Aliya
Le week-end passé en compagnie de Zach et de mes amis avait été une parenthèse enchantée dans ma vie bien trop mouvementée.
Nous avions enfin franchi un cap et bien qu'il me soit difficile de savoir où tout cela nous mènerait, j'étais certaine que notre relation nous était bénéfique à tous les deux. Peut-être nous permettait-elle de panser nos blessures ? Mais, était-ce le rôle de l'amour ?
Je l'ignorai, en revanche, ce que je savais, c'était qu'il est plus facile d'affronter ses démons, ou les épreuves que la vie mettait sur nos chemins, à plusieurs.
Je désirai être une femme indépendante et suffisamment forte pour être capable de m'en sortir par mes propres moyens, mais j'étais heureuse et surtout, plus sereine, depuis que je savais pouvoir compter sur le soutien de mon meilleur ami ainsi que sur celui de l'homme dont j'étais tombée amoureuse.
Et je mesurais l'importance d'être bien entouré, car, bien que je puisse apprécier, parfois, d'avoir des moments de solitude, je savais à quel point se sentir seul en permanence pouvait être douloureux.
Durant ma jeunesse, mon isolement et mon rejet par ma propre famille avaient creusé un profond gouffre en moi qui avait semblé m'engloutir pour ne plus jamais me permettre de m'en échapper et je ne souhaitais pas ressentir à nouveau cela. Jamais.
En prenant un nouveau départ, j'avais eu la chance de rencontrer des êtres merveilleux qui étaient devenus ma famille et celle-ci venait de s'agrandir avec l'arrivée de Zach en son sein.
Je voulais profiter du bonheur que me procurait ma relation avec lui et j'aspirais à ce que nous puissions vivre pleinement notre amour sans épée de Damoclès sur nos têtes. Pour cela, j'avais décidé de m'occuper du cas de Lucas puisque personne n'avait trouvé de solution pour le stopper.
Le père de Zach nous avait révélé qu'il avait agressé plusieurs femmes avant moi qui, elles, s'en étaient moins bien sorties. Il fallait croire que la chance avait été de mon côté puisqu'il n'avait pas pu aller jusqu'au bout de ses projets avec moi, grâce à un couple d'inconnus ainsi qu'à Zach. Bien sûr, aucune de ces femmes ne parlerait par peur des représailles et parce qu'elles avaient perçu une somme d'argent substantielle.
Le père de Zach plaçait une grande confiance et espérance en moi et en ma capacité à résoudre ce qu'il appelait le « problème Lucas ». Mais, n'était-ce pas une pression trop importante pour mes épaules ?
Je n'avais que très peu dormi cette nuit-là. Je n'avais cessé de penser à la théorie qui s'était imposé à mon esprit quelques semaines auparavant, ainsi qu'à ce que je prévoyais de faire, mais, il est bien connu que les plans ne se passent jamais comme prévu...
Ma principale préoccupation était la sécurité de Pio. Le père de Zach avait accepté d'assurer sa protection, mais, serait-ce suffisant ?
Avant toute chose, je me devais de parler avec mon meilleur ami afin de lui expliquer les risques auxquels il pourrait s'exposer par ma faute. Peut-être accepterait-il de s'éloigner quelque temps ?
J'attendis qu'il sorte de la chambre puis, je déjeunais avec lui en abordant des sujets sans importance et lorsqu'il fut bien réveillé, j'entrai enfin dans le vif du sujet.
— Je vais passer à l'action, expliquai-je. La première étape consiste à récupérer ce qui me permettra d'empêcher Lucas de se servir de la vidéo qu'il possède et qui pourrait nuire à Zach.
— C'est vague... tu pourrais être plus précise ? répondit-il en plongeant ses yeux émeraude emplis d'inquiétude dans les miens.
— Je vais m'introduire dans un lieu géré par des personnes peu recommandables pour récupérer quelque chose qui n'existe peut-être même pas... mais toute la suite de mon plan repose là-dessus. Et je compte le faire samedi soir, annonçai-je en tentant de paraitre assurée.
— Tu te moques de moi ? s'emporta-t-il. Tu sais que ce week-end je pars chez mes parents avec Dany.
— D'où mon choix... répondis-je en affichant un air désolé. Il y a toutes les chances pour qu'ils cherchent à se venger et lorsque les parents de Zach avaient voulu me faire taire, leur moyen de pression, c'était toi. Il y a fort à parier que ça puisse se passer de la même manière avec ce type d'individu. J'aimerais donc que tu restes à l'écart de la première partie de mon plan. J'aurais besoin de ton aide plus tard.
— Tu rêves princesses ! s'insurgea-t-il. Je ne t'abandonne pas encore une fois ! Si je ne m'étais pas laissé faire lorsque Lucas m'a frappé il y a des mois de cela, tu n'aurais pas eu à intervenir et il ne te serait jamais rien arrivé.
— Mais on ne se serait jamais rencontré ! Et on ne va pas se battre pour savoir, qui est responsable de quoi. À mon sens, il n'y en a qu'un et c'est Lucas. J'ai déjà abandonné ma mère au sort d'un homme qui la maltraite, je ne vais pas à nouveau laisser tomber les femmes qui pourraient croiser la route de Lucas. Pour ma mère, je ne sais plus quoi faire pour l'aider, j'ai tenté d'appeler la police de nombreuses fois, mais, systématiquement, elle défendait mon beau-père et niait avoir été la victime de ses coups. Mes frères donnaient la même version et je passais toujours pour une folle qui voulait détruire sa famille ou attirer l'attention sur elle. Mais là, j'ai un plan, très incertain certes, mais je dois agir ou je le regretterai toute ma vie. Je souhaiterais que tu restes en dehors de tout ça, je t'aime trop pour être prête à prendre le risque de te perdre ou qu'il t'arrive quelque chose par ma faute.
Je ne pouvais pas lui dire ce que Lucie avait subi, mais, pour elle, et pour toutes les autres victimes de ce genre d'homme, je devais agir et montrer à Lucas que nous ne sommes pas de simples objets avec lesquels ou peut jouer à sa guise et qu'on ne peut pas nous faire taire si aisément !
Mais, comme je l'avais imaginé, Pio ne serait pas facile à convaincre... À sa place, je n'aurais jamais pu l'abandonner non plus donc, je comprenais sa position.
— Attends le week-end suivant et je viendrais avec toi, proposa-t-il sur un ton ferme qui laissait penser que c'était plus un ordre qu'une proposition.
— Non, si tu venais avec moi et qu'il t'arrivait malheur, la deuxième partie de mon plan tomberait à l'eau et on aurait fait tout ça pour rien. Aller, je t'en prie ! J'ai vraiment besoin que tu m'aides, mais pas pour ça. Fais-moi confiance !
— Tu es tellement têtue... J'aurais du mal à être à des centaines de kilomètres de toi en sachant tout ça... Est-ce que Zach est au courant ? Je pourrais rester en retrait à la condition que tu lui demandes de t'aider. Ou à Marc. Peu importe tant que tu n'es pas seule ! Et je veux la preuve que l'un d'eux sera avec toi parce que je ne te fais pas confiance !
— C'est d'accord, mentis-je. J'irai avec Zach, je le mettrais au courant tout à l'heure.
— Parfait, mais je préfère rester dans le coin. Je me rendrai chez mes parents une prochaine fois.
— Ah non ! m'exclamai-je. Tu dois absolument être loin pour être en sécurité ! Et tu sais que Zach ne me laissera jamais tomber quitte à prendre tous les risques pour moi alors, encore une fois, je t'en prie, suis mon plan et tout se passera bien !
Il se leva et s'adossa contre le mur de la cuisine en me fixant. Il semblait partagé entre colère et inquiétude.
— Je déteste ton plan, maugréa-t-il.
Je m'approchai de lui et me blottis dans ses bras en espérant qu'il accepterait cette étreinte, ce qui signifierait qu'il ne m'en voulait pas trop. À mon plus grand soulagement, il me serra contre lui en posant son menton sur ma tête et nous restâmes de longues minutes ainsi.
Je me demandai à quoi il pensait, mais n'osai le questionner.
Il finit par me lâcher puis, il prit mon visage entre ses mains et me dit, en maintenant son regard dans le mien :
— Je dois sortir, pendant ce temps, tu vas parler à Zach et ce soir, je veux le voir pour m'assurer que tu suis bien le plan dont tu m'as parlé.
Il quitta l'appartement en m'offrant son plus beau sourire. Finalement, cela s'était mieux passé que ce que j'espérais, n'est-ce pas ?
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Aliya (sauve-moi) - Tome 1
RomanceA cause de lui, elle allait tout perdre. Sans lui, elle n'aurait rencontré ni ses amis ni l'homme qu'elle aime. Mais, jusqu'où devra-t-elle aller par amour? "Ma première année à l'université devait être synonyme de nouveau départ mais surtout, de tr...