Chapitre 31

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Black

Je me tiens là, pétrifié comme un idiot, regardant mon lapin guider Green à l'intérieur de la maison. La scène est à la fois absurde et dérangeante, mais ce n'est pas ce qui me préoccupe le plus. Les mots venimeux d'Eve flottent dans mon esprit, se répétant inlassablement, résonnant comme un écho douloureux contre les parois de ma conscience embrumée. Chaque phrase me heurte, me laissant sous le choc, comme si elles cherchaient à me détruire de l'intérieur.
Quand j'ai vu ces deux-là s'enlacer, une colère dévastatrice, rouge et brûlante, m'a envahi. À cet instant, mon ami n'était plus qu'une silhouette floue, remplacée par une vision déformée par la rage. Je ne percevais que des mains qui entouraient et touchaient celle que je chérissais comme un trésor.
Je ne voyais qu'un nez et un menton posé sur l'épaule de mon ange, capturant son odeur douce et enivrante qui m'avait fait chavirer. Tout le reste s'effaçait ; je ne remarquais qu'un corps collé, pressé contre celle qui me rendait fou. Elle était à la fois mon salut et ma perte, ma déesse et ma reine, l'étoile brillante dans mon ciel assombri. Elle était MON TOUT, et la simple vision de cette proximité me plongeait dans un océan de désespoir et de rage.
Accablé et désemparé par ce tumulte insupportable, je sens mes jambes céder sous le poids de la violence des émotions. Mes genoux s'écrasent contre l'herbe fraîche, et dans un élan de rage désespérée, mes poings s'abattent sur la terre, soulevant des éclats de sol et de poussière. À cet instant, je deviens vulnérable, comme un enfant perdu, et la colère qui m'envahit ne fait qu'accentuer mon sentiment d'impuissance. Je me maudis silencieusement pour cette faiblesse qui me ronge.
Je continue de frapper le sol avec une intensité sauvage, mes mains se teintant peu à peu d'une couleur vermeille, vestige de ma douleur et de ma colère. Pourtant, cela ne suffit pas à apaiser le tourbillon qui gronde en moi. Dans un cri primal, je hurle si fort que j'en suis sûr, tout le pays doit m'entendre. C'est un cri de désespoir, un appel à l'aide, une libération de toutes mes frustrations accumulées.
Je laisse mes émotions s'exprimer sans retenue, et dans ce déferlement, je sens un vide glacial s'installer autour de moi, comme une brume apaisante qui calme les battements erratiques de mon cœur meurtri. Mes respirations deviennent de plus en plus faibles, et lentement, je relève la tête, sans bouger le reste de mon corps, contemplant le ciel immense au-dessus de moi. Les nuages flottent lentement, indifférents à ma souffrance, et ce spectacle me rappelle que, malgré tout, la vie continue, même dans la tourmente.

Eve

Après le discours poignant de Green, je me dirige vers la terrasse, le cœur lourd, et mon regard se pose au loin, où je distingue Black. Une douleur sourde s'empare de moi en voyant la scène qu'il offre. Ses poings s'acharnent contre un objet invisible, ensanglantés par l'impact, et chaque hurlement qu'il pousse me fait sursauter, me brisant un peu plus à chaque fois. La puissance de sa colère résonne en moi, comme un écho de ma propre souffrance.

Sa tête est relevée vers le ciel, comme s'il lançait une prière désespérée, et cette image me foudroie sur place. C'est trop, tout cela est insupportable. La culpabilité me ronge, me grignote de l'intérieur, me laissant un goût amer dans la bouche. Je sais que je suis en partie responsable de ce qu'il ressent, et ce poids est écrasant.

Avant que je ne m'effondre complètement sous le poids de mes émotions, je me détourne et retourne vers Green, cherchant refuge dans sa présence. La fin de l'après-midi s'étire lentement, chaque minute semblant interminable, et je n'ai pas revu Black ni Red depuis cet instant dévastateur.

À côté de moi, Green semble aller mieux, une lueur de réconfort dans ses yeux. Nous passons nos heures à regarder des émissions stupides, à rire de banalités, comme si cela pouvait effacer la douleur ambiante. La nuit finit par tomber, un manteau d'étoiles et de ténèbres s'étendant au-dessus de nous, enveloppant le monde dans une obscurité apaisante, mais je sais que les tourments restent bien présents, dissimulés sous cette façade tranquille.

L'ombre Qui A  Trouver Sa Lumière Où les histoires vivent. Découvrez maintenant