Chapitre 46 : Nate

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 La porte se referma derrière elle, me laissant seul dans le silence pesant du restaurant. J'essayai de calmer mes pleurs, de reprendre mon souffle, mais la douleur était trop intense, trop écrasante. Je me dirigeai vers la salle du bar, mes pas lourds et hésitants. La fermeture du restaurant attendrait. Pour l'instant, je ne pouvais penser à rien d'autre qu'à noyer ma douleur.

Je me saisis d'une bouteille d'alcool et commençai à boire, avalant de grandes gorgées brûlantes. La colère et la tristesse se mélangeaient en moi, je me contentai juste de boire. Je commençai à jeter des bouteilles contre le mur, les éclats de verre volant partout. Les verres furent projetés au sol, les chaises renversées. Chacun de mes gestes était une tentative d'extérioriser la douleur qui me rongeait. Assis par terre, au milieu des dégâts, je continuai à m'enivrer. L'alcool brûlait ma gorge et embrumait mon esprit, mais cela ne suffisait pas à atténuer ma souffrance. Je laissai échapper des sanglots entre deux gorgées, mes mains tremblantes cherchant une nouvelle bouteille. Les heures passèrent, et je restai là, seul et ivre, au milieu du chaos que j'avais créé. Le restaurant, autrefois mon refuge et mon fief, était maintenant le théâtre de mon désespoir. Mes pensées tournaient en boucle, revenant sans cesse à Célia, à Scott, à tout ce que j'avais perdu. Je n'étais plus que l'ombre de moi-même, un homme brisé par l'amour et la trahison, cherchant désespérément un moyen d'apaiser sa douleur.

Les heures passèrent et je restai, seul, assis sur le sol à m'enivrer d'alcool, ravivant tous mes souvenirs avec Célia. Ceux de ma jeunesse, ceux d'aujourd'hui, de nos rapprochements dans nos cuisines, dans son magasin, chez moi. Tous ces moments durant ce séjour, tous ces sourires, ces baisers, ces caresses, ces mots, ces instants que je ne vivrai plus jamais, car elle avait dit oui à un autre homme que moi. Des larmes coulèrent de mes yeux tandis que les heures défilaient. Il était minuit quand la porte de mon restaurant s'ouvrit, mais je l'entendis à peine. Je vis la chevelure blonde de Cassie passer et se diriger vers mon bureau, elle m'appelait, me cherchant de partout.

Lorsqu'elle me vit assis par terre, au milieu de la pièce du bar qui était sens dessus dessous, elle fut choquée.

— Nate ! Mais qu'est-ce qui s'est passé, ici ?!

— C'est fini, tout est fini.

— Mais que dis-tu ? Qu'est-ce qui est fini ?

— Avec Célia, tout est fini, clarifiai-je.

Cassie s'assit en face de moi, me demandant tout bas.

— Mais qu'est-ce que c'est que toutes ces bouteilles d'alcool ? T'as bu combien de bouteilles ?

— Plusieurs. Tu avais raison, Cassie. Je n'aurais jamais dû la fréquenter de nouveau.

Cassie comprit alors et demanda à nouveau.

— Que s'est-il passé avec Célia ? Qu'a-elle fait pour que tu sois dans cet état, Nate ?

Je regardai un point devant moi, le regard vide, les yeux rouges à cause de l'alcool et des larmes séchées puis murmurai-je.

— Elle m'a dit la vérité. Elle a appris que j'avais envoyé Scott au Canada, mais moi, j'ai appris qu'elle comptait l'épouser à son retour.

Cassie se décomposa sous mon annonce.

— Quoi?!

— Il lui a fait sa demande en mariage avant son départ, le soir même où on avait couché ensemble dans sa boutique, et elle a accepté sa demande. Elle s'est bien foutue de moi, elle a encore une fois joué avec mes sentiments, comme à son habitude.

Cassie, choquée, me regarda avec peine.

— Je me souviens la première fois encore, quand Célia m'a dit qu'elle m'aimait. C'était un mois après notre rencontre. On avait passé l'après-midi ensemble, elle avait prétexté qu'elle passait la journée avec toi, et ce jour-là, on était restés chez moi toute l'après-midi, dans mon lit, à se découvrir, à se prendre en photo, à se confier, à discuter et puis entre deux baisers, elle m'a regardé d'une façon si profonde. Il suffisait d'aucun mot pour que l'on se comprenne, aucun geste, aucun son. Nos regards en disaient beaucoup et en un silence, elle m'a dit tout bas, je t'aime, Nate. Je me souviens que je n'avais même pas essayé de répondre, car je voulais l'entendre encore une fois comme un écho que l'on écoute encore et encore. C'était la première fois qu'elle me disait qu'elle m'aimait, la toute première fois.

Comme une évidenceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant