L'ombre Qui A Trouver Sa Lumière

Chapitre 26

Black

Je suis au bord de l'implosion. Les mots de mon prétendu père résonnent dans ma tête comme une mélodie macabre, répétée inlassablement. Chaque syllabe est une aiguille qui me pique, m’angoisse. Je me sens piégé, comme un lion en cage, rugissant de frustration. Les regards inquiets de Green et Red ne font qu’ajouter à ma détresse, leurs expressions pleines de compassion me tapent sur le système. Je n’ai pas besoin de leur sympathie, pas maintenant.

Il faut que je prenne un moment pour réfléchir, pour rassembler mes pensées et élaborer un plan d’action. PERSONNE, je le jure, ne touchera un seul cheveu d’Eve ! La menace qu’on lui a faite m’a frappé comme une explosion, un choc violent qui me laisse une boule d’angoisse dans le ventre. C'est insupportable.
Pourquoi cette fille m’affecte-t-elle autant ? L’idée de la voir sous l’influence de mon père m’est insupportable. Pourquoi est-ce que ce besoin de la protéger m’envahit si intensément ? Pourquoi suis-je si possessif envers elle ? Trop de questions sans réponses, un tourbillon de pensées qui m’étouffe.
Je dois agir, je le sais. Me perdre dans mes émotions ne servira à rien. Dans un accès de détermination, je quitte la pièce à toute vitesse, le cœur battant et la colère bouillonnante. Je file vers ma chambre, un sanctuaire où je peux me retrouver, réfléchir et préparer ma réponse à cette menace qui pèse sur Eve.
J’allume mon portable, le cœur battant, et compose le numéro de Mac.

Bip…

Bip…

— Allô ?

La voix bourrue de Mac me tire un soupire discret, un petit réconfort dans ce moment de tension.

— Mac, c’est Black.

Dis-je d’un ton calme.

— Oh, quelle surprise ! Que me vaux ton appel ?

Je prends un moment pour rassembler mes pensées avant de répondre.

— Il faut qu’on parle.

— Et de quoi le petit prince voudrait-il discuter ?

Son ton est taquin, mais je sens qu’il est attentif.

— Le règne du roi doit prendre fin.

Lâché-je, avec une détermination palpable.

— Intéressant…

Il semble réfléchir, pesant mes mots.

— Dis-moi où et quand.

— Demain soir, dans mon club. Viens à minuit.

— Parfait.

Je mets fin à notre conversation, laissant le portable glisser de ma main pour s'écraser doucement sur le lit. La fatigue me frappe de plein fouet, après toutes ces heures de conduite à jongler avec mes pensées. Je m’allonge sur le matelas, la douceur des draps m’enveloppant, et je sens mes paupières se fermer lentement. En un instant, le sommeil m’emporte, me plongeant dans un profond repos, loin des préoccupations qui m’assaillent.

                                ~~

-Maman ! Papa !

Nina, ma nourrice, et moi revenons du parc, le cœur léger et les joues encore rosies par le soleil. Après m'avoir récupéré à l'école, elle m'a fait la surprise de m'acheter une glace qui fondait délicieusement dans ma main. Nous avons joué pendant des heures, riant et courant, mais maintenant, j'ai hâte de retrouver maman et papa.
Dès que j'ai enlevé mes chaussures, je me précipite à l'intérieur, le cœur battant d'excitation. Je dois vérifier si ma maman est déjà là. Aujourd'hui est un jour très spécial : c'est mon anniversaire ! J'ai enfin 6 ans ! Ma maman, qui est maîtresse dans une école primaire, rentre généralement peu après moi, et comme j'ai passé une heure à m'amuser avec Nina, j'espère qu'elle m'attend avec impatience.
Mon papa, lui, m'a promis qu'il prendrait sa soirée juste pour moi. Je me souviens de ses paroles réconfortantes : « Les méchants ne peuvent pas me priver de passer du temps avec mon fils le jour de son anniversaire. » Il est policier, et un jour, je rêve de devenir comme lui. Pour moi, il est le plus fort des papas ! Et ma maman, c'est la plus merveilleuse ! Sa douceur est incomparable, et son sourire me remplit de fierté.
En entrant dans le salon, je la retrouve assise sur le canapé, plongée dans la lecture de quelques feuilles de papier. À cet instant, un immense bonheur m'envahit.