Chapitre 39

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— Peut-être que ça pourrait t'aider. Vois ça plutôt comme une entrée vers ce que tu voulais : avoir plus d'informations sur la mort de ta famille. Ah pas besoin de faire cette tête, je sais que tu as continué de fouiner sans moi.

Lyana referme sa main sur du popcorn, sa poignée faisant trois fois la taille de sa bouche, et enfourne le tout. Je me demande encore par quel moyen elle y parvient mais le résultat est là. Pas une miette sur son tee-shirt.

Je la détaille, juste avant que les lumières ne se tamisent et que nous nous retrouvions dans le noir complet de la salle de cinéma. Peut-être a-t-elle raison. C'est une sorte de coup de pied au cul, prodigué par ma collègue. Je devrais le voir ainsi.

— En tout cas, sache que je ne t'abandonne pas. Je ne veux pas te laisser seule dans cette histoire donc arrête de m'exclure. 

Sans rien répondre, je hoche la tête comme pour lui promettre ce qu'elle demande. Pourtant, je sais déjà que je ne tiendrai pas cette promesse. Je ne veux pas la mettre en danger. Je ne compte pas la laisser être aspirée dans cette spirale. 

Chris ne m'y a pas suivie, Lyana n'en fera certainement pas partie ! 

— Tu m'aides déjà énormément avec les cours d'auto-défense. D'ailleurs, j'adore mon nouveau prof. Tu l'as bien trouvé. 

La musique du cinéma nous coupe. On se tait donc, absorbées par le film qui se joue devant nous. Du moins, Lyana l'est. Moi, toute mon attention est tournée vers une seule et même pensée : Marco Rivera.

Je passe les trois quart de la projection à tourner et retourner ses propos, ainsi que ceux de Drizzle, mais également les informations qui sont à ma portée. A chaque fois, je reviens au même point. Rivera sait forcément quelque chose. Et si je veux avancer, c'est vers lui que je dois me tourner.

Discrètement, je quitte mon siège, puis la salle. Dès que j'ouvre les portes, la vie du cinéma me bondit dessus. Le retour à la réalité est brutal, mais cela me met dans de bonnes conditions pour sortir mon téléphone et composer le numéro que James m'a donné.

Une sonnerie.

Deux.

Trois

— Allô ?

Perdue dans mes mots, je ne réponds rien à Rivera. Il essaye plusieurs fois de me faire parler mais rien n'y fait. Ma tête refuse de fonctionner.

— Bon, j'en ai marre que vous m'appeliez. Les menaces, c'est terminé. Passez à autre chose et arrêtez de me contacter ! Je n'ai jamais rien dit ! 

— C'est Syntara Daleray. J'aurais... souhaité parler de mon père.

Cette fois, c'est au tour de Marco de ne plus répondre. Le silence au bout du fil est tout aussi stressant que ses « allô » répétitifs. Je suppose que nous sommes tous les deux nerveux, puisqu'aucun n'ose reprendre la parole. Il faut pourtant bien qu'un de nous se sacrifie.

En comprenant que ce ne sera pas le journaliste, je me racle la gorge et reprends :

— Je sais que cette histoire doit vous paraître vieille, que vos souvenirs d'il y a six ans, presque sept maintenant, ne sont pas forcément très frais mais j'ai besoin d'aide.

— Non.

— Je vous demande pardon ?

— Non, on ne peut pas faire ça au téléphone. C'est trop risqué. Retrouvez-moi au Quatre saisons, on discutera là-bas.

C'est un chapitre trèèèèès court que je sors aujourd'hui et tu vas comprendre pourquoi ! 

Reste bien accrochée... 

Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant