Chapitre 22

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Le grand immeuble dans lequel je me suis déjà retrouvé me fait face, m'oppressant légèrement la poitrine tellement il est haut. Je n'arrive pas à croire que James habite ici. Je n'arrive pas à croire qu'il m'ait invité pour le petit-déjeuner. Chez lui.

Je dois me rappeler maintes fois que je le fais pour mes parents, pour Lyzzie. Rien de personnel ne va arriver aujourd'hui. Ni dans le futur.

Pour la énième fois ce matin, je soupire. Sans me laisser le temps de me poser plus de question, je pousse la porte et fais signe au portier. Il me sourit, apparemment prévenu de ma visite. Le garde du corps qui se trouve devant la porte de l'ascenseur me fait lui aussi un geste de salutation, avant d'appuyer sur le bouton de l'étage de James, comme si je n'en étais pas capable seule.

Un sourire poli étire mes lèvres malgré la colère qui monte en moi. Je n'ai pas cinq ans non plus, je sais appuyer sur un bouton d'ascenseur ! Je ne sais pas comment James fait pour supporter tout cela, il doit se sentir tellement... Oppressé. Infantilisé, même. Et encore, lui n'a pas à se demander si on fait tout cela parce qu'il est une pauvre femme sans cervelle ni défense.

Alors que mes pensées coléreuses se poursuivent dans ma tête, j'entends le tintement familier de l'ascenseur arrivant au bon étage. Les portes s'ouvrent lentement et, devant moi, la grande entrée menant chez James.

Le dernier garde du corps du leader se trouve devant la porte, debout et droit comme un i. Il ne bouge pas d'un centimètre lorsque je me présente devant lui, ne me jette pas même un regard. Bien. Ce comportement, ça me va !

Je n'ai même pas le temps de sonner que déjà la porte s'ouvre en grand et un beau et charmant James apparaît dans mon champ de vision. Il a un sourire resplendissant au visage, ses cheveux sont légèrement ébouriffés et ses smokings ont laissés place à un polo bleu marine et un pantalon de toile beige.

— Bienvenue dans mon humble demeure, Mademoiselle Daleray.

Il s'écarte de la porte, sans pour autant la lâcher. J'aime le voir comme cela. Détendu. Il me rappelle d'ailleurs mon idée de vidéo, que je ne lui ai pas encore exposé. Mon équipe bosse pourtant dessus, avec Lyana, depuis une bonne semaine. Il serait peut-être temps de lui en parler, non ?

Ce sera pour plus tard.

Pour le moment, j'observe tout ce qui m'entoure avec avidité, voulant retenir chaque détail. Si nous sommes malins, nous tournerons dans son salon. C'est la pièce la plus chaleureuse mais également la moins personnelle. James n'aura ainsi pas sa vie étalée sur les réseaux sociaux, mais simplement un bout de son quotidien. Mes yeux se posent sur une longue table de bois clair, et dessus de nombreux plats sont exposés. Parfait ! Il pourra y avoir la même mise en scène, sur l'une des séquences. On invitera quelques-uns de ses amis, on les filmera en train de rire, de discuter. De vivre comme tout le monde, tout simplement.

— Nous allons manger ici, si cela vous va. La plupart des plats ont été fait maison. Par mon chef, pas par moi bien évidemment. On risquerait plutôt l'empoisonnement, sinon. Le reste vient de la boulangerie exquise qui se trouve en face. Asseyez-vous, je vous en prie.

Tout en disant cela, James me tire une chaise. Sa paume se pose sur mon épaule une fois assise et la presse doucement. On pourrait croire qu'il cherche à me donner du soutien, avant de me poignarder avec de terribles nouvelles.

Lorsqu'il enlève sa main, une vague de froid m'envahit. Est-ce son départ ou mon stress qui me fait réagir ainsi ? 

— Alors ?

Il me tend une assiette remplie de fruits de toutes sortes et me fait signe de me servir dans n'importe quel plat qui me plait. Autour de nous, il y a tellement de nourritures, je ne sais plus où donner de la tête.

Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant