L'ombre Qui A Trouver Sa Lumière

Chapitre 2

Black.

Eliot Brame rend son dernier souffle, et un profond soulagement m’envahit. Je respire profondément, savourant l’odeur âcre de la poudre et du sang qui flotte dans l’air. À cet instant, je réalise que des familles pourront enfin faire leur deuil et tourner la page sur cette tragédie.
Je m’accroupis près du corps sans vie de Brame, observant son visage figé, puis je glisse délicatement les photos contenant les coordonnées GPS des dernières demeures des victimes. À l’aube, la police découvrira ces indices et pourra enfin commencer leurs recherches, offrant un peu de réconfort à ceux qui attendent désespérément des réponses.
Je m’imprègne du calme que la mort apporte, mes pensées s’étalant dans un silence apaisant alors que je fixe les yeux vides de Brame. Je sais que mon temps est compté, que je devrai, moi aussi, affronter la mort un jour et rendre des comptes si un Dieu existe. Pourtant, je ressens une étrange paix à l’idée de cette fin, comme si la mort était une vieille amie que j’ai toujours connue.
Peu importe la couleur de mon âme ou le châtiment qui m’attend, j’ai accepté cette réalité depuis longtemps. Dans ce moment suspendu, je me sens libre, détaché des inquiétudes du monde, serein face à l’inéluctabilité de ma propre destinée.
C'est plongé dans ces réflexions que je tourne la tête, ressentant une étrange impression d'être observé.
À ma grande surprise, je découvre une jeune femme, figée dans l’herbe, me scrutant avec une intensité presque hypnotique.
Lorsque nos regards se croisent, le temps semble s’arrêter, engendrant une atmosphère électrique autour de nous. Je ne pourrais dire si cela dure une seconde ou une éternité ; tout devient flou, comme si le monde s’évanouissait. Sa beauté m’assaille, éclatante même à distance, et je me sens happé par cette vision.
Elle me dévisage sans la moindre honte, et je sens mes sourcils se froncer, une surprise mêlée d’intrigue.
Qui est-elle ?
Pourquoi ne crie-t-elle pas ?
Pourquoi ne cherche-t-elle pas de l’aide ? Dans ses yeux, je discerne une lueur troublante, une ombre familière qui résonne avec mes propres ténèbres.
Mon instinct m’incite à avancer vers elle, à percer ce mystère, mais en un éclair, elle se détourne et s’élance dans la direction opposée, disparaissant comme un fantôme, me laissant avec un mélange d’incompréhension et de frustration brûlante.

- Stop !

Je me lance à sa poursuite, le cœur battant. Le son de ses talons résonne sur le sol, un martèlement frénétique qui résonne dans l’air nocturne. Malgré son effort, elle ne semble pas aller assez vite, et je la rattrape rapidement, mes pas se faisant de plus en plus proches. L’adrénaline pulse dans mes veines alors que je m'approche d'elle, déterminé à découvrir ce qui se cache derrière son regard.

Eve

PAN !

Cet homme, que je crois s’appeler Black, a délibérément tiré à bout portant, visant la tête.
Le son du coup de feu est presque imperceptible, et je réalise qu'un silencieux est fixé au canon.
Le bruit de la chair qui éclate au contact du sol résonne dans mes oreilles.
Son crâne ouvert laissant entrevoir des fragments de cerveau me met mal à l’aise .
Tout comme ses yeux qui sont presque sortis de leurs orbites, comme s'ils cherchaient à échapper à cette réalité.
Le liquide sanguin s'écoule et forme des flaques sombres sur le sol d’une manière presque artistique.
Partout où je pose les yeux, je peux y voir le travail de la mort.
Un vertige m'envahit, et je sens que je suis sur le point de vomir. L'homme, celui qui vient de commettre cet acte, se retourne lentement vers moi après avoir manipulé le cadavre qui gît là, inanimé. Le manque de lumière m'empêche de distinguer clairement son visage, mais une ombre de menace émane de lui, me paralysant davantage.
La première chose qui attire mon attention est sa silhouette imposante. Il est immense, vraiment très grand, avec une stature qui inspire une peur instinctive. Son corps semble presque sculpté dans l'acier, dégageant une puissance brute. Je me sens minuscule à côté de lui, comme si la chair et les os n'étaient que des faiblesses en comparaison.
Puis, ses yeux se fixent sur les miens. Leur couleur bleu électrique, presque surnaturelle, est glaciale. Elle me transperce, promettant des souffrances indicibles. Cette intensité me brûle, et je me sens piégée, comme une proie. Je ne sais pas combien de temps nous restons là, immobiles, suspendus dans un silence lourd, mais chaque seconde semble s'étirer indéfiniment.
Lorsque je pense que je ne pourrai jamais échapper à cet étau de regard, un miracle se produit : mon cerveau redémarre. Mon instinct de survie se réveille brutalement alors qu'il commence à avancer vers moi, ses mouvements lents mais fatal. Je ne sais pas si j’ai une chance de m’en sortir, mais il vaut mieux essayer que de rester là à attendre.
Sans réfléchir, je me mets à fuir comme un lapin face à un renard, mes jambes se mettant en mouvement à toute vitesse. Le bruit de mes talons résonne sur le sol d’une façons violente et précipité.
En m’éloignant, j’entends sa voix, froide et autoritaire m’ordonnant de m’arrêter.
Le mot qu’il a employé de sa voix me file des frissons, mêlant terreur et une étrange sensation que je n’ai pas le temps d’éluder.
Je prie pour ne pas trébucher, m’imaginant déjà dans l’un de ces films d’horreur où la victime tombe inévitablement. Mon cœur bat à tout rompre alors que je me concentre sur la course. Mais alors que je sens l’adrénaline monter, j’entends des pas qui se rapprochent à une vitesse alarmante. Mon estomac se noue : il me rattrape !
Je redouble d’efforts, mes poumons brûlant, mais la peur me pousse à aller plus vite. Chaque seconde compte, et je fais tout pour échapper à cet homme, à cette menace qui semble de plus en plus proche.