L'ombre Qui A Trouver Sa Lumière

Chapitre 33

Black

Alors que nous gravissons les escaliers menant au bureau de Mac, je ne peux m’empêcher de jeter un dernier regard furtif à Eve. Un pressentiment sourd me noue le ventre depuis qu'elle est entrée dans le salon, vêtue de cette tenue qui ne laisse que peu de place à l'imagination. Ce n’est pas seulement sa tenue qui m’inquiète ; c’est aussi le regard déterminé qu’elle affiche depuis ce moment. Il y a une lueur de colère dans ses yeux, une intensité qui ne me plaît guère. Je sais pertinemment que la détermination couplée à la colère n’augure rien de bon.

Cette situation me rend fou et me distrait, et Red, qui marche à mes côtés, semble le remarquer. Son regard insistant scrute mon visage, cherchant à déceler si je suis prêt pour ce qui nous attend. Je lui fais un léger signe de tête, un geste  pour lui signifier que je suis opérationnel et concentré. C’est un mensonge, bien sûr ; une partie de moi reste accrochée à l’image d’Eve.
En arrivant devant la porte du bureau, je n’hésite pas une seconde à l’ouvrir sans frapper. Les règles de bienséance, habituellement si importantes, me semblent dérisoires en cet instant ; j’ai bien trop à faire pour me soucier des convenances. En pénétrant dans la pièce, je suis frappé par sa taille impressionnante et son atmosphère à la fois luxueuse et décadente.

Des canapés en cuir noir sont disposés avec soin contre un mur, orientés vers une immense vitre teintée qui offre une vue plongeante sur la piste de danse en contrebas, où les lumières clignotent au rythme de la musique. Au centre, une table basse est chargée de bouteilles d’alcools variés – des étiquettes prestigieuses côtoient des marques plus obscures – ainsi que de petits sachets de poudre blanche, témoins d'une fête sans limites. Un bureau, encombré de plusieurs écrans de surveillance, se dresse juste en face de la porte, comme un rempart entre le monde extérieur et cet antre de vice.

Mac est là, affalé sur un des canapés, affichant une nonchalance déconcertante. Ses jambes sont écartées, occupant l’espace avec une désinvolture arrogante. Une jeune femme, presque entièrement dénudée, se frotte contre lui avec une insistance troublante, son corps ondulant au gré des pulsations de la musique ambiante. Dans sa main, Mac tient un énorme cigare, la fumée s'échappant en volutes opaques, se mêlant à l’arôme déjà entêtant des substances illicites qui flottent dans l’air. Autour de lui, ses complices semblent perdus dans une ivresse collective, s’enivrant d’alcool et s’enfonçant dans les délices de la cocaïne, leurs rires et leurs cris résonnant comme une célébration de leur propre décadence.

Quels bandes de trous du cul...

Alors que je pénètre dans la pièce, suivie de Red, un silence glacial s'installe, brisant d'un coup les discussions animées qui résonnaient quelques instants auparavant. L’atmosphère devient lourde, chargée d’une tension palpable. Je ne me laisse pas distraire par ce changement et me dirige directement vers la vitre, curieus de voir ce qui se déroule de l’autre côté.
Mes yeux se posent rapidement sur Eve et Green, postés au bar, attendant leur tour pour passer une commande. Je réprime un soupir, conscient de la situation, puis je fais volte-face pour examiner l’assemblée qui m’observe avec une intensité presque déconcertante. L'air est chargé d'une tension électrisante, et je prends un plaisir sournois à savourer chaque seconde de cet instant, comme si je délectais un bon vin.
Mes yeux parcourent les cinq hommes, scrutant leurs expressions, avant de me fixer sur Mac. Nous entamons un duel silencieux, une joute où chacun essaie de deviner les intentions de l’autre. Un rictus amusé se dessine sur mes lèvres en voyant les regards de ceux qui m'entourent. S'ils croient vraiment avoir la moindre chance de me manipuler, ils font preuve d'une naïveté désarmante. Si leur intention est de rivaliser dans un jeu de pouvoir, ils risquent d'être rapidement désillusionnés.
Mac, dans un geste brutal, claque les fesses de la femme qui se déhanche sur lui, la renvoyant vers la sortie comme si elle n'était rien d'autre qu'un simple objet. Son mépris est palpable. Une fois qu'elle a disparu, son regard se recentre sur moi, le défi s’intensifiant dans ses yeux.