Révélations part.2

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Aliya

Cela faisait une semaine que j’avais raconté à Zach tout ce que son frère m’avait fait. Je n’avais eu aucune nouvelle de lui et je n’avais pas essayé de le contacter non plus. Ne sachant ni ce qu’il faisait ni ce qu’il ressentait, je préférais ne pas penser à lui, ce qui, bien évidemment, m’était impossible.
Assise sur mon canapé, à côté de mon meilleur ami, je regardais la télévision, mais j’étais trop absorbée par mes pensées pour suivre ce qu’il s’y déroulait. La nuit était déjà bien avancée lorsque Pio me dit :

— Je vais aller me coucher, ça va aller toi ?

Je hochai la tête pour acquiescer. Mais, lorsqu’il se leva, on frappa à la porte et, surpris que l’on soit dérangés à une heure aussi tardive, il alla ouvrir. Je l’entendis répondre :

— Elle n’est pas là.

Puis, Zach fit irruption dans le salon. Son visage rougi et le manque de coordination de ses mouvements ne laissaient que peu de place au doute. Il était ivre. Il tituba jusqu’au canapé et s’assit à côté de moi, sous le regard soucieux de mon ami.

— On peut parler ? me demanda-t-il en ayant du mal à articuler.

Il empestait l’alcool et le trajet jusqu’ici avait dû être laborieux…

— Dans ton état ? répondis-je agacée. Je doute que ce soit une bonne idée.

— Je suis désolé, je…

— Après tout ce que je t’ai dit, tu as disparu une semaine sans rien me dire et tu penses que j’ai envie de parler ? le coupai-je. Ivre et en pleine nuit en plus.

Il eut un haut-le-cœur et courut aux toilettes rendre tout ce qui devait se trouver dans son estomac. Pio sourit et me demanda :

— Tu veux que je le ramène chez lui ?

— Non, c’est gentil, mais je ne peux pas le laisser seul dans cet état, répondis-je blasée. Mais tu peux aller te coucher, je m’en occupe.

Soulagé, il m’enlaça en me remerciant, puis partit se coucher. Je décidai d’aller voir mon patient pour la nuit.

— Ça va ? lui demandai-je, mi-agacée, mi-amusée de le voir ainsi.

Appuyé sur les toilettes, il répondit :

— Je suis content que ça te fasse rire.

Et il vomit à nouveau. Je m’assis par terre, et nous restâmes plusieurs minutes sans rien dire. Il finit par se relever et sourit lorsqu’il vit que j’avais gardé sa brosse à dents. Il s’en servit puis il se tourna vers moi sans savoir quoi dire. Je décidai donc de rompre le silence :

— Tu peux dormir ici si tu veux.

Je me levai, il se releva péniblement et me suivit dans le salon. Je dépliai le canapé avant de lui demander :

— Tu peux te tourner le temps que je me change ?

Il s’exécuta, je mis un short et un tee-shirt et me glissai sous la couverture.

— Tu peux venir dans mon lit tant que tu restes loin de moi.

Cette injonction qui, je l’espérais, lui montrerait la colère que je ressentais à son égard servait surtout à m’éviter d’être tentée de me blottir dans ses bras rassurants. J’étais partagée entre l’inquiétude qu’avait provoquée son énième perte de contrôle devant moi, la peur de le dégoûter parce que son frère avait posé ses mains sur moi, bien que je ne fus pas consentante, ainsi que par la colère parce qu’il m’avait abandonnée au moment où j’aurai eu besoin de son soutien.

Il enleva son pantalon, manquant de tomber deux fois et s’allongea près de moi. C’était la première fois que je le voyais dans cet état et je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qui l’avait poussé à boire autant et à venir chez moi ensuite. Trop de questions se bousculaient dans ma tête, mais il aurait été vain de les lui poser tant qu’il n’avait pas recouvré sa lucidité.

— Tu ne vas pas vomir sur mon canapé ? m’inquiétai-je.

— Non, ça va mieux, répondit-il en tentant de garder les yeux ouverts.

Mais, sa lutte fut vaine et le sommeil l’emporta.
Malgré les sentiments contradictoires que je ressentais, sa présence m’apaisait et me permit de m’endormir plus rapidement qu’à l’accoutumée.

*****

Le lendemain matin, lorsque je me levai, Pio et Zach buvaient un café en silence. Notre invité semblait encore mal en point…
Mon meilleur ami, quant à lui, était très en forme. Il se leva, m’embrassa et s’enquit de mon état après cette nuit mouvementée. Je savais qu’il avait prévu de passer la journée avec Dany et je ne voulais pas qu’il modifie ses plans à cause de la présence de Zach. Je lui assurai que tout allait bien et qu’il pouvait sortir l’esprit tranquille. Il consentit à partir non sans avoir pris la peine d’abord de me rappeler que je pouvais le joindre à tout moment, en cas de besoin.
Après son départ, je m’assis à table, en face de Zach qui fixait sa tasse aussi vide que l’était son regard.

— Je suis désolé pour hier soir, murmura-t-il.

— Ce n’est rien. Comment tu vas ce matin ?

— Un peu mieux.

Une question me tracassait depuis sa fuite une semaine plus tôt, mais, je craignais sa réponse autant que je désirais la connaître. Je me décidai tout de même à la lui poser afin d’être enfin fixée quant à ce qu’il pouvait penser et à me libérer de mon tourment. D’autant qu’il semblait prompt à fuir dès que la situation se compliquait et que je n’aurai donc peut-être pas d’autre occasion d’éclaircir ce point.

— Est-ce que je te… dégoûte à cause de… ce qu’il m’a fait ?

Il releva la tête et plongea son doux regard, qui reprenait peu à peu vie, dans le mien.

— Bien sûr que non ! Comment peux-tu y penser ? me demanda-t-il visiblement sous le choc. Le seul qui me dégoûte au plus haut point, c’est Lucas. Et, si j’ai été aux abonnés absents, c’est que je… m’en voulais d’être passé à côté de ça. À quel point, tu me détestes ?

— Ce que j’exècre par-dessus tout, c’est la violence, tu le sais, mais ça ne t’a pas empêché de faire un trou dans mon mur ! Ensuite, tu disparais sans me donner la moindre nouvelle, comme si ce que nous avions vécu n’avait jamais existé puis, tu reviens en pleine nuit, ivre et tu me demandes si je t’en veux ? Je crois que nous devrions en rester là et… arrêter cette relation qui ne mènera nulle part.

Il accusa le coup. Il semblait si triste que je ne parvenais pas à rester en colère contre lui.

— Tu te protèges et tu as raison. Je ne mérite probablement pas un nouveau pardon de ta part, mais, avant de prendre une décision définitive, je souhaiterais pouvoir te parler. Enfin… j’aimerais que tu me laisses une chance de m’expliquer ensuite, on fera ce que tu voudras. J’espérai pouvoir enfouir mon passé, mais il est la clé pour que tu puisses me comprendre. Ali, il faut que je te dise qui est Lucie…

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant