Chapitre 17 : Un flingue sur la tempe.

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— Min, je veux rentrer dans ton gang.
La chaleur qui embaumait le corps de Min ne fit qu'un tour, et redescendit presque immédiatement suite aux paroles alcoolisées du jeune homme qu'il venait bel et bien d'embrasser à pleine bouche sous un arrière goût de tequila. Au début, alors qu'il avait planté son regard dans celui de Yuri, il crut qu'il blaguait, mais lorsqu'il vu que celui-ci était plus que sérieux, Min se recula en séparant leurs deux corps chauds.
— Tu rigoles, j'espère ?
Yuri lui répondit mais Min ne l'entendit pas très clairement alors il décida d'empoigner son bras pour l'emmener dehors pour être plus au calme, n'étant plus du tout d'humeur à danser ou faire la fête.
— Eh ! Pourquoi tu m'as emmené dehors ? Il fait super froid, ici.
Il n'avait pas tort. Il était passé minuit et la température presque hivernale leur glacait les os mais ce n'était pas la première préoccupation de Min à cet instant.
— Dis moi que j'ai mal entendu.
— Mal entendu quoi ?
Min avait les sourcils froncés, il n'était vraiment pas content et il espérait lui-même qu'il avait bel et bien mal entendu à cause de la musique.
— Que tu veux rejoindre le gang.
— Tu as bien entendu, je le veux vraiment, Min.
Yuri attendu une réaction venant de l'homme, mais aussitôt sa phrase finit, Min l'attrapa de nouveau par le bras pour le tirer de manière plutôt violente à la voiture qui était toujours restée sur le parking privé de la boîte de nuit.
— Lâches moi tu me fais mal ! Min putain ! Pourquoi tu réagis comme ça ?
Avant qu'il ne se retrouve plaqué contre la voiture, Yuri pu voir la lueur dans les yeux du grand blond. Son dos heurta la carrosserie, tout en laissant un léger gémissement de douleur. L'alcool faisait bien évidemment encore effet, mais il savait qu'il allait se souvenir de tout après cela.
— Min je te parle ! Je pensais que tu voulais des nouvelles recrues ?! Je suis là moi ! Je suis prêt ! J'y ai bien réfléchi et je pense que-
Min lui coupa la parole sèchement en donnant un coup de poing sur le haut de la voiture pour le faire taire.
— Tais toi ! Je ne veux pas t'entendre parler de vouloir rentrer dans le gang ! Je te l'interdit. C'est bien clair ?!
L'entièreté du corps de Yuri s'était arrêté face à la violence de l'homme. Au début il fut perdu, alors il n'osa rien dire, le laissant parler.
— Maintenant tu vas sagement retirer cette putain d'idée de la tête et rentrer dans cette foutu bagnole. Je te jure que c'est la dernière fois que tu sors en boîte de nuit. Qui t'as mis cette idée en tête ? C'est Arish ? Je vais le virer celui-là, tu vas voir.
Alors qu'il allait contourner la voiture pour rentrer dedans, Yuri ouvrit enfin la bouche pour se défendre, lui et son nouvel ami.
— Pas du tout ! Ce n'est pas Arish ou quelqu'un d'autre ! C'est moi qui veux ! Je veux que tu me formes aux combats, je veux savoir me défendre et avoir une vraie famille sur laquelle compter !
— Une famille ?!
Min se retourna brusquement, en étant crispé de colère. L'alcool chez lui était vite redescendu, même s' il n'avait même pas été un peu pompette. Rapidement, il arriva de nouveau devant Yuri, qui lui prit légèrement peur.
— Tu crois qu'un gang c'est une famille ?! T'as complètement perdu la tête ?! Réveilles toi, gamin. T'as pas besoin de ça, merde ! Tu as littéralement une vie parfaite ! T'as un père qui te protège, t'as une famille, t'as du fric sans rien foutre, t'as des amis sur qui tu peux compter MAIS NON, Monsieur veut entrer dans un gang ! Putain mais t'as autant besoin d'être con ou quoi ?! Tu vas monter dans la caisse et je te jure que si tu l'ouvres je te flingue.
Min se recula, se serrant les poings. Il était plus que remonté. Il alla ouvrir sa portière, mais Yuri resta stoïque. Au début, il ne vit pas son visage, mais c'est lentement que Yuri se retourna, les yeux rouges et humides.
— Comme toujours tu me cries dessus pour me faire peur, pour que je fasse ce dont tu as envie... mais c'est fini tout ça.
Au départ Yuri avait une voix lente et faible, mais lorsqu'il vu que Min voulut répondre, il éleva la voix, cette fois avec colère.
— J'en ai marre que tu me dises quoi dire ou quoi faire ! Je suis un putain d'adulte ! C'est MA vie, pas la tienne. Sans mon père tu n'aurais même pas de taff ! À partir de maintenant c'est fini, je ne me laisserai plus faire, quitte à me faire casser la gueule j'en ai rien à foutre. Tu veux encore me frapper pas vrai ? Alors fais-le si tu as les couilles. Je sais pourquoi tu ne m'as pas encore tabassé, et c'est tout simplement parce que tu as besoin de ce job pour vivre. Tu es fauché avec le gang, et tu ne trompes personne. Je n'ai plus besoin de toi. Et je m'en fou qu'on me kidnappe, que je crèves ! Je veux vivre ma vie pour une fois. Je m'en fou de mon père, de toi ou des connards qui me gâchent la vie, tout ça car ils ont besoin de détruire les gens autour d'eux pour se sentir bien ! C'est fini. Tu sais quoi, Minato ? Va te faire foutre ! Toi et ton putain gang de merde de crevards. Allez tous vous faire foutre.
En laissant un silence derrière lui, Yuri reprit sa respiration, fatigué de ce qu'il venait de dire. Il avait une colère qu'il n'avait encore jamais eu en lui, comme quand il avait frappé ce mec à la piscine. Il sentit même ses mains trembler sous l'adrénaline. Il avait tout dit, tout ça en regardant Min dans les yeux. Lui était là, sur le cul après ce qu'il venait d'entendre. D'abord il ne sut pas comment réagir. Il essaya de comprendre ce qu'il venait de dire même si au fond Min comprit bien ce qu'il venait d'entendre. Il ne sut juste pas quoi répondre à ça. C'est son corps qui parla à sa place. C'est sous les yeux de Yuri qu'il vit le grand blond s'approcher de lui, jusqu'à se retrouver encore une fois collé à son corps mais cette fois, Min n'avait rien de romantique ou sexy dans le regard. Son regard était noir. Noir de haine et de colère. D'habitude Yuri aurait eut peur, mais cette fois, et pour la première fois, il tenu tête à Min, le regardant dans le blanc des yeux, le défiant du regard.
— Tu vas me frapper, maintenant ? Alors vas-y, frappe moi. J'en ai plus rien à faire maintenant.
Ne voyant pas Min lui répondre, Yuri continua, mais c'est là qu'il entendit un petit clic. En baissant son regard, Yuri vit l'arme que tenait Min dans sa main, sûrement chargée et prête à tirer. Min la tenait fermement, en venant de retirer le système de sécurité. Si cela avait été un autre moment, Yuri aurait eu peur mais lui-même ne savait pas pourquoi il n'avait aucun sentiment comme celui-ci. La seule chose qui sentit, c'était son cœur brisé.
— Ne me défis pas. Tu pourrais regretter tes paroles.
— Je n'ai pas peur de toi, Min.
Du coin de l'œil, Yuri vu ce dernier lever son arme, mais il garda ses yeux dans les siens, la tête haute. Il sentit une chose froide se poser sur sa tempe. Il savait que ce n'était pas un jouet, il savait que c'était son arme, pourtant il ne vacilla pas. L'adrénaline jouait beaucoup mélangée à l'alcool encore présent dans son sang. Il vu le regard de haine qu'avait Min, mais il le défia, ne se laissant plus faire.
— Tues moi comme tu tues ceux qui te font peur.
Tout alla très vite pour Yuri, même s' il avait une énorme boule au ventre, il voulait que cela se termine. Après tout, il n'avait plus rien à perdre selon lui. Ses amis ne lui parlaient plus, il n'avait plus Asahi, il n'avait plus de mère, il n'avait sûrement même plus de scolarité. Laisser Min décider pour lui était sûrement la bonne décision. Alors la tête haute, Yuri était prêt. Il ferma lentement les yeux, en prenant une grande respiration. Il attendit quelques instants mais il ne se passa rien. Doucement il sentit le froid sur sa tempe se retirer, puis toujours les yeux fermés il entendit des pas se reculer et partir. Il entendit une portière de voiture se fermer, et c'est en rouvrant les yeux qu'il vu que Min venait de partir, le laissant là dans le froid, sans se soucier de lui. Au loin, Yuri regarda la voiture partir dans une vitesse anormalement rapide, pour disparaître dans une ruelle tournante. Le jeune resta planté là, sans savoir quoi faire. Alors que l'adrénaline retomba petit à petit, le froid lui remonta dans son corps. L'alcool ne faisait plus grand effet maintenant, c'est donc dans un soupire qu'il ne sut pas quoi faire. Il ne lui restait plus qu'une chose à faire, c'était de rentrer à pied.

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