Au cœur de la tempête part.2

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Zach

Je restai de longues minutes assis par terre avant d'être capable de me relever puis nous rentrâmes en voiture. J'eus toutes les peines du monde à me concentrer sur la route, mais cela était dû à la détresse dans laquelle la demande de Lucas me plongeait plus qu'à la douleur physique qui s'atténuait progressivement.

Arrivés dans mon appartement, je me laissai tomber sur mon canapé et elle s'assit près de moi. Pio n'était pas là, il passait la nuit chez Dany.

Elle m'ôta mon tee-shirt pour regarder ma blessure et ses doigts caressèrent lentement mon torse, évitant l'hématome qui commençait déjà à apparaître.

— Tu devrais voir un médecin, dit-elle tout bas.

— Je vais bien, répondis-je sèchement, ce que je regrettai immédiatement.

Ses yeux larmoyants me brisèrent le cœur. J'étais si distant avec elle depuis que Lucas m'avait parlé et elle ne pouvait comprendre ma réaction. Je ne lui avais adressé que quelques mots, froidement, depuis que nous avions croisé la route de mon frère.

Je ne lui avais pas dit à quel point j'étais fier d'elle, fier qu'elle ait été capable de frapper Damien devant mon frère qui l'effrayait tant et la paralysait chaque fois qu'elle le voyait,

J'aurais dû la prendre dans mes bras, la rassurer, lui dire à quel point je l'aimais, mais j'en étais incapable parce qu'au lieu de cela, je cherchais de quelle manière j'allais bien pouvoir la quitter.

Devais-je lui mentir ? Ou lui avouer la vérité ? Qu'est-ce qui lui ferait le moins de peine ?

Elle portait un fardeau qui aurait dû être le mien et je devais la laisser seule, lutter contre des individus bien trop dangereux pour elle. Mais si je ne suivais pas l'injonction de mon frère et que, ses amis et lui, lui faisaient du mal, comment pourrais-je me le pardonner ?

Aucune solution ne me paraissait satisfaisante et je me dis que, si Ali avait eu ce choix à faire, elle aurait sûrement su ce qui était le mieux pour tous.

— Je vais me doucher, annonçai-je pour la fuir et tenter de rassembler mes esprits.

Je me précipitai dans ma salle de bain, me déshabillai et glissai sous le jet d'eau chaude. Je laissai échapper quelques larmes qui se mêlèrent à l'eau qui coulait sur mon visage. Lucas avait raison, je ne méritais pas d'être heureux et je méritais encore moins Ali. Mais comment allais-je pouvoir l'aider à lutter contre lui si je ne pouvais plus lui parler ? Comment allais-je faire pour la protéger ?

J'entendis la porte s'ouvrir puis je sentis le corps d'Ali contre le mien. Je me retournai, la laissant voir ma détresse. Elle caressa mon visage avant de m'embrasser tendrement. Si elle savait à quel point j'avais besoin de ce baiser... Je la soulevai, elle enroula ses jambes autour de ma taille et je la plaquais contre le mur de la douche.

Non, pas comme ça...

Si ça devait être notre dernière fois, je voulais qu'elle soit magique pour elle. Je voulais lui donner tout ce que j'avais à offrir, lui montrer à quel point je l'aimais et la faire jouir, encore et encore.

Je coupai l'eau et l'entrainai dans ma chambre.

*****

Allongé sur le dos, sa tête posée sur mon torse, je caressai son dos sans parvenir à trouver le sommeil. Elle non plus, ne dormait toujours pas.

— Tu as faim ? demandai-je dans le but de pouvoir quitter le lit plutôt que par envie de manger, bien que nous n'ayons rien avalé depuis midi.

— Euh... oui, répondit-elle sans conviction.

Je levai, m'habillai et quittai la chambre précipitamment, sans un regard pour elle. Fuir après l'amour... Quel lâche ! Je lui donnai toutes les raisons de me détester...

Arrivé dans ma cuisine, je réchauffai une pizza en attendant qu'elle me rejoigne.

Je ne savais toujours pas de quelle manière je devais m'y prendre pour la quitter et j'ignorai comment elle réagirait. J'étais terrifié à l'idée de la perdre pour toujours et ne pas pouvoir l'aider à poursuivre son plan.

Les minutes défilèrent, mais elle n'arrivait toujours pas et je n'entendais aucun bruit. Inquiet, je retournai dans la chambre et la trouvai assise sur le lit, portant l'un de mes tee-shirts.

— Il faut qu'on parle, me dit-elle d'une voix inquiète.

Mon cœur battait à tout rompre et une boule se forma dans ma gorge. J'ignorai toujours quoi lui dire... Mais je ne pouvais pas me défiler à nouveau, elle voyait bien que ça n'allait pas.

— Je... euh... il faut que... balbutiai-je sans parvenir à formuler une phrase cohérente.

— Je t'aime Zach. Je suis... follement amoureuse de toi.

Cette déclaration ne m'aidait pas du tout... Elle lacerait mon cœur qui désirait tant lui appartenir pour toujours.

— Aliya, il faut que...

— Tu me quittes, me coupa-t-elle. C'est ce que Lucas t'a demandé, n'est-ce pas ? Je m'en suis doutée quand je me suis précipitée vers toi au parc et que tu as été si... froid.

Je la fixai stupéfait et déstabilisé. Cette femme me surprendrait toujours, elle avait constamment une longueur d'avance. Je la rejoignis sur le lit et la serrais fort contre moi.

— Je t'aime tellement Ali, pardonne-moi... murmurai-je. Je ne sais pas quoi faire, je suis terrifié à l'idée qu'il puisse te fasse du mal encore une fois...

— Qu'est-ce qu'il t'a dit ? m'interrogea-t-elle en caressant ma joue.

— Que ses amis et lui te feraient du mal si j'étais encore avec toi demain matin, avouai-je tristement.

— Alors, fais ce qu'il te demande. Tu ne pourras jamais te le pardonner s'il met sa menace à exécution parce que tu as refusé de me quitter. Fais-moi confiance, je m'en sortirai. Je m'en sors toujours et un beau jour, il ne pourra plus faire de mal à personne.

— Et pour ton plan ? Je ne peux pas te laisser t'exposer à tant de risques seule ! m'exclamai-je, terriblement inquiet. Laisse tout tomber et laisse-moi finir !

— Tu sais bien que ça ne marchera pas, dit-elle en esquissant un sourire malgré ses larmes. Tout ira bien, garde un œil sur lui et je me chargerai du reste.

Elle finit par se détacher de moi et ancra son regard, empli d'une infinie tristesse, dans le mien.

— Zach, ton mutisme, ce soir, m'a permis de prendre le temps de réfléchir à tout ça et je me demandais si... reprit-elle d'une voix mal assurée.

Des larmes roulèrent à nouveau sur ses joues et elle baissa la tête.

— Euh... j'avais pensé que peut-être...

Elle s'arrêta à nouveau. Elle se tordait nerveusement les doigts en fixant le drap.

— Quand tout sera réglé, poursuivit-elle faiblement, que ton frère ne pourra plus nous faire de mal, est-ce que tu voudrais... qu'on se remette ensemble ? Et euh... je me disais qu'on pourrait peut-être s'attendre... je veux dire... ne pas coucher avec d'autres personnes pendant ce laps de temps...

Ses yeux se posèrent à nouveau sur moi, guettant ma réaction qui tardait à venir. Elle semblait lutter pour ne pas fondre en larmes et je fus incapable de réagir.

— On... On peut fixer un délai maximum d'attente, s'empressa-t-elle d'ajouter.

Toujours pas de réaction de ma part.

— Tu penses que c'est stupide ? Pourquoi tu ne réponds pas ?

Pour ne pas pleurer devant toi bébé... Les hommes, ça ne pleure jamais, n'est-ce pas ?

Ne parvenant pas à lui parler, je pressai mes lèvres contre les siennes et la serrai à nouveau contre moi.

Après d'interminables minutes, je pus enfin lui dire :

— Je t'attendrais toute ma vie s'il le fallait bébé.

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant