Alliance de circonstance

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Les battements de mon cœur s’accélérèrent à mesure que j’approchais de ma destination. Le souffle court, assaillie par des souvenirs que je m’efforçai à oublier, je m’arrêtai un instant à quelques pas de la terrasse du bar dans lequel je devais me rendre. Cet endroit qui me hantait et que j’évitai depuis la nuit où Lucas m’avait fait tant de mal…
Je pris plusieurs grandes inspirations et j’expirai lentement afin de maîtriser mon stress croissant.
Immobile au beau milieu du trottoir, je tanguai, déséquilibrée par des hordes d’étudiants qui se pressaient dans les bars qui foisonnaient dans cette rue animée, et me bousculaient sur leur passage sans me prêter la moindre attention.

Faisant fi de l’agitation ambiante, mes pieds restaient solidement ancrés dans le sol comme happés par l’asphalte gris et, me mouvoir me paraissait vain, comme si chacun de mes gestes n’aurait fait qu’accroître mon enlisement à l’instar des sables mouvants dont il si difficile de s’extraire.
Soudain, une main sur mon épaule me sortit de ma léthargie et je sentis un souffle chaud sur ma nuque qui me fit frissonner tandis qu’une voix familière résonnait fort dans mon oreille, couvrant le vacarme ambiant.

— Tu ne devrais pas rester en plein milieu.

Seule ma tête osa un mouvement pour confirmer l’arrivée de Zach.
Il fronça les sourcils avant de reprendre :

— Tout va bien ? Tu es… livide… est-ce le lieu ou l’irrégularité de tes repas qui te met dans cet état ?

— Euh… on peut s’asseoir à l’intérieur ? balbutiai-je.

Il hocha la tête avant de saisir fermement ma main, de m’entraîner dans le bar déjà bondé et de nous trouver une des rares tables encore disponibles. Je m’assis face à lui sur une chaise bancale devant une petite table ronde en bois abîmée par les années. Ici, l’angle de vue était parfait puisque je pouvais distinguer, à gauche, la porte bien dissimulée et visible seulement des connaisseurs, de la pièce dans laquelle Lucas m’avait conduite de force quelques semaines plus tôt ainsi qu’à droite, l’étroit escalier qui, d’après les informations que j’avais glanées sur internet, menaient au bureau du patron, un certain Serge Coustin.

Pendant que j’observai les alentours, Zach me fixait de son regard pénétrant et semblait intrigué par mon comportement.

— Que fait-on ici ? me demanda-t-il.

Sa présence à mes côtés me rassurait, sans doute parce que, malgré tout ce qu’il m’avait fait, il m’avait sauvée et qu’il souhaitait, comme moi, trouver une solution pour que son frère ne fasse plus de mal à personne.
Je commençai donc à me calmer et à retrouver une fréquence cardiaque proche de la normale.

— J’essaie de savoir si mon plan pourrait fonctionner

— Et quel est-il ?

— Je préfère ne pas te le dire pour le moment.

— Pourtant, tu voulais que je t’accompagne. Si tu ne me donnes aucune information, je ne pourrais pas t’aider… pourquoi n’es-tu pas venue avec tes amis ?

— Je ne veux pas leur faire prendre de risques inutiles alors que toi et moi sommes responsables des actes futurs de ton frère.

— Moi oui. Toi, non. Je pourrais m’en charger seul.

— Tu ne m’avais pas dit que tu n’avais pas trouvé de solution ?

— Si, mais toi en revanche tu es parvenue à imaginer un plan auquel tu crois suffisamment pour accepter de passer du temps avec moi. Tu pourrais m’en faire part et me laisser m’occuper de tout ça.

— Probablement… mais disons que j’ai de bonnes raisons de vouloir m’en charger.

— Admettons… mais la soirée va être longue si tu ne me dis rien.

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant