Chapitre 14

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— Voici votre équipe, princesse.

James Jones glisse sa main dans mon dos et me pousse vers un petit groupe hétéroclite. Ils sont trois, un jeune homme et deux femmes, de mon âge à peu près, très différentes physiquement l'une de l'autre.

Tous les regards sont posés sur moi et la gêne ne me quitte plus. Ont-ils entendu comment James m'a appelé ? Même moi cela m'étonne. Le seul encore à l'aise est le Président lui-même. Me donner ce surnom lui semble tout à fait normal, apparemment.

Après l'avoir observé quelques secondes, dans l'espoir que mon regard le remette à sa place, je me tourne de nouveau vers mon équipe et leur fait un petit signe de la main. J'aurais pu commencer sur un bien meilleur pied mais mon boss ne me donne pas cette opportunité. 

Il faudra d'ailleurs que je vois avec lui cette histoire de surnom. Vraiment, c'est... Déplacé. Outrageant. Ridicule. Malaisant. 

Bref... tout un lexique pour dire que je refuse de me faire appeler comme ça. 

Et pourtant, je ne dis rien et sourit. Comme une idiote. 

James, toujours dans mon dos, dit d'une voix enchanteresse :

— Je vous présente Syntara Daleray, la nouvelle attachée de presse de notre gouvernement.

Sous son ton, ma mission semble être merveilleuse. On me croirait capable de soulever des montagnes et renverser des dragons. Il n'y a qu'à voir comme mes collègues me regardent pour le croire.

Ils font pourtant la même chose que moi, non ? Ils devraient savoir qu'il y a plus glamour que ce poste.

Ou est-ce seulement mon esprit qui pense ainsi ?

Alors que le Président nous laisse entre nous, je m'avance vers eux et, dans la seconde, le grand jeune homme fait un pas en avant, la main tendue. Je la prends et la sers, tout en le détaillant. Il est brun, maigrichon, même ridicule face à moi qui ne suis pourtant pas bien musclée.

Ses pupilles sont d'un bleu profond, glacial même. J'ai rarement vu un regard aussi pénétrant. Ou plutôt, je l'ai vu beaucoup trop souvent pour pouvoir imaginer que quelqu'un pouvait avoir le même. En effet, l'impression qui se dégage de la lueur de ses yeux ne me fait que penser à celle qui se dégageait du regard de ma petite sœur.

La gorge serrée, j'enlève précipitamment ma main de la sienne et baisse le regard vers le sol, essayant de camoufler mes larmes naissantes. Je n'ai pas intérêt à craquer maintenant. Pas le premier jour. Ni aucun autre jour, d'ailleurs.

Je secoue la tête, inspire une grande goulée d'air puis me ressaisit afin de saluer le reste du groupe. J'essaye de ne pas trop m'attarder sur leur physique, apeurée par le fait de trouver des ressemblances dans leurs physionomies avec celles de ma famille. Mais quand je m'arrête sur la dernière personne du bureau, je ne peux m'empêcher de m'arrêter. Elle arbore un air méchant.

J'arque un sourcil et m'avance vers elle, intriguée. Pourquoi me regarder comme si elle me détestait ? Comme si j'évoquais en elle le plus grand dégoût ? Nous ne nous connaissons pourtant pas. Je préfère néanmoins vérifier, après l'avoir saluée, en lui demandant son nom.

— Drizzle.

Un seul mot. Pas plus. Elle manque cruellement de conversation, pour une communicante. Dommage. Enfin, bon, je ferai avec.

— Très bien, ravie de faire ta connaissance Drizzle.

— Je ne peux pas en dire autant.

Arquant un sourcil, je la regarde froidement. Derrière elle, le seul homme de l'équipe fait un pas vers nous pour passer ses mains autour de ses épaules. Ils ne doivent pas être habitués à se toucher ainsi, vu comme elle sursaute sous ses paumes. Sur lui aussi, elle darde des yeux gelés.

— Hey Drizzle, si tu allais euh... Faire un tour et te chercher un café par exemple.

Je me racle la gorge, gênée par ce premier problème, seulement cinq petites minutes après mon arrivée. Il n'y a vraiment aucun sens à cette conversation, qui n'en a d'ailleurs pas été une. Qu'ai-je donc pu faire pour attiser ainsi sa haine ?

— Elle voulait votre poste depuis longtemps. Et, avec Monsieur le Président Jones, les choses sont un peu... électriques

— Merci. Pour ce que tu viens de faire, ...

— Lucas. Moi, c'est Lucas.

Après un sourire compatissant, il détourne le regard et ne dit plus rien. D'accord... Je sens que cette journée ne va pas être la meilleure de ma semaine. Pour un service de communication, ils sont franchement peu présents.

Entre le gringalet qui ne sait pas quoi faire de ses bras, la jeune femme qui n'a pas réussi à se présenter et...

C'est à ce moment-là que Drizzle revient, trois grandes tasses de café dans la main. Elle a l'air heureux, presque détendue. Je lui souris et, quand elle s'approche de moi avec le café, tends la main pour en prendre un. Arquant un sourcil, elle me regarde, apparemment amusée, donne deux tasses à Kate, la deuxième femme, et Lucas, gardant la dernière pour elle-même.

Un silence de cathédrale tombe sur la pièce. Elle se croit maligne, vu son air triomphant. Ce qu'elle ne sait pas, c'est qu'elle joue avec la mauvaise personne. J'ai peu de patience pour les femmes comme elle.

Mais puisqu'il s'agit de mon premier jour, je prends une inspiration et tente de m'apaiser avant de répliquer. Lucas m'offre d'ailleurs un peu de temps en reprenant avant.

— Drizzle, je peux savoir pourquoi tu n'as ramené que trois cafés ? Tu as bien compris que nous n'étions plus ce nombre-là pas vrai ?

Elle rit joyeusement et, sans même me jeter un regard, elle dit :

— Oui merci, j'ai remarqué. Mais, tu sais bien que les nouveaux vont se chercher leur café seul, surtout quand ils ressemblent à des petits gosses de riches prétentieux et égocentriques, qui n'obtiennent leur poste qu'en couchant.

Outch. Ça fait mal.

Tout en la dévisageant, je fais un pas vers elle, poings serrés. Je ne me suis jamais considérée comme une personne violente mais je crois que, face à elle, je serais capable de le devenir. Personne ne parle comme cela de moi. Personne.

Malgré ma furieuse envie de frapper, ou de prendre le reste d'anxiolytique que j'ai dans mon sac, je parle très calmement.

— Ce serait un euphémisme de dire que tu ne m'apprécies pas. Je ne peux pas choisir pour toi les sentiments que tu ressens à mon égard mais je peux te faire comprendre que si tu continues à m'insulter ainsi, je peux te renvoyer sans aucun problème. Je n'hésiterai surement pas à me servir du fait que je suis « une gosse de riche prétentieuse et égocentrique » pour me débarrasser de toi, Drizzle. Est-ce que tu as bien saisi ce que je veux te dire ou est-ce qu'il faut que je sois plus claire ?

Et puisqu'elle ne répond rien, je reprends :

— Très bien, maintenant que tout le monde s'est présenté, on va pouvoir travailler. Qu'est-ce que vous étiez en train de traiter avant que j'arrive ?

J'espère que tu as la référence pour le prénom Drizzle ? 

Pour info, j'ai écris ce roman pour la première fois quand j'avais 16 ans (réécrit bien plus tard ensuite mais l'idée originelle est sortie à cette période là) donc j'étais fortement influencée par... GLEE 😍

Qui d'autre est fan ici ? 

Faudrait que j'en fasse un tiktok d'ailleurs 🧐 Je crois que je connais encore par coeur certaines des chansons qu'ils avaient adaptées pour la série... 

Breeeef, je parle trop ! Il est temps pour moi de te laisser ! 

Si tu veux avoir une chance de voir le tiktok sur Glee (ou tous mes autres tiktok, btw), c'est par ici : 🎵 Tiktok : @ Louisen.autrice

📸 Instagram : @ Louisen.autrice 

Mémoire PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant