Chapitre 3 : Son pire cauchemar.

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Beep Beep Beep

Dans un sursaut, Yuri ouvrit les yeux. Mais cette fois, il n'était pas attaché et sa vue n'était pas bouché par un bandeau. Par contre, sa migraine et ses douleurs corporelles étaient toujours présentes mais un peu moins qu'avant. Il eut du mal à se réveiller à vrai dire. Sa vue était encore légèrement flou, probablement à cause d'une anesthésie qu'on lui avait mit dans le sang par ce gros porc de médecin pervers. Encore une fois, alors que la pièce semblait silencieuse, en oubliant les bip d'une machine à battement de cœur, Yuri entendit des bruits de pas venant à lui.
—Oh mon dieu, il est réveillé ! Laila ! Appelez monsieur Ackerman, Yuri est réveillé!
A l'entente de la voix d'une femme, Yuri reconnu de qui elle venait. Pour y voir mieux, Yuri se redressa légèrement dans un gémissement de douleur et de fatigue et apporta sa main à ses yeux pour se les frotter. C'est là qu'il vit devant lui, au pied de son lit, les deux femmes qui l'ont éduquées toute son enfance. Hinata et Laila. Mais ce n'était pas le plus choquant, non, ce qui le choqua le plus c'est qu'il était bel et bien dans sa chambre d'enfance. L'endroit où il avait passé le plus clair de son temps parce que son père n'avait pas le temps de jouer avec lui.
— Notre petit lapin, vous nous avez manqué..
Hinata, la plus vieille des deux femmes, couru à son chevet, les larmes aux yeux. Elle était une vieille femme colorée de roux, avec des cheveux bouclés comme le font toutes les femmes d'un certain âge en Asie. C'est elle qui s'était occupée de Yuri, comme une mère. La « vraie » mère de Yuri est décédée à sa naissance, elle avait déjà des problèmes de santé avant qu'elle ne soit tombé enceinte. Yuri ne s'était heureusement jamais senti coupable de sa mort, il savait de toute façon qu'elle ne se serait pas occupée de lui comme une vraie mère le ferait à un enfant qu'elle chérissait.
— Qu'est ce que je fais ici ? Est ce qu'on est chez mon père ?
Yuri ne savait pas quoi dire. Il était parti d'ici sans avoir le temps de leurs dire au revoir, et il s'était senti coupable pour cela. Cela faisait au moins quatre années qu'il ne les avait pas revu, pourtant Yuri leur devait la vie.
— Yuri, mon lapin, vous êtes rentré à la maison. Votre père.. Votre père était tellement inquiet. C'est Laila qui a reçu la photo, nous avons fait notre possible pour vous ramener.
Hinata était une femme de bon cœur, elle avait donné sa vie pour cette demeure. Elle méritait tout le bonheur du monde.
— La photo ? Quelle photo ?
Yuri était perdu, il se demandait même si tout ça était encore réel. Laila, qui était devant le lit, alla chercher une feuille de papier qui était posée sur la commode. Elle lui tendit, et Yuri l'a pris. Il plissa des yeux en grimaçant, il savait maintenant pourquoi il avait si mal. Il tenait dans ses mains une photo de lui, en sang sur le sol, dans le premier endroit dans lequel il avait été avec les trois hommes. Une demande de rançon a été écrite au-dessus avec sûrement ce qui devait être son propre sang, en échange de sa vie. Yuri déchira la photo et la jeta au sol. Il essaya de se relever mais il retomba sur le lit. Hinata et Laila le retenu.
— Monsieur Yuri, ne forcez pas trop. Laila s'est occupé de vous, votre genou va prendre un peu de temps à se remettre.
— Merci Leila.
Yuri tourna la tête vers l'appelé, reconnaissant. Laila était une jeune femme muette. Elle était arrivée à la demeure quand il avait dix ans. Malgré le fait qu'elle ne puisse pas parler, Yuri l'a comprenait. Ces deux femmes étaient comme des mères pour lui.
— Monsieur Yuri, nous sommes heureuses de voir que vous allez bien. Nous avons du recoudre deux, trois, endroits mais l'important c'est que vous êtes en sécurité ici. Votre père est-
— Yuri.
Une voix coupa la parole de Hinata, une voix qu'il connaissait trop bien. Son père.
— Mesdames, si vous voulez bien nous laisser, s'il vous plaît.
Au pas de la porte, le père de Yuri était debout, les mains derrière le dos. Les deux femmes s'inclinèrent et partirent de la chambre luxueuse, se faisant petites. C'est alors que l'homme plus vieux et fatigué rentra dans la chambre.
— Comment vas-tu, mon fils ?
A cette question, Yuri grinça légèrement des dents. Il n'était pas fan de cette appellation à vrai dire. D'un air coléreux, Yuri retira les files qui parcouraient son corps, fatigué d'être allongé. Même si il avait mal, il ne voulait pas le montrer:
— Ne m'appelle pas comme ça. Mon prénom est Yuri. Tu devrais le savoir, c'est toi qui a décidé de m'appeler ainsi.
Le jeune homme avait une terrible douleur dans le dos, mais il essaya quand même de se lever sauf qu'une douleur intense lui parcourut tout le corps. Il fut obligé de se rassoir, habillé d'une ridicule robe de chambre d'hôpital.
— Tu devras faire attention à ton corps. Hinata et Laila ont mis au moins un jour et demi à prendre soin de toi.
— Un jour et demi ? Combien de temps est-ce que j'ai quitté ce bar alors..
Yuri se posa lui-même la question si discrètement que son père n'entendit pas. Il continua sa phrase en s'asseyant dans un siège, pas loin du lit de Yuri.
— Et Min t'as sauvé la vie, donc prends soin de toi s'il te plaît. Tu vas rester ici pour quelques temps, Yuri. Tu dois te reposer, et éviter tout danger. J'ai déjà réglé les frais de ton appartement pour plusieurs mois, et Min a été reconduire la voiture de prêt que tu avais ce jour-là, donc ne t'inquiète pas.
Yuri tourna furtivement sa tête vers son géniteur, les sourcils froncés. Vu la douleur qui se produisait quand il faisait cela, il devait sûrement avoir une plaie sur le front ou l'arcade sourcilière.
— Min ? Qui c'est, ce Min ?
Au même moment, des nouveaux bruits de pas se furent entendre dans le couloir venant à la seule chambre de l'étage. Le père de Yuri ordonna à la personne dans le pas de la porte d'un mouvement de main qu'il devait entrer. C'est un autre homme qui rentra alors dans la pièce. L'arrivant était littéralement géant, il avoisinait les mètre quatre-vingt quinze, il avait des cheveux blonds, presque blanc, plutôt court. Habillé d'un pantalon noir avec un t-shirt de la même couleur, on pouvait faire un grand tatouage sur tout son bras gauche. Tout de suite il se demanda qui s'était, mais c'est lorsque l'homme se tourna face à Yuri qu'il le reconnut de part ses yeux bleus. C'était l'homme masqué.
Le père de Yuri se leva de son siège, et posa la main sur l'épaule de l'homme plus grand que lui.
— Yuri, voici Min. Il sera ton garde du corps personnel à partir de maintenant. Tu n'es pas en sécurité ici, tu dois être protégé quotidiennement à partir de maintenant, j'ai donc engagé monsieur Tae pour garder un œil sur toi.
Le fameux Min s'inclina alors face à Yuri, le saluant. Lui n'avait même pas l'air blessé après l'avoir sauvé. Il devait être un bon combattant pour que le père de Yuri l'engage. Il se souvenait lorsque son père engageait des hommes à l'autre bout de la planète pour le surveiller. Il savait qu'il n'avait pas de limite à sa sécurité. C'était peut-être sa seule façon de montrer l'amour qu'il avait pour lui.
— Attends, mais c'est quoi cette merde ? Il est hors de question, et puis quoi encore ? Tu veux que je quitte le pays carrément ? Voilà pourquoi j'ai quitté ce foutu endroit il y a quatre ans !
Yuri était remonté et en colère. Il n'aimait pas qu'on le chaperonnait mais la c'était le pompon pour lui. Un garde du corps ?
Yuri reprit dans son élan de colère:
— Je n'ai pas besoin d'un putain frigo pour me protéger, tu peux le garder pour toi si tu veux mais moi c'est hors de question. Cette année c'est ma dernière année de lycée et je compte bien la finir car contrairement à toi, père, j'aime finir ce que j'ai commencé ! Donc merci mais non merci, maintenant si vous voulez bien toi et ton..
Yuri regarda un instant l'homme blond, lui qui avait un sourire amusé aux lèvres, puis reprit:
— toi et ton.. ton petit chien, allez vous faire foutre. Tu reviendras me sauver quand tu seras enfin un père exemplaire qui ne vend pas de la drogue ou je ne sais quoi.
Voulant se relever une nouvelle fois, c'est le père de Yuri qui le retenu en forçant sur son épaule pour le faire se rassoir. Cette fois, il n'avait plus l'air patient du tout.
— Bon écoutes moi bien, Yuri. Je te laisse une dernière chance. On t'a sauvé le cul hier, mais si j'avais voulu alors tu serais déjà mort à cette heure.
— Sauver mon cul ? C'est plutôt le tien que tu sauves ! Je n'ai rien demandé, je n'avais rien fait pour mériter ça ! C'est pour te demander de l'argent qu'ils m'ont kidnappé ! Ils allaient me vendre à « je ne sais quel pervers » pour me prostituer et toi tu crois que je vais me sentir redevable de m'avoir sauvé alors que c'est DE TA FAUTE ? Mais j'hallucine, en quatre ans t'as pas changé hein ? T'es toujours aussi narcissique et t'es qu'un -!
C'est Min qui coupa Yuri dans sa folie parolière en se mettant en travers des deux animaux qui allaient se sauter dessus.
— Excusez-moi monsieur Ackerman, mais je viens de recevoir un message de votre client de cet après-midi, il est arrivé. En comptant les trente minutes de route, vous y serez à temps. Je vais m'occuper personnellement de votre fils, ne vous inquiétez pas.
Yumisa, le père de Yuri, passa sa main sur sa tempe en soupirant. Il voyait bien que son fils était en colère mais il n'y pouvait rien. Il n'avait jamais été fait pour être père, et ce n'est pas maintenant qu'il changerait. Foutu pour foutu, il se recula et posa un portefeuille sur la table de chevet.
— S'il te plaît, accepte mon aide. Sans protection, Dieu sait ce que ces hommes te feront si ils te retrouvent. Yuri.. Je.. Je sais que j'ai jamais été un bon père, mais si je peux me rattraper alors..
Yamisa hésitait, il ne savait pas comment montrer qu'il s'inquiétait réellement pour son fils. Il n'avait jamais exprimé cela et il savait que Yuri aurait du mal à le croire.
— D'accord. J'accepte. Mais je veux quand même continuer ma vie normale.
Yuri releva les yeux vers son père, le regard dur et vide.
— Je veux finir mon année au lycée. Et je veux qu'à la fin de l'année tu me payes un voyage pour me casser d'ici. Si tu veux vraiment ma sécurité, alors tu m'enverras ailleurs dans un autre pays, avec une nouvelle identité. C'est clair ? Je ne peux pas passer ma vie à me cacher à cause de toi et de toutes les conneries que tu fais. Je ne peux pas vivre ainsi.
Pour seule réponse, Yumisa s'inclina devant son fils, et partit de la pièce en prenant son téléphone pour passer un appel, laissant Yuri et Min dans le silence. Pas un seul bruit résonnait dans la chambre dorénavant et s'en était même gênant. Min recula et alla s'asseoir sur le même fauteuil où était assis Yumisa quelques minutes plus tôt. Il sortit une cigarette et un briquet pour s'en fumer une, comme ci il était chez lui. La colère de Yuri descendit petit à petit, principalement car la colère lui faisait grimper le taux de douleur dans son corps. Il en profita pour regarder plus en détail l'homme qui était dans sa chambre en train de fumer une cigarette.
— Toi. Tu es ce mec, là, qui m'a renversé mon verre à la soirée. Je te reconnais.
Yuri le regardait attentivement, remontant la couverture sur ses jambes, gêné. Min releva les yeux vers lui, fumant sa cigarette sans honte. Il croisa alors les jambes et lui envoya un sourire, charmeur. Ses yeux donnaient à Yuri des sueurs froides. Il n'avait jamais vu quelqu'un avec ces yeux là. Lui qui avait des yeux d'un bleu marine sombre comme l'océan, ce Min lui avait des yeux d'un bleu aussi froid que la glace au pôle nord. Toute son allure renvoyait à un mec sans pitié qui n'avait pas froid aux yeux.
— Oui c'était bien moi. Je suis tellement beau que tu te souviens de moi ? Incroyable.
De sa voix sombre, il cracha la fumée de sa cigarette qui monta au plafond lentement.
— Pourquoi as-tu renversé ce verre ? Yuri resta immobile, l'observant.
Il ne voulait pas entendre ses blagues nuls, il n'était vraiment pas d'humeur à rigoler.
— Pourquoi ?
Il reposa la question en levant les sourcils, un air hautain sur le visage.
— Pour te faire chier, bien évidemment.
Yuri était irrité par ce mec qui lui visiblement aimait jouer avec les autres. Ce Min lui rappelait surtout Arish, c'était peut-être pour ça qu'il était aussi énervé à cette heure.
— Tiens, tu ne me vouvoies plus ? Mon père est parti alors tu prends tes aises. T'es pas chez toi ici.
Le jeune pesta, les points serrés. C'est là que Min se releva de son siège et s'avança vers Yuri lentement, finissant sa cigarette lentement. Il n'arborait plus son petit sourire en coin, et ses yeux donnaient des frissons à Yuri qui sentait que cet homme avait un aura de dominance, dont lui n'avait pas hérité à la naissance malheureusement.
— A ce que je sache, tu n'es pas chez toi non plus, ici. Moi j'en ai rien à foutre de toi. Je suis payé une blinde pour sauver le petit cul d'un pauvre petit con qui veut soit disant être un adulte mais qui n'est pas foutu de se sauver tout seul. En fait j'aurai dû te laisser là-bas, peut-être que j'aurai pu t'acheter en tant que pute. Ou peut-être qu'ils t'auraient tué et revendu tes organes, ça je m'en fou. Et ne pense même pas aller répéter ça à ton père car il sait comment je marche. C'est pour cela qu'il m'a pris pour te protéger. Il veut que je t'éduque. Il veut que je t'apprenne. Voilà à quoi je suis payé. Je ne suis pas une nounou, loin de là. Je ne suis pas non plus le « petit chien » de ton père comme tu l'as dis il y a quelques minutes. Tu sais ce que je suis, Yuri ?
Min arriva au chevet de Yuri, et écrasa sa cigarette sur le meuble en acajou, créant une trace de brûlure sur la petite table. À côté du lit, l'homme paraissait être un vrai géant. Toute son apparence renvoyait à un homme indestructible. Ce dernier se pencha vers Yuri, avec un des sourires les plus malsains qu'il n'ait jamais vu. Puis d'un chuchotement, il dit ses dernières paroles:
— Je suis ton pire cauchemar.

La poursuite du bonheurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant