Mission d'infiltration part.1

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Antonin et moi avions passé notre journée, ainsi que notre nuit, à faire des recherches pour comprendre ce que la découverte que j’avais faite signifiait. Malgré mes terribles maux de tête dus à la trop grande quantité d’alcool que j’avais ingéré après le départ de Pio, j’étais habitée par une énergie nouvelle en voyant les efforts que mon hôte fournissait, ainsi que la facilité avec laquelle il pouvait trouver des informations.
Le lendemain matin, alors que je commençais à peiner à lutter contre la fatigue malgré les nombreux cafés que j’avais bus, le jeune lieutenant, qui conservait une vitalité remarquable, vint s’asseoir près de moi.

— Sais-tu où Lucas pourrait cacher les vidéos des agressions qu’il a dû commettre ? S’il s’est filmé avec toi, il a dû le faire avec les autres également et nous allons avoir besoin de ces enregistrements.

— Bien sûr, c’est un ami ! répondis-je sarcastique. Je vais l’appeler tout de suite pour qu’il nous le dise !

— Sois un peu sérieuse, gronda-t-il en levant les yeux au ciel.

— Je peux demander à son père, proposai-je après réflexion.


Je partis m’isoler sur son balcon et appelai Christopher qui décrocha dès la deuxième sonnerie.

— Bonjour, Aliya, est-ce que tu vas bien ? s’enquit-il. J’ai appris pour Zach et toi, je… je suis sincèrement désolé. Il est terriblement inquiet pour toi. Où te trouves-tu ? Tu n’as pas dormi chez toi…

Comment pouvait-il le savoir ?

— J’ai besoin de votre aide, éludai-je. Si Lucas devait cacher un objet auquel il était très attaché, mais que personne ne devait trouver, où pourrait-il être ?

— Dis-moi d’abord où tu es !

— Non, et si la question vient de Zach, vous savez qu’il s’expose à bien moins de risques tant qu’il reste loin de moi. Ne lui parlez pas de notre conversation si vous voulez le protéger. Alors, pouvez-vous me répondre ?

— Est-ce qu’au moins tu peux me dire si tu es en sécurité ?

— Oui.

— Bien, je vais tenter de te croire. Il ne cacherait rien chez lui, mais… Dans la maison de sa grand-mère, peut-être… Elle est à l’abandon depuis plusieurs années, personne ne s’y rend hormis Lucas pour qui elle a une grande valeur sentimentale.

— D’accord, et admettons que je veuille m’y introduire, ce serait facile ?

— Oui, c’est une vieille bâtisse qui n’est pas ultra sécurisée comme l’appartement de Lucas. S’il y cachait quelque chose de précieux, ce serait probablement au sous-sol. Et puisqu’il faut connaître son existence pour pouvoir le trouver et qu’il n’est présent sur aucun plan de la maison, il est sûr que personne n’ira fouiller là-bas.

— Pas même ses parents ?

— Non, il a de gros moyens de pression sur sa mère et moi. Il sait que nous ne tenterons jamais rien contre lui.

— Est-ce qu’il pourrait se méfier de moi ?

— C’est le cas. Mais depuis que tu as annoncé à un certain Adam que tu voulais en finir, il se sent plus en sécurité.

— Adam est doué pour répandre des rumeurs. Ça peut être utile dans certains cas.

— Et… tu comptes vraiment… faire une telle bêtise ?

— Vous pourriez m’expliquer comment trouver le sous-sol ? éludai-je de nouveau.

Il le fit avec une grande précision et je notai tout ce qu’il me dit pour pouvoir en informer Antonin. Puis Christopher tenta à nouveau de savoir comment je me portais avant de renoncer en comprenant qu’il n’obtiendrait rien de moi.
Mon stratagème pour que Lucas me croie anéantie semblait fonctionner, mais, j’étais soucieuse pour Zach qui pouvait aussi penser que j’avais bel et bien l’intention d’en finir, ce qui, dans un sens, n’était pas totalement faux. Mais, que c’était difficile de le savoir triste et inquiet et de ne pas pouvoir le rasséréner ! Il me manquait tellement… Tout comme Pio d’ailleurs.
Mais, je repris mes esprits, concentrée sur ma mission à accomplir pour m’assurer qu’ils soient en sécurité, et retournai voir Antonin pour tout lui expliquer.

— Bien, dit-il en arborant un large sourire. Je vais m’y rendre et tu m’attendras ici.

— Hors de question ! Je veux venir ! me récriai-je.

— J’ai besoin de toi pour la suite du plan, tu t’en souviens ? Je ne peux pas te mettre en danger maintenant. Et puis, j’ai l’habitude des missions d’infiltration, je serais bien plus discret seul. Tu ne me fais pas confiance ?

— Bien sûr que non ! m’exclamai-je. C’est moi qui ai obtenu les informations, je veux venir !

— Bon, se résigna-t-il dépité. Tu monteras la garde alors.

— C’est tout ? m’énervai-je. Je veux pouvoir chercher moi-même là-bas et être certaine de ne pas passer à côté de quelque chose d’important.

— Tu attendras dehors ! m’ordonna-t-il en me regardant sévèrement. Je te garantis que je trouverai tout ce qui pourra nous servir. C’est mon métier et on poursuit le même but. C’est bien pour cela que tu souhaitais qu’on s’occupe de Lucas en premier, n’est-ce pas ? Pour être certaine que je t’aiderais autant que je le pourrais, condition sine qua non pour l’on puisse ensuite passer au cas de Serge.

— C’est vrai, admis-je. Bon, d’accord, je te laisse faire. Quand comptes-tu t’y rendre ?

— Cette nuit ! M’annonça-t-il impatient. Plus vite on bouclera cette affaire, plus vite on pourra passer à la suivante. Mais s’il est malin, ce qu’il cache risque de se trouver dans un coffre-fort, et si tel est le cas, nous aurons besoin de l’aide de l’un de mes amis. Si tu viens, tu ne devras en aucun cas lui adresser la parole.

— Parce qu’il est dangereux ? m’inquiétai-je.

— Plus que tu ne peux l’imaginer ! Dit-il un sourire narquois aux lèvres.

— C’est rassurant ! Pour un flic, tu as des amis… surprenants.

— Mais fort utiles !

Donc, ses amis forçaient des coffres ? Décidément, ce lieutenant était bien étrange…

Je savais qu’il fouillerait méticuleusement la maison, c’était dans son intérêt de le faire et je devais bien admettre que son aide m’était très précieuse, mais je savais aussi que tout ce qui l’intéressait était de pouvoir enfin faire condamner Serge, et donc de se débarrasser au plus vite de notre enquête sur Lucas. Je me demandais ce qu’il lui avait réellement fait. Son obsession laissait penser que ce n’était pas une affaire comme une autre pour lui…


*****

Le soir, nous nous rendîmes donc près de la demeure de la grand-mère de Lucas, qui se trouvait à une demi-heure de chez Antonin. Il gara sa moto derrière la maison, moyen de transport le plus efficace pour fuir au cas où nous aurions la malchance de croiser Lucas. Son ami se rangea derrière nous.
Je n’avais pas vu son visage, dissimulé sous son casque qu’il n’avait jamais enlevé, et il n’avait pas prononcé un mot. C’était certainement mieux ainsi…

L’immense demeure était isolée, à environ cinq cents mètres de l’habitation la plus proche, ce qui était une bonne chose pour nous, et était cachée derrière un mur en béton, qui en faisait le tour, et devait atteindre deux mètres de haut.
Nous descendîmes et approchâmes, aussi discrètement que possible, dans la nuit, seulement éclairés par la lune. Antonin semblait à l’aise dans l’obscurité, tandis que moi, j’étais en proie à une panique grandissante ! Il sortit une lampe frontale de sa poche qu’il mit autour de sa tête sans l’allumer et m’en tendit une semblable.

— Ne l’allume qu’en cas de besoin pour ne pas attirer l’attention. Bon, je vais passer par-dessus le mur et toi, tu vas me couvrir ! Si tu vois quelqu’un approcher, tu m’écris ou m’appelles immédiatement ! Compris ?

— Oui, chuchotai-je.

Ils grimpèrent avec aisance sur le mur, avant de disparaître de l’autre côté. Je me retrouvai seule, loin de toute vie humaine. Je ne voyais quasiment rien autour de moi et n’osais pas allumer la lampe. Je tentai alors de me concentrer sur les bruits environnants, mais mon cœur battait si vite et si fort qu’il me semblait n’entendre que lui.
Étant citadine depuis toujours et donc habituée à ce que les rues soient éclairées, je n’avais pas pensé que, dans un endroit aussi reculé, après le coucher du soleil, aucune source lumineuse ne permettrait de voir quoi que ce soit. Ma peur du noir commençait à s’emparer de moi…
J’avais la sensation que je manquais d’air et je dus m’adosser au mur de peur que mes jambes ne se dérobent. Je devais à tout prix me ressaisir ! Ma mission était simple, il fallait seulement que je sois capable de détecter le moindre bruit, ou mouvement suspect, pour alerter Antonin.

Je tentai donc de me concentrer et, à cet instant, je crus percevoir un bruit tout proche. Paniquée, je m’accroupis, n’étant pas certaine d’être en mesure de tenir debout plus longtemps. Il me semblait que mon cœur s’était arrêté. J’entendis des frôlements tout près de moi, ma respiration s’accéléra, devenant incontrôlable puis deux yeux luisants percèrent l’obscurité. Je me figeai, incapable de faire le moindre mouvement, et l’ombre disparue.
Je me rendis compte que j’avais cessé de respirer et pris une grande inspiration. Ce n’était qu’un animal…

Quelle peureuse !

Je n’étais vraiment pas faite pour ce genre de mission… Mais, comment ferais-je lorsque je devrais m’attaquer à Serge en suivant le plan conçu par Antonin ? J’aurais presque l’entière responsabilité de sa réussite, sans parler du fait que ce serait fort dangereux pour moi. Je n’étais pas certaine de pouvoir m’en sortir et bien que je ne tienne plus à poursuivre mon chemin dans ce monde, le quitter dans d’horribles conditions ne me tentait pas vraiment…
Un nouveau bruit me tira brusquement de mes pensées et me fit sursauter en hurlant.

Et merde ! Est-ce que quelqu’un m’avait entendue ?


Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant