Chapitre 20

15 2 0
                                    

Eve

Mon esprit est un champ de ruines, un paysage désolé où plus aucune pensée ne trouve son chemin. Mon corps est pétrifié, chaque fibre de moi vibrante d'une tension palpable.
Mon âme est profondément ancrée à la présence de Black.
Le froid du métal de l'arme contre ma tempe est une réalité brutale, un rappel cruel de ma vulnérabilité.

La surprise initiale, celle qui m’a frappé en voyant cet homme surgir s'estompe lentement, mais laisse derrière elle un vide glaçant. Ce n’est pas ma vie qui me préoccupe, mais l’inquiétude sourde de ce qui va suivre, de cette danse macabre qui se prépare.
Les yeux de Black, des abîmes de rage et de folie, sont imprégnés d’une menace si intense qu'elle m’enserre le cœur. Son regard, figé sur le canon de l'arme, est comme une lame aiguisée, tranchante et implacable. Il semble considérer ce geste comme la plus grande des provocations, une insulte insupportable. Chaque battement de mon cœur résonne comme un dernier avertissement, et je réalise que l’instant qui s’annonce pourrait être le prélude à un chaos irrémédiable.

— Le Petit Prince est contraint de retourner dans son royaume. Ton père t'a laissé te divertir. Il attend ton retour avec impatience...

Une onde de confusion me traverse. Attend quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce bordel ? Pourquoi évoque-t-il son père ? Je suis complètement perdu, le sol sous mes pieds semble se dérober.

— Mon père m'a toujours sous-estimé, mais pas au point d'envoyer un seul homme pour me ramener.

— Tu as raison sur ce point, tu comprends. Ton père m'a demandé de kidnapper cette fille, mais je n'aurais jamais imaginé croiser le grand et terrible Black.

— Pourquoi la kidnapper ?

— Comme si tu n'étais pas au courant de la raison.

— Comment a-t-il su ?

— Le destin ou le hasard ? C'est à toi de trancher.

— Explique-toi.

Sa voix claque dans l'air, percutante et tranchante comme une lame aiguisée. Depuis le début de la discussion il émane de lui une tension si intense qu’on dirait qu'il pourrait réduire en cendres tout ce qui l'entoure. Son aura destructrice m'envahit, si écrasante qu'elle me laisse désorienté. Chaque mot qu'il prononce porte un poids lourd de menace, promettant un chaos imminent.

— Tout doux, petit prince. Garde à l'esprit que j'ai ta petite princesse entre mes mains. Évite de me parler sur ce ton.

Je sens la tension dans l'air, comme un fil prêt à se rompre.

— Garde tes menaces. Ton objectif est de la kidnapper. Si tu l'élimines, c'est toi qui finiras par mourir.

Un sourire sinistre se dessine sur le visage de mon ravisseur, ses lèvres s'étirant en un rictus qui me glace le sang. Soudain, sa main, qui avait tenu mon cou avec une fermeté calculée, se resserre violemment autour de ma gorge. La pression me coupe le souffle, et un couinement ridicule s'échappe de ma bouche, un son désespéré que je n'aurais jamais voulu laisser échapper.

— Peut-être que je ne peux pas la tuer, mais je peux lui faire énormément de mal.

Ses mots résonnent avec la force d'un coup de tonnerre, chaque syllabe frappant l'air comme une onde de choc, et je prends conscience que chaque seconde qui passe est précieuse, chargée de sens. La pression autour de moi s'intensifie, et je me sens piégée dans un engrenage complexe dont je ne parviens pas à trouver l'issue.
Mon cœur bat si fort qu'il semble vouloir s'échapper de ma poitrine, comme s'il voulait crier sa douleur au monde entier. Je suis un être humain, mais on parle de moi comme si je n'étais qu'un objet sans importance. Je sais que Black ferait tout pour me protéger de la mort, mais ma nature humaine me pousse à ressentir une peur sourde et omniprésente.
Je reste immobile, mes yeux rivés sur mon point d'ancrage : Black.
Je ne laisse pas tomber de larmes, je refuse de montrer ma vulnérabilité, de laisser transparaître ma fragilité devant eux. Mais au fond de moi, un désir brûlant s'éveille : je ne veux pas mourir. Je veux vivre pleinement, aimer sans réserve, et découvrir les mystères qui entourent Black. Je rêve de briser toutes les barrières qui enferment son cœur, de pénétrer ce monde obscur qui semble le définir.
Une tension palpable flotte dans l'air, presque suffocante. Le tic-tac incessant de l'horloge murale devient de plus en plus agaçant, chaque seconde s'étirant comme un fil fragile, mettant à l’épreuve ma patience et ma détermination.

L'ombre Qui A  Trouver Sa Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant