En début de soirée, je quittai donc mon appartement pour les rejoindre, à pied, dans le bar dans lequel nous avions rendez-vous. Mais je ne connaissais pas la ville et mon sens de l'orientation était déplorable donc je me perdis rapidement.
Esseulée dans une sombre ruelle, j'abandonnai ma quête solitaire et je sortis mon téléphone pour entrer dans le GPS l'adresse du bar. Je n'étais plus très loin. Je repris ma marche lorsque j'entendis des éclats de voix ainsi que des bruits de coups suivis d'une longue plainte.
Je me retournai et découvris un jeune homme à terre. Deux hommes se trouvaient au-dessus de lui et semblaient lui hurler dessus, mais j'étais trop loin pour pouvoir discerner leurs propos.Et, soudain, j'eus un flash... je me revoyais au sol et je sentais les coups que mon beau-père me portait sans que personne n'intervienne.
Personne ne méritait ça !
Sans réfléchir, je courus dans leur direction et sautai sur l'un des deux hommes. Surpris, il fut déséquilibré, mais mon avantage ne fut que de courte durée, il était bien plus fort que moi et il me repoussa sans peine. Je me retrouvai donc au sol, à côté du jeune homme qui me regardait, stupéfait. Mais j'avais l'habitude des coups et je me relevai rapidement.
— Vous frappez une femme et un homme à terre ? m'indignai-je.
Les deux agresseurs, qui semblaient fortement alcoolisés, me fixaient, visiblement mécontents que je me mêle de leurs affaires. Je tendis la main au jeune homme qui la prit et se releva péniblement. Il avait l'arcade sourcilière ouverte et saignait abondamment.
Nous fûmes rapidement encerclés par une foule curieuse et avide de spectacles. Mon nouveau compagnon, chancelant, tomba à terre. Des cris s'élevèrent dans la nuit et les deux agresseurs eurent la bonne idée de fuir.
La foule, déçue, se dispersa tandis que je me penchai au-dessus du jeune homme pour voir comment il allait.
J'entendis des pas et me retournai pour voir un homme accourir dans notre direction. Je me relevai prestement et, bien qu'effrayée, j'étais prête à nous défendre à nouveau.
Il s'arrêta devant moi, essoufflé.— Que s'est-il passé ? s'inquiéta-t-il. Mon Dieu ! Pio, tu saignes !
— Vous le connaissez ? lui demandai-je, surprise.
— Oui, c'est un ami, nous étions ensemble ce soir jusqu'à ce que je le perde de vue. Et toi, qui es-tu ? me questionna-t-il tout en observant, d'un air épouvanté, le visage meurtri du dit Pio.
— La femme qui s'est jetée sur mes agresseurs, sourit le jeune homme en se redressant. C'était stupide ! Mais merci... Comment t'appelles-tu ?
— Aliya, répondis-je, préoccupée par son état de santé. Tu es blessé, il faut que tu ailles à l'hôpital.
— Je suis déçu d'avoir raté ça ! me dit le nouveau venu. Merci Aliya, d'avoir eu le courage d'intervenir. Au fait, je m'appelle Marc. Je vais l'emmener aux urgences.
— Je vais bien, tenta de nous rassurer Pio, mes blessures sont superficielles. Et toi ? Ils t'ont fait mal ? Et pourquoi as-tu fait ça ?
— Je n'ai rien, répondis-je. Et, je ne sais pas... deux contre un c'était injuste, non ?
Pio sourit et Marc l'aida à se relever.
— Qu'est-ce qu'ils te voulaient, demanda Marc à Pio.
— La même chose que d'habitude... se désola-t-il.
— C'est-à-dire ? Demandai-je curieuse.
— Ils sont dans la même fac que moi et il n'apprécient pas que je sois... différent, répondit Pio.
Devant ma mine perplexe, il précisa :
— Ils sont homophobes.
— Désolée, je suis trop curieuse... Je n'aurais pas dû poser la question.
— Ce n'est rien, sourit-il. Mais ce n'est pas forcément la première chose que je dis pour me présenter.
— J'imagine, répondis-je en souriant. Et Marc est ton... ?
— Ami ! me coupa Marc. Moi, j'aime les filles ! D'ailleurs, tu as quelqu'un toi ?
— Arrête de l'embêter ! Dit-Pio en riant. Lui, son problème c'est qu'il aime toutes les filles ! Il est un peu lourd, mais sympa quand on le connaît.
— Je n'en doute pas ! répondis-je en riant à mon tour. De toute façon, je préfère rester seule.
— Mauvaises expériences ? Demanda-Marc.
— Il faudrait vraiment qu'il voie un médecin, éludai-je.
— Allons-y ! dis-Marc. Tu veux te joindre à nous ? Il y aura sûrement des heures d'attente... alors, plus on est de fous...
— D'accord ! souris-je. Je viens !
Heureusement pour lui, les blessures de Pio étaient superficielles. La longue attente nous permit d'apprendre à nous connaître. Ils étaient tous les deux à la fac. Marc étudiait le commerce et Pio, l'informatique. Nous fûmes ravis d'apprendre que nous étions dans la même fac !
Marc avait vingt ans et Pio, dix-huit, comme moi. Ils avaient grandi ensemble, mais s'étaient perdus de vue lorsque Marc était entré au lycée. Quelques années plus tard, fréquentant la même université, ils s'étaient retrouvés avec plaisir et passaient beaucoup de temps ensemble.
Ils avaient des personnalités très différentes.
Marc était très sociable, et donc, toujours très entouré, contrairement à Pio qui restait souvent seul. Pourtant, il était loin d'être timide, mais comme il avait été rejeté par sa famille et certains de ses amis, il préférait la solitude au risque de ne pas être accepté tel qu'il était.Malgré les circonstances, j'étais heureuse d'avoir fait leur rencontre. Je me sentis immédiatement bien avec eux. Ils étaient drôles, gentils, ne jugeaient pas les différences... au contraire, ils pensaient qu'elles étaient des forces. Ils étaient tellement différents des hommes que j'avais connus...
Nous pûmes quitter l'hôpital vers quatre heures du matin, épuisés. Il nous restait à peine deux heures pour nous reposer avant d'aller en cours. Marc, qui avait un grand appartement à quelques centaines de mètres de la faculté, nous proposa de nous dormir chez lui ce que nous acceptâmes avec plaisir.
Cependant, je préférai me garder de leur dire que mes nuits étaient agitées et je feignis de dormir pour ne pas risquer de me réveiller en hurlant.
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Aliya (sauve-moi) - Tome 1
RomanceA cause de lui, elle allait tout perdre. Sans lui, elle n'aurait rencontré ni ses amis ni l'homme qu'elle aime. Mais, jusqu'où devra-t-elle aller par amour? "Ma première année à l'université devait être synonyme de nouveau départ mais surtout, de tr...