La poursuite du bonheur

Chapitre 11 : L'exécution du porc.

Cela faisait une semaine que Yuri n'était pas sorti de son lit. Il avait encore la boule au ventre dû à cette soirée. Il ne voulait surtout pas retourner en cours après ce qu'il s'était passé. Les rumeurs allaient vite. Heureusement il avait su que Sato allait bien et qu'il était sain et sauf, il avait même rendu visite à Asahi qui avait pu sortir de l'hôpital le lendemain. Min ne l'avait même pas embêté depuis. Il lui avait déposé un plateau de nourriture à chaque repas devant sa porte pendant la semaine où il était resté cloîtré dans sa chambre. Pendant ce temps là, Min parti faire ses affaires un peu partout, revenant toujours le soir ou tard dans la nuit. Yuri ne demandait rien, cela ne le préoccupait pas.

C'est seulement le soir qu'il sortit enfin de son lit pour aller prendre une douche. Min ne semblait pas être là, mais il entendit la porte d'entrée retentir. Se rhabillant avec des vêtements propres, Yuri descendit les escaliers pour voir le frigo ouvert.
— Min ?
Le jeune l'appela, mais en voyant un grand brun devant le frigo, il vit rapidement que ce n'était pas Min, alors il recula de peur lentement. C'est lorsque l'inconnu se retourna que Yuri reconnut Nagini, un sac de course à la main. Mais cela ne surprit pas Yuri, c'est surtout le bleu qu'il avait à l'œil qui le surprit. Le grand avait également une plaie qui tentait de guérir à la lèvre et un autre hématome sur le nez.
— Nagini ? Qu'est ce que tu fais là ? Et t'as quoi sur le visage ?
— Oh, salut Yuri. Désolé de t'avoir fait peur, je suis juste venu déposer les courses que Min m'a dit de faire. Et..
Nagini apporta sa main à sa lèvre pour parler de ses blessures, gardant le sourire aux lèvres.
— Je me suis blessé, c'est rien ne t'inquiète pas. Min m'a dit de te prendre des céréales, alors je t'en ai pris des natures et des chocolats comme je ne savais pas ce que tu voulais.
En déposant les boîtes alimentaires colorées devant lui, Yuri s'assit sur une chaise et en prit une pour l'ouvrir, curieux comme un enfant le serait.
— Pourquoi tu fais les courses à la place de Min ?
— Il n'est pas disponible pour le moment, donc il m'a demandé de faire les courses pour lui.
En voyant qu'il faisait nuit dehors, Yuri se posa la question de où il était à cette heure-ci.
— Tu sais où il est ?
— Tu es bien curieux, jeune homme.
— Je me demande juste c'est tout. À chaque fois il rentre tard, voire même des fois le matin très tôt.
— Je ne peux pas t'en parler, désolé.
D'un œil douteux, Yuri haussa les épaules en voyant l'homme finir de ranger les courses. Il scruta son visage, en se demandant qui avait bien pu le frapper ainsi. Un accident ? Quelle connerie. Il n'y croyait pas. Yuri n'était pas dupe et il savait qu'on lui cachait des choses. Alors que Nagini s'abaissa pour ranger les packs de lait, furtivement Yuri lui prit son téléphone pour le cacher dans sa poche, une idée en tête.
— Bon, moi je vais y aller. Tu n'as besoin de rien ?
Tout en se relevant, Nagini prit ses clés de voiture pour aller direction de la porte, sauf que Yuri venu jusqu'à lui.
— Ta voiture est sur le parking ?
— Ouais. Pourquoi ?
— Pour rien. Bon bah à plus, Nagini. Au cas où tu veux revenir je serai sous la douche, donc je ne serai pas disponible.
En souriant, le grand aux cheveux foncés ouvrit la porte, et avant de partir il ébouriffa les cheveux de Yuri en rigolant.
— Je ne t'embêterai pas, t'inquiète. Bonne soirée à toi.
En repartant, il prit l'ascenseur pour descendre jusqu'au parking. Yuri n'avait plus que quelques minutes pour mettre en place son plan d'espionnage. Rapidement, il remit le téléphone de Nagini sur la table puis mit ses chaussures pour sortir de l'appartement et rentrer dans la cage d'escalier pour se cacher. En bas sur le parking, en se fouillant les poches, Nagini remarqua qu'il avait oublié son téléphone donc il reprit l'ascenseur pour monter. En même temps, c'est Yuri qui descendit jusqu'au parking le plus rapidement
qu'il puisse.
Devant la porte d'entrée, Nagini redéposa ses chaussures avant d'aller chercher son téléphone. Il le vit sur la table et le pris, en regardant vite fait l'étage d'en bas. Il vit la lumière de la salle de bain allumée, donc il repartit avec tout ce qu'il avait. Il arriva à sa voiture qu'il avait déjà ouverte lorsqu'il était descendu une première fois. Au volant, il ne se doutait pas le moindre du monde que Yuri s'était faufilé dans son coffre, et qu'il était bel et bien là dans sa voiture.
Durant la route, Nagini fut au téléphone tout le long. Yuri ne savait pas avec qui il était mais il entendait la conversation, enfin que la partie de Nagini, trop loin pour entendre ce que disait la personne au bout du fil.
— C'est bon, j'ai déposé les courses chez Minato. J'arrive la.
— ...
— Ouais ouais, j'ai compris. Qu'il aille se faire foutre. Il va pas me faire chier pour toujours après ça, quand même, on est adulte merde.
— ...
— Il parle d'une serre mais moi je ne comprends rien à ce qu'il dit. Il devient taré moi je te le dis. Il faut qu'on le lui fasse comprendre.
— ...
— Je ne parle pas de ça, arrête un peu. Tu sais très bien de quoi je parle.
— ...
— Tu penses qu'il saura ? Moi je ne pense pas. De toute façon si il l'apprend, on est tous mort. Tous. T'as bien compris ? Déjà qu'il a dit qu'il nous préparait une surprise ce soir, je m'attends au pire avec lui.
— ...
— De toute façon j'arrive la. On se parle après, bye.
Dans le coffre, Yuri se demandait de quoi ils pouvaient bien parler. En l'occurrence il n'était pas au téléphone avec Min. La route se faisait de moins en moins confortable, ce qui montrait qu'ils avaient quitté les routes en béton pour aller vers le sud de la ville, là où les routes étaient plus vides. C'est là qu'il y avait les quartiers pauvres et mal fréquentés de la ville. Soudain, la voiture s'arrêta, et rapidement Nagini sortit de celle-ci en claquant la porte. Avant qu'il ne la ferme, Yuri entre ouvrit le coffre pour qu'il ne se fasse pas enfermer.
Après avoir attendu quelques minutes qu'il soit bien parti, Yuri sortit enfin du coffre, en prenant une bouffée d'air froide, ayant eu chaud la dedans. Il essaya de voir où il était, et il vu un grand hangar illuminé. Il y avait beaucoup de motos et de voitures devant celui ci, comme
ci il y avait une soirée.
Discrètement, Yuri essaya alors de s'approcher de la grande porte d'entrée, où il pouvait entendre des voix de partout. Il pouvait entendre le son des verres qui s'entrechoquaient, des rires d'hommes et des bruits de coups, comme si des personnes se battaient. Il décida de passer à l'attaque. Il mit sa capuche, et entra alors en baissant la tête, espérant que personne ne le remarque. À l'intérieur, Il vu un genre de ring de boxe avec des mecs qui se battaient à sang en souriant, soutenus et encouragés par des autres hommes autour. Il y avait un bar avec des individus qui discutaient entre eux, riant et s'amusant. Au début, Yuri croyait qu'il était dans un bar, mais rapidement il entendit la voix de Min parler, puis il vit qu'il était monté sur le ring en poussant les deux hommes qui se battaient dessus, pour qu'il lui laisse la place.
— Mesdames et Messieurs ! J'ai besoin de votre attention s'il vous plaît !
Pour ne pas se faire voir, Yuri se mit à l'écart derrière un pilier qui soutenait le hangar, alors qu'une foule de personnes se mirent devant le ring, pour voir ce qu'il s'y passait. Il y avait très peu de femmes, mais en les voyant, lui-même aurait peur de se battre avec, étant sûr qu'elles n'auraient aucune pitié envers lui si un jour ils se battaient.
— Ce soir, je vous avais prévu une surprise. Premièrement je suis sur la piste des voleurs de drogues. Et secondement... j'ai un spectacle exclusif pour vous. En live, rien que pour vous, je vous ai préparé une exécution, mais pas n'importe laquelle... non... Mesdames et messieurs, je vous présente notre star, je vous présente...
Alors que les lumières fusaient, elles se dirigèrent toutes vers une porte derrière Min, et un homme apparu de celle- ci. C'est là que Yuri le reconnut.
— Monsieur le Porc !
Attaché les mains dans les dos, les pieds restreints, l'homme qui voulait lui faire du mal était bel et bien là, dans un état pitoyable. Non seulement il était habillé d'un short et d'un t-shirt tâché de sang, mais on lui avait également mit des oreilles et un nez de cochon, pour l'humilier encore plus. Yuri fut tellement choqué de le voir ici.
— Viens là, mon petit cochon ! N'aies pas peur. Montes sur le ring !
Poussé par un homme derrière lui, le médecin avança lentement, ne pouvant pas faire de grand pas. En se faisant aider, il se retrouva sur le ring. Mais aussi vite qu'il posa le pied sur le tapis, Min lui mit un coup dans le tibia pour qu'il tombe à genoux à ses pieds. Min avait l'air différent de d'habitude. Ses yeux étaient différents.
— Voyons, depuis quand les porcs se mettent debout ? J'en connais un qui a un peu trop pris la confiance. Mesdames et messieurs on a un rebelle !
Min se pencha vers l'homme avec un grand sourire, puis lui parla directement à lui.
— Tu sais ce qu'il arrive aux porcs rebelles qui ne se laissent pas faire ?
Ne lui laissant pas le temps de répondre, Min lui asséna un coup de pied violent dans le ventre, ce qui lui coupa la respiration partiellement.
— On les tue, et on les bouffe.
Sous le regard et les encouragements des autres autour, Min commença à le frapper de plus bel, comme ci il voulait l'achever la dedans tous, sans une once de pitié. Yuri ne pouvait pas regarder ça, alors il détourna le regard mais il vu du coin de l'œil que Min parti en vrille, ne contrôlant plus sa violence. C'est alors qu'il sortit une arme, la même qu'il avait à la soirée de Miranda. Il l'a pointé directement sur la tête du médecin qui l'avait attaché ce soir-là.
— Dis adieu à ce monde, espèce de sale gros porc.
En voyant la scène, Yuri voulu crier d'arrêter mais c'est une autre voix qui le fit à sa place.
— MIN ! ARRÊTES !
Toute la pièce devenue silencieuse. Plus personnes ne parlaient, plus personnes ne bougeaient. Debout sur une chaise, c'est Nagini qui arrêta tout ce cirque, perdu par le comportement de son ami. Il avait été appelé par un de ses camarades, qui ne voulait pas non plus voir ça.
— C'est quoi cette merde ? T'as un problème Nagini ?
Toujours la main sur son arme pointée vers la tête de l'homme au sol, lui n'étant même plus capable de bouger d'un poil, Min regarda de loin son ami. Yuri vit dans ses yeux qu'il n'était pas dans son état normal. Il avait sûrement pris quelque chose. Ses yeux étaient presque noirs à cause de la dilatation de ses pupilles.
— Ouais j'ai un problème. Est ce qu'on peut parler autre part ensemble s'il te plaît ?
Tout contrairement à Min, son meilleur ami lui était calme et savait garder son sang froid.
— Parler ? Mais bien-sûr Nagini. Si tu veux parler alors viens. Viens sur le ring et défies moi.
Tous les spectateurs se mirent à crier, excités par ceci. Min venait clairement de le provoquer en duel devant tout le monde. Ce n'était pas rare les duels ici, mais vu l'ambiance, Yuri su que cette fois c'était spécial. Le chef et son bras droit se combattant en duel devant tout le monde. Autrement dit, c'était un spectacle à ne pas rater pour les membres du gang.
— Putain Minato.. ne m'obliges pas à venir.
— As-tu peur ? Oh allez, les gars encouragez le, c'est exceptionnel ce qu'il se passe ce soir ! On ne verra pas une seule exécution mais bien deux !
Tout le monde se mirent alors à encourager Nagini à venir, ce qui amusait le blond au plus haut point Cela ne faisait pas rire Yuri, il ne prenait pas cela au sérieux mais en voyant le visage de Min et de celui de Nagini, il su qu'aucuns des deux ne rigolaient.
Rapidement, Nagini rejoignit alors son meilleur ami sur le ring, en évacuant l'homme au sol.
— Tu penses que t'es dans les règles avec ton arme ?
— Comme ci j'avais besoin de ça pour te buter.
Min donna alors son arme à un de ses sujets puis il releva ses manches. On pouvait voir le début de son tatouage. Se préparant dans une position de combat, les deux hommes se firent face, prêts à se battre. Yuri ne voulait pas voir cela. Alors que le public se déchaîné, la tension grimpait de plus en plus et la température montait.
— Vas-y, je n'ai pas peur de toi, Min.
Dans un sourire fou, Min se mit en position d'attaque, alors que Nagini lui se mit en position de défense, prêt à recevoir les coups, mais à en donner également.
— Ne m'oblige pas à te défigurer encore plus que la semaine dernière. Cette fois je ne m'arrêterai pas.
— T'as déjà commencé, alors aies les couilles de finir pour une fois dans ta vie.
— Tu sais que je vais gagner comme la semaine dernière.
— Non. Parce que cette fois j'ai le droit de me défendre. Contrairement à toi, je n'ai pas besoin de me battre avec quelqu'un de faible pour gagner.

1 semaine plus tôt,au QG.

Dans le QG, la tension était à son comble. Une pièce remplie d'une vingtaine de mecs, tous plus baraqués que les autres, mais aucun ne voulaient faire face à Min.
— Qui a relâché ce tas d'ordures ? Si personne ne donne son nom, je vous jure que ça va mal se passer. Vous êtes tous des ratés, des pauvres merdes. Si quelqu'un a un nom alors qu'il le dise.
Le silence était toujours d'actualité dans la pièce, d'habitude bruyante à coup de trinquements de verres et de discutions inintéressantes. Tous les hommes se regardèrent, sans savoir quoi répondre. Un finirait bien par donner son nom, même innocent, pour se sortir de cet endroit.
— Personne ? D'accord.
Alors que Min se redressa, c'est une voix derrière lui qui se dénonça:
— C'est moi.
En entendant une voix qu'il connaissait très bien se dénoncer, Min cru rêver. C'est en se retournant vers la personne qu'il reconnut son meilleur ami, Nagini. C'était donc lui.
— Pardon ?
— C'est moi qui l'ai laissé partir. J'assume mon geste, Minato.
Les bras croisés, Nagini le regarda droit dans les yeux, en n'ayant pas peur. Selon lui, il avait fait le bon choix, mais c'était trop tard pour cela.
— Donc c'est toi qui a détaché ce porc et qui l'a laissé repartir comme si de rien était ? Sans prendre la peine de, moi, le chef, m'en parler ?
— T'es allé trop loin avec lui. Il t'a dit ce qu'il savait. Il nous a donné des informations sur l'ennemi donc je l'ai relâché. En plus tu l'appelles gros porc mais avec le peu de nourritures que tu lui donnais tous les jours il a dû perdre une dizaine de kilos. Il n'est plus utile pour nous. Donc relâches le.
Surprit, Min se tourna complètement vers son ami. Il ne su pas s' il rigolait ou non, mais visiblement vu son sérieux ce n'était pas une blague. Min détestait une chose et c'était la provocation. Il n'aimait pas qu'on défie son autorité devant des personnes qu'il est censé dominer par son rôle de pouvoir dans le gang. Il savait qu'il faisait peur à tout le monde, mais il savait également que la seule personne qui n'avait pas peur de lui était Nagini. Ils avaient grandi ensembles, dans le même foyer, dans la même chambre. D'habitude il aurait laissé passer cela, mais cette fois Min voulait montrer que c'était lui le patron ici.
— Je suis allé trop loin, tu dis ? Moi justement je pense que je n'y vais pas assez, trop loin. C'est d'ailleurs pour cela qu'on nous a volé un entrepôt entier de drogue. On doit être vu comme des minables auprès des ennemis et crois moi, tout ça c'est terminé. Je vais te montrer qui contrôle vraiment cet endroit.
Sous l'œil des autres membres du gang, Min s'avança lentement vers son ami en le regardant droit dans le blanc des yeux.
— Mets toi à genoux, maintenant.
— Minato..
Aussitôt, Min coupa la parole de son ami en ne lui laissant pas le choix. Il savait très bien ce qu'il l'attendait. Alors pour garder un peu de dignité, le brun se mit lentement à genoux devant son chef, en fermant les yeux. C'est sous les yeux des hommes présents dans la pièce que Min lui asséna plusieurs coups, pour lui servir de leçon, sans pitié. Même si Nagini avait la possibilité de se défendre, il ne le fit pas, pour calmer son ami. Il savait que s' il se défendait, cela aggraverait son cas. Après quelques coups, Min s'arrêta, les poings rouges de sang. Nagini était au sol, mais n'était pas abattu complément. Il savait que Min connaissait jusque là où il pouvait aller avec lui, et au fond il savait que son meilleur ami ne voulait pas sa mort.
— Et que cela vous serve de leçon à tous.