Départ

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Une heure plus tard, le bruit de clé dans la serrure m’annonça le retour de mon meilleur ami.
Depuis mon agression, j’avais toutes les peines du monde à le convaincre de sortir sans moi et lorsque, comme ce soir, je parvenais à le persuader qu’il pouvait me laisser seule, il n’osait pas dormir ailleurs que chez nous.
Je redoutais que cela puisse nuire à sa relation naissante avec Dany et que je devienne un poids pour lui.
Jusqu’à présent, personne ne s’était jamais soucié autant de moi, pas même ma propre mère.
Avec lui, j’avais découvert l’amour, le vrai. Un amour exempt de violence, où l’on peut tout se dire sans crainte des conséquences, où l’on peut être soi-même sans nécessité de dissimuler ses failles, de gommer certains traits de sa personnalité ou de modifier ses goûts.
Je l’aimais probablement plus que je n’avais aimé quiconque, je ne souhaitais que son bonheur et une discussion s’imposait donc pour qu’il ne se bride pas autant pour moi.

Lorsqu’il s’approcha, un sourire bienveillant aux lèvres, dont il ne se départait que rarement, illuminait son visage et il me couvait de son regard vert émeraude qui, à lui seul, avait le pouvoir de calmer mes angoisses sans qu’il ait besoin de prononcer le moindre mot.
Il m’enlaça, je posai ma tête contre son torse, bercée par les battements de son cœur, j’oubliai tout le reste l’espace d’un instant. Puis, il déposa un baiser sur mon front avant de s’asseoir sur notre canapé et de m’inviter à en faire autant.

— Comment s’est passée ta soirée ? m’enquis-je.

— Bien ! Je ne veux pas trop m’avancer, mais je crois que j’ai enfin trouvé quelqu’un qui pourrait me rendre heureux bien qu’il ne t’arrive pas à la cheville princesse ! Tu seras toujours l’amour de ma vie, sourit-il.

— Et toi, le mien ! Je suis ravie pour Dany et toi, tu mérites de trouver le bonheur. D’ailleurs, ne serait-ce pas bénéfique pour vous de passer vos nuits ensemble ? Je pourrais m’en sortir sans toi, tu sais…

— Tu me chasses ? s’inquiéta-t-il.

— Bien sûr que non ! Très égoïstement, j’espère que nous pourrons vivre ensemble le plus longtemps possible, mais je ne veux pas être un frein à ton épanouissement.

— Je te promets que ce n’est pas le cas princesse. J’ai déjà été déçu et je ne souhaite pas revivre la même chose. Je préfère prendre mon temps.

J’étais dubitative, mais je le connaissais suffisamment pour savoir qu’il était sincère. L’improbité ne lui seyait guère, lorsqu’il avait recours au mensonge, il avait le regard fuyant et une mine grave supplantait son habituel air enjoué.
Je me remémorai le soir où il avait tenté de m’expliquer la raison de ses difficultés financières, des dettes familiales avait-il prétendu. Mais les signes ne trompaient pas, il me cachait la vérité et s’était enlisé dans des explications absurdes. J’ignorai le motif de son mensonge, mais je respectai son choix.

— Au fait, reprit-il, dans quelques jours, pendant les vacances, je vais partir chez mes parents. J’y resterai deux semaines. Est-ce que tu veux venir ? Je suis certain que ma mère t’adorerait !

— Ne m’en veux pas, mais je ne suis pas très à l’aise en famille. Je préfère rester ici, mais je te promets de venir avec toi un jour pour les rencontrer.

— Rien ne presse, je me doutais de ta réponse, mais jure-moi que tu seras prudente en mon absence parce que mon cœur risque de défaillir si j’apprends qu’il t’est arrivé quelque chose et que je suis loin de toi ! Je ne veux rien t’imposer, mais il me semble qu’il serait plus sage que tu évites Zach durant mon absence. On ne connait pas ses intentions et, quelles qu’elles puissent être, son frère représente toujours un danger pour toi.

Son regard suppliant et l’inquiétude dans sa voix eurent raison de moi et je lui promis de ne rien faire d’inconsidéré en son absence.

Les traits de son visage se détendirent et il me questionna sur ma soirée et me répétant pour la énième fois qu’il réprouvait mon idée saugrenue de demander à Zach de m’accompagner dans le bar dans lequel son frère m’avait agressée.
Mais, il savait qu’il ne pouvait lutter contre mon opiniâtreté et me laissait donc faire malgré ses réticences justifiées.
Je lui résumai la soirée, mais je ne lui fis pas part de ma théorie qui nécessitait de trouver des preuves pour la corroborer.

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant