Chapitre 45

17 3 4
                                    

— Je veux tout ce que vous pouvez me trouver sur Marise Snavelly, dis-je en entrant dans le bureau, accompagnée d'Andrew et Chris. Le bon comme le mauvais. Surtout le mauvais, en fait.

Pas le temps de s'appesantir sur mon retour, nous avons des affaires plus urgentes à régler. Néanmoins, les têtes se tournent vers moi, un moment de flottement me répond. Lucas est le premier à réagir.

Il tape dans ses mains, sans se préoccuper de mes raisons - ni de ceux qui m'accompagnent -, se lève d'un bond et attrape son ordinateur posé en équilibre sur une tonne de dossiers. Le brun a toujours été le plus rapide à comprendre. Il ne connaît peut-être pas le fond du problème mais il sait que ces recherches seront, dans tous les cas, importantes pour la campagne.

Contrairement à Drizzle, qui reste figée. Bras croisés, je la dévisage, dans l'attente. Que veut-elle de plus ? Me réclamer des comptes ? Se détourner de mes requêtes ? Ce n'est pas ce que j'attends d'elle.

A ses côtés, Kate ouvre la bouche pour murmurer :

— Vous êtes sûre que nous avons le droit d'enquêter sur Mme Snavelly ? Je ne sais pas si...

Elle s'arrête de parler d'un coup, sans raison apparente. Je penche la tête sur le côté et un léger sourire se peint sur mes lèvres.

Kate a peur des conséquences. Ce qui me motive davantage à poursuivre ma demande. Si elle la craint, c'est qu'il y a une raison. Et je compte bien la faire parler. Les faire creuser.

— Ces informations nous serviront pour la campagne du Président Jones. Ne t'en fais pas, nous avons sa permission.

Je me détourne, prête à m'installer au bureau, quand une nouvelle question interrompt mon mouvement.

— Vous allez bien ?

Surprise par la question de Lucas, je ne peux retenir une grimace pour réponse. Revenir ici, après Marco Rivera, a été une épreuve plus facile que je ne me l'imaginais. Je suis passée suffisamment inaperçue dans le hall et les couloirs et je suis donc parvenue à éviter la question qui fâche.

Mais, avec mon équipe, la conversation ne peut pas mener à un autre sujet. C'était évident.

Chris tente de s'interposer, comme si sa présence pouvait faire ricocher les questions, mais cela ne me sort pas de la situation. Je prends donc une grande inspiration puis souffle : 

— Je veux mettre cette épreuve derrière moi. La justice sera faite, et vous y aiderez, c'est certain. Mais pour cela, j'ai besoin que vous vous mettiez au travail.

— Pourquoi des informations sur Snavelly aideraient pour l'affaire Rivera ?

Bien sûr.

J'aurais dû me douter que Drizzle s'engagerait dans la brèche.

Quand mes yeux se posent sur elle, il n'y a plus la moindre trace de sympathie sur mon visage. J'ai beau être capable de masquer mes émotions, je n'en ai aucune envie quand il s'agit de traiter avec elle. Je la laisse donc découvrir le peu d'entrain que j'ai à lui répondre.

— Il a reçu une balle dans la tête au moment où il accusait Marise Snavelly d'être à l'origine de plusieurs meurtres. Dont celui de son ex-mari.

On pourrait entendre une mouche voler.

Les coups d'œil s'échangent, la pièce se charge de négativité. Si le soleil ne brillait pas terriblement fort, je croirais que l'apocalypse est arrivée. C'est sûrement la première fois que j'arrive à faire taire Drizzle.

Malheureusement, ce n'est pas grâce à ma répartie mais à cause d'une terrible nouvelle. Que je dois maintenant développer.

— Rivera et moi avons dîné ensemble car je savais qu'il avait vu mon père quelques jours avant sa mort. Drizzle m'en avait fait vaguement part mais le Président Jones m'avait déjà informé de cela il y a plusieurs semaines. La Police pensait qu'il y avait une piste à creuser. C'était visiblement le cas puisqu'on a fait taire Rivera avant qu'il ne puisse trop en dire.

Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant