Chapitre 33

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— Frappe plus fort, bats-toi comme je t'ai appris. Allez, continue, accélère. Dirige tes coups, ne les envoies pas balader comme ça ! 

Chris tourne autour de moi, critiquant tous mes mouvements. Le sac de sable devant moi est déjà en mauvais état, si je continue ce ne sera plus qu'une bouillie.

De mon côté, je ne suis pas en meilleure forme. J'ai mal aux mains, aux bras, aux épaules. Partout. Mais je ne dis rien, je continue de frapper comme il me le demande. La sueur coule sur mon front et je sens mon cœur battre tellement fort dans ma poitrine que je crains qu'il en sorte.

Il ne m'a pas adressé la parole, autrement que pour m'enseigner, depuis que je suis arrivée. Aucun texto, aucun appel. Rien. 

Quelque chose se trame et je suis sûre que c'est à cause de James. 

Mais puisqu'il ne dit rien... 

— Allez, Syntara, mets-y ta rage, ta tristesse. Ou mieux, ton bonheur d'être enfin avec l'homme que tu aimes.

Je tourne précipitamment la tête vers lui et arrête de taper dans le sac. Voilà. On y est. Il est bien stupide, s'il pense avoir lu la vérité entre ces pages d'encre mais je ne peux pas vraiment l'en blâmer. Les photos étaient là, à l'appuie. 

Néanmoins, même si tout cela était vrai, sa jalousie est très mal placée.

Piquée à vif, je le fixe donc d'un air hargneux, prête à sortir les poings. Exactement comme il me l'a appris, pendant tous ces mois à m'entraîner sur ces sacs. 

— Je peux savoir pourquoi tu t'amuses à me dire ça ?

Bras croisés devant ma poitrine, je l'observe s'approcher. Son regard est chaud, comme un verre whisky. On se détaille mutuellement, cherchant la faille de l'autre. Lui la trouvera peut-être chez moi mais, de mon côté, c'est déjà fait.

Il fulmine, à l'idée que j'ai pu donner mon corps, mon cœur, à un autre. Franchement, rien que l'envisager me file des boutons mais je ne peux pas lui dire cela. Il comprendrait que je tiens à lui, ce qui serait particulièrement mauvais pour Chris comme pour moi. Je soupire et essaye de décontracter mes épaules, ma mâchoire. Plus facile à penser qu'à faire, malheureusement.

Surtout qu'il ne dit toujours rien. 

— Chris, il ne faut pas que tu croies tout ce que tu vois, d'accord ? James n'est pas l'homme que j'aime...

— Qui a dit que je parlais de James ?

Dans sa voix vibre une émotion sur laquelle je n'arrive pas bien à mettre le doigt. Tout comme son corps, qui me renvoie des informations disparates, que je ne parviens de toute façon pas à analyser.

Me tournant vers le sac de sable, je me remets en place et recommence à taper dedans. Deux mains se posent sur ma taille. Avant que je n'aie eu le temps de m'écarter, ses hanches viennent se caler contre mes fesses. Un long frisson me secoue. J'aimerais le retenir mais mon corps ne m'obéit plus. A la place, il préfère venir appuyer un peu plus contre Chris.

Très vite, je le sens réagir aux mouvements inconscients de mon bassin. Le gymnase est presque vide mais je sais que nous ne pouvons pas continuer. J'ai déjà envie de lui arracher ses vêtements, le résultat va être indécent si nous poursuivons sur cette voie.

— Qu'est-ce que tu fais ? murmuré-je dans un souffle saccadé.

— Je te replace correctement.

Son murmure vient caresser la peau tendre derrière mon oreille. J'en sursauterais presque si ses mains n'étaient pas fermement arrimées à ma taille.

Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant