Au cœur de la tempête part.1

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Zach

La pression des derniers jours avait été très forte et je sentais que, bien qu'Ali fasse tout pour me montrer qu'elle allait bien et qu'elle gérait la situation, celle-ci lui pesait plus que ce qu'elle osait dire. Ses nuits étaient bien plus agitées qu'à l'accoutumée. Elle avait cessé de prendre des anxiolytiques depuis peu, mais les conditions actuelles faisaient croitre ses angoisses au point de déclencher des crises chaque nuit. Elle avait fini par demander à mon père de lui faire une nouvelle ordonnance pour l'aider dans cette période difficile.

Et depuis que Pio avait regardé la vidéo, il se comportait différemment avec elle et cela la terrifiait. Elle craignait que ces images ne le quittent plus et qu'il finisse par s'éloigner d'elle.

Je me sentais bien inutile. Ali avait élaboré son plan, seule, et elle pensait devoir porter tout le poids de la réussite de celui-ci, seule. Lucas était mon frère, tout cela aurait donc dû être mon fardeau, pas le sien. Mais, j'avais été incapable de trouver le moyen de la protéger, ni elle ni toutes ses potentielles futures victimes. C'était l'histoire de ma vie... Être spectateur de la détresse des personnes que j'aimais. Ne servir à rien. Ne sauver personne.

Alors, je faisais de mon mieux pour soutenir la femme dont j'étais amoureux, mais mon aide était bien dérisoire.

Aliya et moi nous promenions dans un immense parc dans lequel elle aimait se rendre. Je n'y étais allé que très rarement et la suivais donc, elle qui en connaissait chaque recoin, sur ces chemins déserts, bordés par une végétation luxuriante, ce qui en faisait un lieu idéal pour toute personne en quête de quiétude.

Cet endroit l'apaisait et elle en avait bien besoin en ce moment. Lorsque le soleil déclina, nous décidâmes d'aller manger. Nous fîmes donc demi-tour, mais, à une dizaine de mètres, nous aperçûmes quatre silhouettes s'approcher, dont une, que j'aurais pu reconnaitre, quelle que soit sa distance ou la luminosité. Mon frère.

Ali se stoppa, je fis de même et son expression m'indiqua qu'elle l'avait reconnu aussi.

— Cours ! lui ordonnai-je, effrayé par ce quatuor contre lequel je savais que je ne faisais pas le poids.

— Hors de question ! se récria-t-elle. Je ne t'abandonnerai pas.

Je me mis face à elle et mes mains encadrèrent son visage pour la forcer à me regarder.

— Va-t'en, la suppliai-je. Cours, je les retiens et je te rejoindrais, je te le promets. Ils sont trop nombreux pour que je puisse te protéger.

— Je... je ne peux pas, dit-elle d'une voix tremblante. Je ne te laisserai pas tomber.

— Putain bébé, pour une fois, fais ce que je te demande !

Elle fit non de la tête, et le quatuor se retrouva à quelques pas de nous.

Merde ! Pourquoi ne m'écoutait-elle jamais ?

— Salut petit frère, dit Lucas en souriant, lorsqu'il fut à deux mètres de nous.

Il était accompagné par son ami de toujours, Damien, qu'Ali connaissait pour s'être opposée à lui lorsqu'il avait agressé Pio, ainsi que Jeremy et Thibaut.

Je me positionnai devant Ali, face à ces hommes qui la regardaient avec bien trop d'insistance, ce qui ne faisait qu'accroitre la rage que Lucas faisait naitre en moi, depuis que j'avais découvert ce dont il était capable.

— Je crois que Damien adorerait s'amuser avec ta copine, me chuchota-t-il en s'approchant encore de moi, suffisamment pour que je puisse lui asséner un violent coup de poing dans le ventre que le plia en deux.

— Vous êtes des hommes morts si vous la touchez ! hurlai-je.

— Tu n'es pas en position de force, petit frère, me répondit-il d'une voix faible, d'où perçait sa douleur.

En quelques secondes, Jeremy et Thibaut saisirent chacun l'un de mes bras, m'empêchant ainsi de bouger. Je me débattis, tentai de leur mettre des coups de pied, mais tous mes efforts furent vain. Je ne parvins pas à leur faire lâcher prise, ils étaient bien plus fort que je l'étais.

Damien en profita pour se rapprocher d'Ali sans la toucher. Pour le moment.

Lucas se redressa péniblement et se plaça à quelques centimètres de moi.

— Arrache-lui son tee-shirt, ordonna-t-il à son ami d'enfance.

— Non ! hurlai-je. Ne la touche pas ! Je t'en supplie Lucas !

Il fit un geste de la main pour stopper Damien avant qu'il ne touche à Ali.

— Que serais-tu prêt à faire pour qu'il ne la touche pas ? m'interrogea-t-il, un sourire torve aux lèvres.

— Je ferais tout ce que tu me demanderas, mais ne lui fais pas de mal, répondis-je la voix brisée et en l'implorant du regard.

Mais je ne lisais chez lui aucune compassion, aucune trace de l'amour qui nous unissait jadis, seulement de l'arrogance et du mépris.

— Je me suis posé beaucoup de questions quand Adam a commencé à dire à tout bout de champ que tu sortais avec une fille qui s'appelait Aliya. Je crois qu'elle lui a brisé le cœur et qu'elle possède le tien désormais. Je ne t'avais jamais vu comme ça, tu es fou d'elle, ça crève les yeux !

Il l'observa quelques secondes avant de plonger son regard dans le mien et d'ordonner à son ami :

— Arrache-lui son tee-shirt, maintenant !

— Non ! hurlai-je à nouveau et en me débattant de toutes mes forces.

Damien s'approcha d'elle et la saisit violemment par le col. Elle agrippa ses bras pour tenter de l'empêcher de la déshabiller et avant qu'il ait pu comprendre quoi que ce soit, elle lui asséna un coup de pied qui aurait terrassé n'importe quel homme. Il hurla de douleur et s'écroula.

Bien joué bébé !

Lucas et ses acolytes la regardèrent, stupéfaits. Elle les fixa en souriant. Elle paraissait assurée pour quiconque ne la connaissait pas, mais moi, c'était de la terreur que je lisais dans ses yeux noisette.

— Si tu bouges, Zach le payera très cher, la menaça Lucas.

Il me frappa si fort dans le ventre puis la tête que mes jambes cédèrent. Jeremy et Thibaut me lâchèrent et je me retrouvai à genou, les mains posées devant moi pour ne pas m'écrouler. J'avais le souffle coupé, je peinais à reprendre ma respiration et ma tête me faisait atrocement mal. J'étais comme sonné et je ne parvenais plus à bouger. Mais c'était la peur que je ressentais pour Ali qui me faisait le plus souffrir.

Lucas se baissa pour que son visage soit à la hauteur du mien et dit, près de mon oreille, pour que je sois le seul à l'entendre :

— Lucie n'aurait jamais dû mourir. Elle s'est confiée à toi, mais tu n'as rien fait pour elle. Tu penses vraiment que tu mérites à présent d'être heureux alors qu'elle n'est plus de ce monde par ta faute ? Je vais être gentil petit frère, je te laisse une dernière soirée. À partir de demain, si tu t'approches d'Aliya, que tu essaies de lui parler de vive voix ou par message, et tu sais que je peux tout savoir, mes amis se feront un plaisir de s'occuper d'elle et moi aussi. Et crois-moi, je ferais en sorte qu'elle ne s'en relève jamais et que tu la perdes de la même manière que tu as laissé Lucie mourir.

Il se releva et partit suivi par ses trois amis et dès qu'ils furent loin, Ali se précipita vers moi.

— Ça va ? s'enquit-elle d'une voix tremblante.

— Oui... on... on ferait mieux de... de rentrer, parvins-je à dire.

Elle n'avait pas entendu ce que Lucas m'avait dit. Comme allais-je lui annoncer que, pour la protéger, j'allais devoir la quitter ?

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant