, les joues légèrement rouges.
— Bien sûr, installe-toi. Je ne pensais pas que quelqu'un d'aussi populaire s'assoierait à ma table aujourd'hui.
Kwang rit doucement, s'asseyant en face de Yumisa, en déposant son plateau devant lui.
— Moi ? Populaire ? Ne dis pas de bêtise. Disons que je suis quelqu'un d'amical. Bref, alors tu révises quoi avec tes notes ?
En commençant à déguster son
repas de cantine, Kwang regarda attentivement ce que Yumisa lui expliquait sur ses notes, même s' il était plus occupé à regarder à quel point il était mignon. Le garçon à lunettes se surprit même à regarder ses lèvres. Il était hétérosexuel, enfin selon lui. Il ne savait pas pourquoi ce Yumisa l'intéressait. Cela faisait déjà quelques jours qu'il s'était surpris à le regarder au loin, dans la cour, n'osant pas aller le voir. Aujourd'hui il avait vu une ouverture, alors il avait été, se lançant.
— Tu as l'air d'avoir de bonnes notes. Ça te dérangerais de me donner des cours ? Je suis vraiment perdu en math par exemple et toi tu as l'air d'être bon.
Tout d'abord intrigué par sa proposition, en voyant le sourire qu'il avait, Yumisa accepta.
— Pourquoi pas. De toute façon je suis seul après les cours, alors je veux bien. Par contre je préviens, je serai un professeur plutôt sévère, alors tu as intérêt à bien bosser.
En se mettant à rire, Kwang secoua la tête rapidement, en posant son sandwich, puis il tendit la main vers son nouvel ami, lui faisant une promesse:
— Je promets d'être un élève modèle, monsieur Ackerman !
En acceptant sa poigne de main, le destin joua ses cartes et Yumisa se retrouva lié à Kwang par une demande de cours particuliers en mathématiques aussi insignifiante qu'elle ne l'était. Les équations complexes et les nombres devinrent des prétextes pour des moments partagés, des instants où Yumisa pouvait découvrir les nuances de la personnalité de Kwang.
Ce dernier, avec son charisme, ses lunettes et son sourire, dissipait peu à peu le voile de solitude qui enveloppait Yumisa. Les formules mathématiques se mêlaient à des rires spontanés et à des discussions profondes, créant un terrain fertile pour une amitié qui fleurissait à chaque séance de tutorat.

Malgré qu'un soit réservé, Yumisa, timide mais reconnaissant, se laissait emporter par la douceur de Kwang. Les chiffres devenaient un prétexte pour se rapprocher, mais au fil des leçons, le cœur de Yumisa battait au rythme d'une émotion nouvelle et inattendue. Peu à peu, il sentait son petit cœur fragile battre pour celui à lunettes, tombant sous le charme de l'amour. Les soirées d'étude se transformèrent en promenades décontractées et en pauses café, le dialogue se tissant entre les pages des manuels de mathématiques. Kwang, initialement une figure de confiance et de camaraderie, devenait lentement le protagoniste d'un sentiment plus profond dans le cœur de Yumisa. Chaque regard, chaque sourire, devenaient des indices dans un puzzle émotionnel qui prenait forme. Yumisa, sans s'en rendre compte, tombait lentement amoureux de son ami, des sentiments qui fleurissaient comme les premiers bourgeons du printemps.
Le chemin des études s'entrelaçait avec celui du cœur, créant une trame tissée de connexions émotionnelles. Alors que les cours particuliers continuaient, Yumisa naviguait entre les nuances subtiles de l'amitié et les éclats naissants de l'amour. Un nouveau chapitre s'ouvrait, imprégné de la délicatesse des sentiments qui évoluaient sous la surface des équations, prêt à dévoiler un avenir inattendu.

Au fil des semaines, leur amitié se développa, alimentée par quelques soirées ensemble et des révisions semainières. Un jour, alors que la lumière du soleil dorait la cour de l'université, Kwang prit le courage de confesser ses sentiments à Yumisa. Ils étaient assis sous un arbre, l'atmosphère légèrement électrique. Leur période d'examen venait de se terminer, et ils finirent l'année avec leur premier diplôme.
— Yumisa, il y a quelque chose que je voulais te dire depuis un moment maintenant... Je voulais d'abord te remercier pour les cours particuliers que tu m'as donné et.. je voulais te dire que.. Je ressens quelque chose de spécial quand je suis avec toi.
Alors que le plus jeune essayait de lui expliquer le devoir de math qu'il avait raté, Yumisa eut directement le rouge aux joues. Durant un instant, il crut à une blague mais il vu le regard de Kwang, et en plongeant ses yeux dans les siens, il comprit.
— Tu.. es sérieux ?
— Plus que sérieux, Yumi.
— Kwang... Je..Je pense que... je ressens la même chose pour toi..
Et c'est lui qui fit le premier pas. Leurs lèvres se joignirent pour la première fois, un doux baiser qui scella leur connexion naissante. Lui-même ne savait pas ce qu'il faisait. Pour les deux hommes c'étaient tout nouveaux. Jamais ils n'avaient embrassé d'homme avant aujourd'hui, mais pour Yumisa se fut la meilleure expérience de sa vie.
— Attends Yumisa, j'ai quelque chose à te donner.
En rompant le baiser, Kwang se recula et fouilla dans son sac avant de sortir un collier de celui- ci. Kwang, plein d'émotions, offrit à Yumisa son collier, un symbole de leur amour naissant.
— C'est quelque chose que j'ai depuis longtemps. Je veux que tu le portes. C'est un morceau de moi que je veux te donner.


Les jours heureux se succédèrent, mais l'amour de Kwang pour Yumisa fut mis à l'épreuve beaucoup de fois. L'homosexualité était très mal vu à leur époque, et cela fut plus compliqué pour Kwang que pour son amoureux, qui lui voulait s'assumer et vivre sa vie. Plus les mois passaient, et plus c'était difficile pour le couple, et c'est Kwang qui craqua, lorsqu'il rencontra une femme qui chamboula son monde. Sa future femme. Yumisa découvrit rapidement la trahison de Kwang, alors ils se quittèrent, mais plutôt que de lui rendre le collier qu'il lui avait offert, Yumisa décida de le garder, ignorant que c'était en fait une puce contenant de l'argent. C'était la fameuse puce qui contenait des milliards de dollars. Le collier devint un symbole amer de leur amour perdu, mais Yumisa décida de ne pas laisser cette trahison définir son avenir. Il tourna la page, prêt à découvrir un nouveau chapitre de sa vie où l'amour et la confiance pourraient un jour renouer leurs liens, sans savoir qu'ils venaient en réalité de se déclarer la guerre, celle qui mettrait fin à leurs vies le même jour.

La poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant