Chapitre 28

24 3 3
                                    

Lyana est figée sur sa chaise. Je m'attendais à plus de réaction de sa part mais je suppose que sa bouche pendante est déjà un bon indicateur. L'image que me renvoie le miroir est éblouissante.

Nous avons bien fait de sortir, de faire ces boutiques ensemble, même si je déteste cela. L'attention, le bruit, les remarques désobligeantes des vendeuses à leurs collègues... Tout dans ce système trop rapide me débecte.

Malheureusement, je ne peux pas débarquer en jean et chemise au gala de James. 

Lyana est sûrement la seule à pouvoir être de bon conseil et, la preuve en est, nous venons de trouver la perle rare en moins d'une heure.

Je fais de nouveau un tour sur moi-même et observe la tenue. Il faudra que je passe chez le coiffeur avant la soirée, et que j'appelle de nouveau Lyana à la rescousse pour le maquillage mais je pense qu'avec cette robe je pourrais être couverte de bleus ou avec les cheveux seulement à moitié rasés que je resterais encore magnifique.

C'est l'effet paillettes, ça.

— Tu serais capable d'éclipser le Président lui-même, dans cette merveille.

Je ris, bien que convaincue de la véracité de ses propos. En toute honnêteté, cela ne m'étonnerait pas que tous les regards soient rivés sur moi.

— Chris vient avec toi ? demande-t-elle innocemment.

— Chris ? Pourquoi Chris ?

Je prie pour que mon corps ne me trahisse pas mais, à peine quelques secondes plus tard, je sens déjà mes joues me brûler. Ne plus boire – depuis déjà trois semaines ! – m'a fait perdre beaucoup de ma poker face. Il faut croire que je ne sais pas très bien mentir quand je suis sobre.

Je desserre lentement les accroches de la robe, pour éviter le plus possible cette conversation. Bien évidemment, Lyana n'est pas dupe. Debout, elle m'aide à me débarrasser de tout ce tissu. Ses mains tombent lourdement sur mes épaules pour attirer mon attention.

Ou simplement pour me montrer à quel point elle me trouve stupide.

— Je pensais que vous vous étiez "remis ensemble". Il est ultra sympa avec toi, depuis plusieurs semaines, ça questionne tout le monde. Chris n'a jamais été comme ça avec le moindre de ses élèves.

— Non. On est juste amis. Je lui ai dit ne pas vouloir plus pour le moment. 

— Vous seriez mignons tous les deux. Non, pas mignons. Méga sexy plutôt. Genre tu sais les super couples, que tu imagines capable de baiser dans les toilettes. Vous l'avez fait dans des toilettes ?

Incapable de me retenir, j'explose de rire à cette idée. Le pire, c'est qu'elle pourrait avoir raison. Chris et moi avions bien failli craquer dans les vestiaires du gymnase. Les WC d'un restaurant n'auraient pas été un lieu si surprenant.

Néanmoins, je suis forcée de secouer la tête pour nier. Nous avons été plus que conventionnels.

Je me rhabille donc en lui parlant de ce « nous » qui n'existe pas vraiment mais qui, pourtant, aimerait fleurir. J'évoque notre rencontre, les rendez-vous sans importance, les sms échangés toute la journée... Je passe tout en revue, sauf le plus important. Les menaces.

Lyana serait affreusement choquée, voire terrifiée, si elle apprenait ce que je reçois. D'autres sont arrivées dans ma boite aux lettres, ces derniers jours. Similaires à la première, ces lettres ne contenaient que des détails sordides sur ce qu'il se passerait si je ne lâche pas l'affaire. Ce qui me pousse à les croire de plus en plus vraies. 

Cela n'entache en rien ma détermination à trouver l'assassin. Bien au contraire. Ce n'est qu'ainsi que je pourrais le faire arrêter de me menacer.

— Je veux d'abord aller mieux avant qu'on se mette ensemble.

— Mieux à quel point ?

— Mieux au point de ne plus prendre mes somnifères, de ne plus vivre dans la maison et de ne pas vouloir rejoindre trop tôt le reste de ma famille.

Plus personne ne parle pendant quelques minutes, ce qui me laisse le temps de rassembler mes affaires et de sortir de la cabine, robe sous le bras. Le tissu est tellement bouffant que je me cogne à toutes les personnes que nous croisons.

Lyana me suit à la manière d'un fantôme, blanche et discrète, toujours dans sa tête. J'ai l'occasion de payer, de faire ranger ma tenue, de prendre tous nos sacs et de quitter la boutique avant qu'elle ne reprenne la parole.

— Tu m'avais jamais dit que tu pensais à la mort. Ta mort.

— Parce que c'est quelque chose dont on parle, tu crois ?

— A sa meilleure amie, qu'on a rencontré en thérapie de groupe, oui.

Ma main trouve la sienne dans cette rue bondée et je lui lance un « alors, je te le dis. » dès plus banal. Rien de plus, rien de moins.

Car, aujourd'hui, il n'y plus rien à ajouter sur ce sujet.

Je vais « bien ». Je vais mieux. Et on va continuer comme cela. 

Chapitre court aujourd'hui, donc on enchaîne vite ! 

Le prochain is all glitter and power... 

Viens donc découvrir la suite demain 😏

Et si tu veux me retrouver ailleurs qu'ici...

🎵 Tiktok : @ Louisen.autrice

📸 Instagram : @ Louisen.autrice✨

Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant