Transcendance

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Je suis bloqué entre les jambes de ma petite amie. Ses membres me cadenassent le torse ainsi que mes deux bras le long de mon corps. Je ne peux ni amener mes mains vers la tête ni me débattre avec mes jambes. Sa prise digne d'un live de catch m'a fait basculer dans le lit et mes jambes sont dans le vide au-dessus de son lit.

Ma tête quant à elle est dans sa chaussure encore chaude et remplie par sa chaussette humide de quatre jours. Le tout contre la couette du lit ce qui permet à Camille de simplement appuyer sur ma tête et sa chaussure pour être certaine que je sois coincé. Et maintenant qu'elle a serré ses jambes, je n'ai plus le choix d'inspirer. C'est sentir ça, ou mourir.

J'aurais préféré ne pas me retrouver dans cette situation

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J'aurais préféré ne pas me retrouver dans cette situation...

Je décide donc d'inspirer par la bouche. Je me dis que ce sera toujours mieux que le nez. Mais l'expérience est tout de même terrible. Déjà, l'air est restreint et chaud dans sa basket. C'est comme inspirer de l'air dans un sauna, on a l'impression de ne pas pouvoir respirer tellement il faut chaud et humide. C'est exactement pareil.

Qui plus est, ma bouche se met à me piquer de partout, surtout dans le fond de la gorge. Je n'arrive pas à me l'expliquer. Je prends alors une seconde inspiration par le nez. C'est tout aussi terrible. Respirer par là me brule moins la gorge. Mais ça m'anesthésie instantanément le nez. Des frissons me parcourent l'intérieur de mon propre corps, principalement dans les poumons, et je me mets à tousser énormément.

Camille : Rien à foutre si tu claques. Fallait pas ruiner mon pied !

Moi : Libère-moi Camille ! Je ferais ton pied ! Là je n'ai pas assez d'air.

Camille : Rien à faire. Survis dans ma chaussure si tu y arrives !

Les bouffées d'air suivantes sont de pire en pire. J'alterne la bouche et le nez mais rien à faire. J'ai les lèvres ultra-sensibles, la langue qui salive énormément, la gorge qui me gratte, je ne sens plus mon nez. Et j'ai l'impression de pouvoir sentir son odeur jusqu'au fin fond de ma poitrine tellement c'est puissant. C'est comme « sniffer » une rivière de poivre, mais avec une odeur de pied. C'est la meilleure description possible.

Si je dois parler de la sensation ressentie sur le reste du corps. Mes mains et pieds deviennent froids, j'ai des sueurs glacées de partout. Je sens mon cœur battre énormément. Et je me débats inutilement le plus possible. Mais tout devient de plus en plus confus.

Camille : Allez, tu faiblis déjà. Vraiment une merde. Fallait pas venir si tu ne sais pas encaisser.

Moi : Comment... comment ça ?

C'est vrai que ce sentiment de givre qui me remonte les membres jusqu'à mon torse me fait trembler et me calme. Je n'arrive plus à me débattre.

Camille : J'ai ce qu'on appelle une hypersudation plantaire. En gros, je produis plus que n'importe qui des pieds.

Enfin une explication de pourquoi ses pieds luisent souvent comme si on avait mis un produit de massage ! Camille est unique en son genre

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Enfin une explication de pourquoi ses pieds luisent souvent comme si on avait mis un produit de massage ! Camille est unique en son genre. Elle a transformé ce que n'importe qui prendrait pour un handicap comme un véritable fantasme !

Moi : Oh non...

Camille : Et là. Tu te prends une dose tellement forte pour tes sens que ton cerveau se met en pause.

Moi : Mais...

Camille : Tu vas t'endormir. Et j evais te faire respirer ma basket-chaussette jusqu'à ce qu'elles soient sèches.

Moi : Camille, tu ne peux pas. Je sens ta chaussette touchée mon nez, elle n'est pas humide. Elle est trempée. Et ma respiration humidifie ta chaussure qui est close avec ma tête ! C'est un cycle sans fin.

Camille : Ainsi donc tu resteras comme ça à jamais alors. Bonne nuit, mon pauvre petit ami.

Je n'ai plus la force de me battre. Je n'ai la force qu'à respirer doucement. Et ressentir qu'à chaque inspiration, mon énergie faiblit et son odeur devient de plus en plus forte.

Moi : Pourquoi ça sent de plus en plus ?

Camille : Car les particules de mon pied dans ma chaussette et chaussure viennent inonder ton nez et l'ensemble de tes poumons à mesure que tu respires. La prochaine fois, tu viendras me lécher les pieds sans que je le demande.

Le son de sa voix se fait lointain. Embrouillé. Il fait tout noir. Est-ce que je ferme les yeux ? Ou suis-je aveuglé par la force invasive de sa chaussure ? Ma pensée déjà floue devient paralysée. Et je finis par ne ressentir plus qu'une dernière chose. Son odeur. Tous mes sens se sont coupés, je ne bouge plus, je n'entends plus, je ne vois plus. Mais je la sens toujours.


PS : Je crois que son pied était tellement fort. À être autant resté dans sa chaussure et chaussette. Que le niveau extrême d'odeur dégagée surpasse même le sommeil ou l'évanouissement. J'ai vécu un moment de flottement, qui a duré clairement des heures, où j'ai ressenti chaque bouffée d'air une par une alors que je ne pouvais plus rien faire.


Par moment, dans un éclair de lucidité. Je me disais « quand vais-je revenir à moi », mais mon nez et ma bouche étaient encore et toujours dans cette chaussure et contre sa chaussette. À alimenter un écosystème propre à elle et à mes poumons. Je ne forme qu'un avec elle.  

  

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Ses pieds m'ont changéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant