Chapitre 48

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Eve

Je sens les ténèbres m'engloutir, et Black me pousse sans remords, comme un prédateur savourant sa proie. Il me voit tel que je suis, et cette révélation me fige. Oui, je suis dépravée, folle, pourrie jusqu'à la moelle. Chaque fois que j’ai été témoin de sa violence, qu'il tue, frappe, ou torture, j’ai adoré chaque instant.
Une passion brûlante m’enveloppe, me poussant à vouloir participer, à lui sauter dessus et à le rejoindre, à côté de la victime. C’est une descente vertigineuse vers la damnation. J'ai essayé de rester dans la lumière toute ma vie, de jouer le rôle de la fille bien sous tous rapports, mais avec le temps, cette illusion devient insupportable, une hypocrisie que je ne peux plus supporter.
Combien de fois ai-je rêvé de torturer et tuer mes agresseurs ? Des nuits entières passées à m'endormir avec un sourire tordu, bercée par des visions affreuses et sadiques.
Et maintenant, comment résister à lui alors qu'il est si près, à un souffle de moi ?
Son souffle chaud balaye mes cheveux, sa sueur se mélange à ma peau, et l’odeur métallique du fer qui l’enveloppe m’enivre. Ses yeux, empreints de folie, m’aspirent, me coupant le souffle. Sa main autour de ma gorge me fait perdre la raison, et un frisson d’excitation se propage entre mes cuisses, tandis que le manque d'oxygène efface les dernières barrières de ma lucidité.
Mes mains, guidées par un désir irrépressible, s'agrippent à sa nuque, et je plaque mes lèvres contre les siennes, dévorant ce moment. Je le goûte, je le ressens avec une intensité dévorante. Il répond à mon baiser avec une fougue sauvage, une possessivité qui me fait gémir d’extase. Nos langues s’entrelacent, nos dents s'entrechoquent, et, emportée par ce tourbillon, je mords sa lèvre inférieure, savourant le goût cuivré qui en émane.
Il gronde, une colère animale, avant de me repousser violemment contre le mur, sa main toujours serrée autour de ma gorge. Le choc dans mon dos me procure une douleur euphorique, un mélange de souffrance et de plaisir qui m'électrise. Il me prend tout : mon souffle, mon oxygène, mon corps, ma raison, et mon cœur.
Et je lui cède tout, sans hésitation. Je lui offre mon obscurité, prête à plonger dans l’abîme à ses côtés, où la lumière ne peut plus nous atteindre.
À bout de souffle, nous nous séparons dans un ultime fracas de sucions indécentes, un bruit à la fois désespéré et électrisant. Mes yeux papillonnent, comme s'ils s’éveillaient à une réalité nouvelle, et des étoiles dansent devant moi, éclats scintillants d’un univers inexploré.
Soudain, il me relâche d’un coup, conscient qu’il maintenait encore mon cou dans une étreinte à la fois possessive et sévère. Le froid s’invite là où sa paume était chaude, et instinctivement, je saisis sa main, la ramenant vers ma gorge, comme un naufragé cherchant un point d'ancrage dans l'immensité des vagues.
Son regard trahit une surprise, un questionnement silencieux, mais je n’ai d'autre désir que de sentir sa chaleur sur ma peau, cette douce brûlure qui me rappelle qu’il est là, présent et à moi. J'aspire à ce qu'il m’embrasse encore, à ce qu’il me prenne dans ses bras pour toujours, comme si nos âmes s’étaient entrelacées dans un ballet éternel.
Je veux qu'il continue à me donner son souffle, que sa bouche se pose sur la mienne, que chaque échange d'air soit une promesse silencieuse. Car aujourd'hui, je  suis morte de sa main, étrangler par la vérité , et pourtant, je renais de ses lèvres, de ce baiser chargé d’ombres et de ténèbres, une résurrection dans l’obscurité, une danse entre la vie et la mort, entre le désir et la perte.

— Qu'est-ce qui se passe, mon ange ?

Sa voix rauque s'immisce en moi, provoquant un frisson qui me fait recroqueviller les orteils et contracter l’utérus dans un tourbillon de désir. Nos regards se percutent, se dévorent, comme des prédateurs en chasse. Nos souffles se mêlent, créant une atmosphère chargée d’électricité, une tension palpable qui semble vibrer à travers la pièce.

Une larme solitaire glisse sur ma joue, symbole d'un tourment plus profond, et il s'approche, sa langue effleurant ma peau pour en boire la douleur. Je pousse un petit gémissement sous ce geste, et son torse se soulève d'un rire silencieux, un écho de complicité troublante.

L'ombre Qui A  Trouver Sa Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant