Chapitre 27

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Drizzle, Lucas et Kate sont tous les trois au bureau lorsque j'arrive. Si j'ai commencé du mauvais pied avec la première, je m'entends maintenant néanmoins très bien avec les deux autres et je ne me prive pas de leur sourire dès mon entrée.

Il n'est pas compliqué de comprendre que la journée va être chargée, au vu des nombreux dossiers que je traine sous le bras. Mes collègues redressent d'ailleurs la tête et posent ce qu'ils sont en train de faire pour venir m'aider.

Tous, sauf Drizzle, qui continue de scroller sur son téléphone.

— Tiens, puisque tu ne fais rien, tu veux bien aller nous prendre un café, à tous ? Merci.

Depuis que j'essaye d'arrêter l'alcool, toute mon attention se rabat sur le café. Plusieurs réunions des alcooliques anonymes sont passées et, j'ai de plus en plus de bons réflexes. 

Celui-ci n'est peut-être pas le meilleur mais il me permet de tenir ! 

Je ne laisse pas l'occasion à Drizzle de répliquer et lui montre la porte du menton, tout en distribuant aux autres les documents que j'ai ramenés. Ce sont toutes les archives concernant la communication de James, desquelles nous allons partir pour orienter notre campagne.

C'est d'ailleurs ce que j'explique à Kate et Lucas, après avoir remis de l'ordre dans mes cheveux.

— Voilà ce que nous avons fait. Voilà ce que nous ne voulons plus faire. C'est bien compris ? Tout ça, c'est du passé. Nous sommes jeunes, nous sommes nouveaux, nous ne voulons rien qui ressemble à avant.

— Donc, vous voulez que...

— Qu'on oublie tout ça. Ou plutôt, qu'on étudie tout ça, pour ne pas le refaire.

— Fastidieux, soupire Lucas.

— Essentiel, répond Kate dans sa barbe.

Je souris et lâche un « exactement » en montrant ma collègue de la main. Elle a compris, elle.

Je m'apprête à reprendre mes explications, quand les cafés arrivent. Cette fois, le mien est là, entier, au même titre que les autres. Drizzle aurait-elle enfin connecté ses deux neurones pour me voir comme la figure d'autorité ? Commencerait-elle à me respecter ?

J'en ai l'espoir, en tout cas.


La matinée passe à une vitesse folle, alors que nous analysons tous ensemble les supports publicitaires, marketing et communicationnels de James. Tout y passe. Les affiches de campagne, les programmes, les articles dans la presse... Rien n'est épargné, car rien ne doit l'être. Il faut que nous soyons précurseurs.

Voilà pourquoi nous tombons sur des formats plus interactifs, que nous évoquons des vidéos, des rencontres avec des journalistes plus jeunes et surtout moins de notre bord politique. Il est grand temps de faire bouger les choses.

— J'en parlerai à James. Vous avez eu de super idées, vraiment.

— James ?!

Drizzle s'est presque étranglée en prononçant le prénom du Président. Elle a été tellement surprise que tout son visage est devenu blanc. Je ne vois pas le problème mais, apparemment, il est sacrément gros. Pourtant, je ne crois pas avoir fait quelque chose de mal.

Dans mon sac, mon portable vibre. J'aimerais me pencher dessus mais ma collègue m'interrompt dans mon geste.

— Vous vous appelez par vos prénoms ?! Depuis quand ?

Oh. Ça.

Je hausse les épaules, absolument pas perturbée par cette familiarité. Cela fait déjà des mois qu'il m'a demandé cela. Il n'y a donc rien de particulier à dire à ce sujet. En tout cas de mon côté, car Drizzle, elle, semble bien partie pour en faire tout un plat.

Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant