Chapitre 12

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Je n'arrive pas à croire que j'ai été prise.

Moi. Syntara Daleray, meuf sans diplôme et dépressive qui a presque tapé un scandale dans le bureau du président.

Pourquoi ? Pourquoi m'a-t-il choisie moi ? Ne s'est-il pas renseigné du tout sur mon compte ? S'est-il aperçu de qui il embauchait ?

Je ne crois pas...

Mais au pire... ça m'arrange, non ? Le job a l'air dingue. C'est bien payé. Je serais proche des réponses que je cherche tant. Et peut-être qu'enfin, ma vie ne serait plus un cauchemar ambulant.

Allez. Ne nous plaignons pas !

C'est une bonne nouvelle. Une terriblement bonne nouvelle.

« Dispo pour boire un verre ? »

Mon message part en direction de Lyana, juste avant que je me débarrasse de ma tenue guindée. J'ai bien envie d'une girl's night pour fêter mon nouvel emploi. Et puis, il est grand temps que je balaye Chris de mes pensées. Pas parce qu'il n'est pas à mon goût mais bien parce que je ne suis pas du genre à m'intéresser deux fois au même mec. Surtout pas à mon professeur de sport.

Je place donc ma veste en cuir porte-bonheur sur les épaules, attrape mon petit sac doré qui va avec puis me dirige vers la porte d'entrée.

J'ai déjà actionné la poignée quand la réponse de ma meilleure amie me parvient.

Eh merde.

Elle est occupée.

Je vais donc devoir passer la soirée seule. A me morfondre ? Avec mes pilules magiques ? Ou alors dans un bar, accompagnée de mon whisky préféré ?

Hmm...

Allez.

Ce sera la deuxième solution pour ce soir. Pas grave si je suis seule, cela fait déjà six ans que je n'ai plus personne avec moi de toute façon. Que Lyana soit là ou pas, ça ne changera rien à la solitude que je ressens constamment.

Tant que j'ai un peu d'alcool et un bel étalon dans mon lit ce soir... tout va bien.


Les verres sont alignés.

Six vides. Un rempli à moitié.

D'habitude, je joue avec, le fais tourner dans tous les sens avant de le boire mais, ce soir, je m'amuse plutôt à le fixer d'un air morne.

Trois mecs sont venus me parler. Tous plus cons les uns que les autres.

J'aurais sûrement pu marquer mais, étrangement, je n'en avais pas envie.

Moi qui voulais passer une bonne soirée... Tu parles du résultat ! Je ne fête même pas la bonne nouvelle.

Non, à la place, je pense juste au fait que ma meilleure amie m'a abandonnée. Elle aurait dû accepter ! Lyana est toujours dispo. Pourquoi pas ce soir ?! Quand j'ai ENFIN quelque chose de positif dans ma vie ?

— Tiens. Comme on se retrouve. Tu as bien aimé ce bar finalement, hein ?

Un sursaut plus tard, je me tourne vers la voix qui m'est de plus en plus familière. Est-ce un hasard que Chris se trouve ici ce soir ? Ou est-ce moi qui ai manqué de vigilance ?

Il faut croire que c'est plutôt ma faute, puisque je me retrouve ici, dans cet enseigne qu'il m'a lui-même montré quelques semaines plus tôt.

J'aurais dû me douter qu'il était un habitué des lieux.

Et que je le croiserais ce soir...

— Ne crois pas que je suis ici pour toi. Plutôt mourir que de te faire cet honneur.

— Tu sors déjà les dents ? Je me suis même pas encore assis, Syntara. Laisse-moi au moins faire ça.

— Pour que tu t'incrustes ? Non merci !

Son rire me répond, alors qu'il pose ses fesses sur la chaise à côté de moi. Putain, qu'est-ce que j'aime son rire.

C'est à cause de lui que j'ai ouvert les jambes le premier soir. Lui et ses baisers enflammés, je dois l'avouer.

— Tu es là pour une raison ? me demande-t-il en pointant du doigt mes quelques verres alignés.

— Nouveau boulot. Je l'ai décroché cet aprem et je voulais célébrer.

— Seule ?

Je hoche la tête, partagée entre l'envie de me plaindre de Lyana et celle de planter Chris ici.

Si je reste une seconde de plus, je sais que les choses vont déraper. Et je me suis pourtant promis de ne pas retomber dans ses filets.

C'était bon, ce qu'on a partagé. Mais pas au point de ruiner tous mes efforts. Ça fait six ans que je travaille à être seule et sans attache, sauf avec Lyana. Ce n'est pas un stupide rire qui me fera me détourner de mon objectif. Pas même celui de Chris, aussi chaud et réconfortant qu'il soit.

Non, vraiment, je dois me sauver d'ici.

D'un simple geste de la main, je fais tomber dans ma gorge ce qu'il me reste d'alcool. Ça brule et pique. Ça me redonne le sourire et obscurcit mes pensées. Ça me fait oublier.

Tout l'avantage du whisky.

— Gardez la monnaie.

Billets jetés en travers du bar, je m'apprête à quitter mon tabouret quand une main se saisit de mon poignet.

Ses doigts sont chauds. Sa paume est douce. Tout comme les gestes qu'il fait pour attirer mon attention.

On dirait qu'il m'effleure la peau du bout de son index.

Alors que mes yeux remontent vers les siens, je l'entends murmurer :

— Tu es sûre de ne plus vouloir célébrer ?

Et, avec ces mots, tous mes principes s'envolent.

La surprise du jour : deux chapitres pour le prix d'un !

Voire même... trois ? 👀


Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant