Comme une évidence

Chapitre 28 : Nate

Une fois que j'eus révélé mon identité à Célia, je savais qu'une conversation avec elle était inévitable. Sur le chemin, menant à mon bureau, je trouvai Cassie déjà présente, prête à discuter de la situation. Cassie, arborant une expression curieuse, m'interrogea sur mes sentiments après cette révélation inattendue.

— Nate, comment te sens-tu après tout ça ?

Je pris une grande inspiration avant de répondre.

— C'était surprenant... pour être honnête, mais je pense que ça ira. J'ai fait ce que je devais faire.

Cassie me fixa avec attention, lisant probablement entre les lignes de ma réponse. Après un moment de silence, elle reprit la parole.

— Célia doit passer ce soir pour discuter avec moi à la fin de mon service.

Une lueur de surprise traversa mes yeux. Je n'avais pas été informé de cette visite. Réfléchissant rapidement, je proposai.

— Peut-être devrions-nous échanger nos places. Tu pourrais lui dire de reporter ça à demain matin avant le début de ton service. Comme ça, je pourrais rester ici ce soir et avoir cette discussion avec elle.

— Je trouve ça ingénieux, j'imagine que tu ne veux pas qu'elle sache notre combine ?

— Précisément ! Lorsqu'elle viendra ce soir, tu prétexteras une fatigue soudaine et que tu souhaites la voir demain avant de venir travailler, je parlerai de ton absence à Julia, si toutefois tu daignes à arriver en retard.

— Ça me va, faisons ça, mais Nate est-ce que tu arriveras à lui parler ce soir ? À faire face de nouveau à ton passé ? S'inquiétait Cassie en posant une main sur le haut de mon épaule.

— Ne t'en fais pas, je serai être à la hauteur, retourne à ton poste, Julia ne va pas tarder à se demander où tu es passé.

Une fois que Cassie fut partie et que j'étais à présent seul dans mon bureau, un océan d'émotions m'envahit. J'étais soulagé d'avoir pu révéler la vérité à Célia, mais en même temps, une anxiété persistante me rongeait. J'avais enfin brisé le silence qui avait pesé sur nous pendant toutes ces années, mais maintenant, j'étais confronté à l'incertitude de sa réaction.

Une part de moi était terrifié à l'idée de ce qui allait suivre. Comment Célia allait-elle réagir en apprenant la vérité ? Allait-elle être en colère ? Surprise ? Ou peut-être même indifférente ? Je ne pouvais pas m'empêcher de jouer dans ma tête les différents scénarios de ce qui pourrait se passer lors de notre prochaine rencontre. Pourtant, malgré cette anxiété, il y avait aussi un sentiment de libération. J'avais enfin osé dire la vérité, briser le silence qui avait pesé sur nous pendant si longtemps. Sûrement que désormais, nous pourrions enfin avoir une conversation honnête, mettre les choses au clair et certainement même trouver une forme de réconciliation. Dans tous les cas, une chose était certaine : les prochaines heures allaient être remplies de tension et d'anticipation face à ma prochaine rencontre avec Célia.

Cette rencontre m'avait totalement coupé l'appétit par la rencontre avec mon ex, mais elle avait également ravivé en moi une foule de souvenirs et d'émotions, et j'avais besoin de canaliser cette énergie dans quelque chose de concret. Quoi de mieux que la création culinaire pour exprimer mes sentiments ? Sans un mot, je gagnai les cuisines en me dirigeant vers le fond de la pièce, saisissant avec assurance les ustensiles et les ingrédients nécessaires à ma création.

Mes gestes étaient précis, empreints de concentration intense malgré les nombreux regards de mon équipe de cuisine. Cette dernière m'observait avec curiosité, remarquant mon attitude inhabituelle. Certains échangèrent des regards interrogateurs, se demandant ce qui pouvait bien me préoccuper. En les ignorants, je commençai à mesurer les ingrédients avec une précision minutieuse, mélangeant les saveurs avec une habileté experte. Chaque mouvement était calculé, chaque geste exécuté avec une perfection presque hypnotique. J'étais comme plongé dans ma propre bulle, coupé du monde extérieur. Pendant des heures, je travaillai en silence, ne laissant échapper aucun son à part le léger bruit des ustensiles qui s'entrechoquaient.