Chapitre 47

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J'ai un affreux mal de crâne quand j'ouvre les yeux. Pas celui que l'on peut soigner avec de la menthe poivrée sur les tempes mais plutôt celui qui nécessite un passage à l'hôpital, si j'en crois le liquide visqueux que je sens couler dans mon dos.

Alors que je souffle sur la mèche qui me barre le visage, je commence à prendre conscience de ce qui m'entoure. Ou plutôt, de ce qui ne m'entoure pas.

Les murs sont lisses. Les fenêtres sont teintées. Il y a une chaise face à moi. Et... 

C'est tout. 

J'ai beau chercher, à part la porte au fond de la pièce, il n'y a rien d'autre. Des voix me parviennent néanmoins, me prouvent que je ne suis pas abandonnée au milieu de nulle part.

Serait-ce mieux ? Peut-être, vu comme les liens dans mon dos sont resserrés. J'arrive à peine à bouger, ni même à m'éloigner du sol sur lequel je suis allongée. Il me faut plusieurs essais pour parvenir à me redresser et ce n'est que dans cette position que je comprends. Ils m'ont attachée les pieds avec les poignets.

Un grognement m'échappe et les voix se taisent. Je viens d'indiquer à mes bourreaux que je suis réveillée. Super.

Il ne leur faut pas longtemps avant de me rejoindre dans la pièce où je suis enfermée. Marise Snavelly, sans surprise, est la première à entrer. Elle dénote avec l'endroit, vêtue de son pantalon droit et sa chemise en soie. Mais, rien qu'au sourire qu'elle arbore, je change d'avis. Le lieu lui correspond parfaitement. Elle représente bien la psychopathe capable d'enfermer des innocents dans des appartements vides, dans le but de les assassiner.

— Syntara Daleray. L'oiseau envolé. Tu sais, on a mis du temps à t'attraper.

Je ne sais pas qui englobe le « on » mais je suppose que l'homme qui se tient derrière elle en fait partie. Il n'a pas l'air ravi d'être là, son visage semblable à une porte de prison. Soit il n'a pas envie de se salir les mains, soit il veut au contraire si coller tout de suite et Snavelly le retarde.

Dans tous les cas, la longue cicatrice qui lui barre la joue ne présage rien de bon. Son regard assassin non plus.

Et, malheureusement, le couteau papillon qu'il tient dans la main, encore moins.

Je relève lentement les yeux vers lui, alors que mon cerveau se déconnecte petit à petit. C'est aujourd'hui que je meure. Sous la main du meurtrier de mes parents. De l'assassin de Lyzzie. Finalement, je les aurais suivis.

Presque sept ans après, certes, mais je les rejoindrai de la même manière.

— On ne va pas te tuer aujourd'hui. J'ai un meeting auquel assister. Ce serait bête que je manque ton départ. Dimitri va te surveiller, le temps que je revienne. Et quand tout sera fini, on pourra s'occuper de toi.

A l'écouter dire ça, je comprends que cela fait déjà deux jours que j'ai été enlevée. Je ne pensais pas avoir été inconsciente aussi longtemps, surtout avec un simple coup à l'arrière de la tête. J'ai forcément eu autre chose.

— Remets lui une dose, Dimitri. Je ne veux pas qu'elle fasse de bruit. Si elle y passe, tu m'appelles. Je contacterai les nettoyeurs.

J'ai à peine le temps de me débattre, de lui crier le fond de ma pensée que Snavelly est déjà partie. Elle laisse simplement trainer derrière elle son affreuse odeur de lilas.

Ainsi que son chien de garde, qui commence déjà à s'avancer. De l'arrière de son jean, il sort une seringue, remplie d'un liquide transparent. J'aimerais échapper à sa poigne mais, à part tomber sur le côté dans la précipitation, je ne parviens pas à aller bien loin. C'est peine perdue, Dimitri est déjà sur moi quand je me mets à hurler.

Il plante l'aiguille dans mon bras et injecte le produit. Je m'attends à un effet immédiat mais rien ne se passe. Je regarde donc Dimitri disparaître, sans s'être soucié de moi.

Pourquoi le ferait-il ? Il n'est qu'un pantin dans la collection de Snavelly. Il obéit aux ordres et retourne bien sagement à ses occupations après les avoir exécutés.

Moi, je reste allongée par terre, la tête dans la poussière, à me demander ce qu'il va m'arriver. Que m'a-t-il donné ? Un calmant ? Une drogue hallucinogène ? Pendant un moment, je ne sens rien.

Je finis même par me détendre, malgré la chaleur étouffante de la pièce. Je n'avais pas l'impression qu'il faisait aussi chaud quelques minutes avant. Si seulement la fenêtre pouvait laisser un peu d'air. Cela m'éviterait peut-être d'avoir la nausée...

C'est drôle, je ne me suis pas sentie aussi déphasée depuis plusieurs mois. Depuis que j'ai arrêté l'alcool. Or, en cet instant, j'ai l'impression de m'être enfilée cinq shots de vodka, sans en avoir senti le goût.

Lentement, mes yeux commencent à se fermer. J'essaye encore une fois de me redresser mais plus rien ne semble fonctionner. J'ai perdu toute coordination de mes membres. Comme si...

Le fil de mes pensées s'arrête, et je sombre dans la pénombre.

La fin arrive bientôt ! Tout s'accélère ! J'espère que tu es prête ! Les choses vont empirer !

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Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant