Chapitre 51

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Eve

Je suis pleinement consciente de tout ce qui se passe autour de moi, malgré le baiser chargé d'une tension palpable. La sensation du manche du couteau dans ma main est familière tandis que la lame danse sur le ventre de Rider. Chaque entaille se forme lentement, une après l’autre sans que je cesse de dévorer les lèvres de mon ombre, qui se pressent contre les miennes. C’est malsain, horrible, dépravé, et pourtant, je ne peux m'empêcher de me laisser emporter, de suivre ce chemin obscur qu’il me trace.

Une vague d’excitation déferle en moi, presque comme un orgasme, tant ce que nous faisons est un péché inavouable. Ma conscience a disparu au moment où j’ai franchi le seuil de cette cave, comme si se déshabiller de mes inhibitions était aussi simple que de retirer un vêtement. Après cinq profondes entailles, Black relâche mes lèvres et abaisse le couteau. Nos regards encrer se lâche et nous nous tournons simultanément vers Rider.
Son corps, couvert de sang, est maintenu contre les murs, les bras écartés, presque comme une représentation sacrée, mais rien en lui n'est saint. Tout n’est que pourriture et décomposition. Je grimace de dégoût, et détourne mon regard pour observer mon amant démoniaque. Je sais qu’il faudrait que je m’éloigne de lui, car tout en lui me rend folle. Son odeur enivrante me trouble, sa voix résonne comme un doux poison, l’intensité de son regard me captive, la douceur de sa bouche me consume, et la force de ses mains me paralyse.

Sa noirceur, sa colère, son désir brûlant, et cet amour tordu qui émane de lui me fascinent et m’excite à la fois. Putain, je sens que je vais finir par m’embraser, par me perdre entièrement dans cette passion dévastatrice qui m’attire irrésistiblement, comme un papillon vers une flamme.
Il doit sentir mon regard ardent et l'examen minutieux que je fais de lui, car il se retourne vers moi, ses yeux perçants me transpercent. Je chancelle sous le poids de son intensité, une chaleur qui me submerge, et en même temps, je me fige sous ses mains qui s’agrippent à mon corps avec une force possessive.

— Et maintenant ?

Ma question s'échappe de ma gorge dans un murmure rauque, et je ne peux m'empêcher d’aspirer ma lèvre inférieure entre mes dents, un geste à la fois nerveux et désireux. Il passe son pouce sur ma lèvre, la libérant avec une délicatesse brutale, avant de grogner comme un animal sauvage. Bordel de merde ! Il m'électrise, au point que je sens une montée de désir si intense que je vais finir par lui sauter dessus comme une chienne en chaleur.

— On va remonter. Les garçons vont aller le chercher.

— Pourquoi faire ?

Il s’approche de moi, son souffle chaud effleurant mon visage, et je tremble, avide de lui.

— Tu verras.

Son murmure guttural fait pression sur mes cuisses, et je ne peux retenir un soupir tremblant qui s'échappe de mes lèvres. Il récupère ma main, et ensemble nous quittons notre havre de démence et de dépravation. À chaque pas, j’ai l’impression de planer, totalement absorbée par mon monstre, incapable de réaliser que nous remontons à la surface. Mon esprit est obscurci par le désir, et tout ce qui compte, c'est lui, cet être fascinant qui me pousse à me perdre dans les profondeurs de ma propre folie.
La lumière vive du jour et l'odeur florale qui embaume la maison me ramènent brusquement à la réalité. Je manque de défaillir en me retrouvant nez à nez avec Green et Red. Mon cœur s'accélère, et je me sens nerveuse sous le poids de leurs regards perçants, consciente de l'état dans lequel je me trouve.
Red, avec un sourire énigmatique, s'empare de la scène, tandis que Green me désigne d'un doigt accusateur.

— Petite menteuse ! Tu n’es pas du tout partie faire une sieste ! Explique-toi. 

Sa voix résonne comme un reproche, et je sens la chaleur de l’embarras monter en moi. Black soupire bruyamment, sa présence protectrice se faisant plus présente.

L'ombre Qui A  Trouver Sa Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant