Aliya
Lorsque, pour la première fois, j'étais allée chez Zach il y avait plusieurs mois de cela, et qu'il m'avait montré le dossier, que sa mère lui avait remis, et qui détaillait ma vie, je m'étais étonnée de n'y lire aucune mention d'agression sexuelle. Ne savait-elle pas quel genre d'homme était son fils ? J'en doutais fortement, mais, soit elle l'ignorait, soit elle voulait que Zach n'en sache rien. Je penchais pour la deuxième option.
Autre élément important, Lucas avait agressé deux autres femmes dans cette ville, à la connaissance de son père, cela s'était produit toujours dans le même bar, mais, contrairement à moi, elles avaient été droguées et ne se souvenaient de rien.
Cet élément avait achevé de me convaincre, ma théorie était plausible !
Je me rappelais qu'il y avait une caméra dans la pièce où il m'avait agressée et je ne pensais pas que cela soit anodin. C'était un homme narcissique et vaniteux qui pouvait très bien vouloir garder des traces de ce qu'il faisait.
Mais pourquoi ne pas le faire chez lui ? Je n'avais pas toutes les réponses, mais c'était suffisant pour creuser.
Si je pouvais me procurer l'enregistrement de mon agression, Lucas ne se risquerait pas à se servir de la vidéo qui pouvait nuire à Zach sous peine que j'use également des preuves dont je disposerais contre lui.
Match nul ! Je ne prendrais pas encore l'avantage, mais ce serait un début. Viendrait ensuite la deuxième phase de mon plan, mais tout reposait sur la première, fort incertaine. Sinon, il restait le plan B, mais j'espérai ne pas avoir à en arriver là...
J'avais passé plusieurs soirées dans ce bar et j'avais appris deux choses. La première était que, la porte de la pièce dans laquelle Lucas m'avait entraînée, était verrouillée et donc, inaccessible au public. En outre, elle était bien dissimulée.
En effet, juste à côté des toilettes, se trouvait une porte avec un panneau « personnel uniquement » et lorsqu'on l'ouvrait, ce qui était possible parce que cette dernière n'était pas toujours verrouillée, on se retrouvait dans un minuscule débarras dont l'utilité pouvait questionner. En réalité, il y avait une seconde porte, sans poignée, qui s'ouvrait en appuyant, je ne savais où, mais je me rappelai que Lucas m'avait emmenée de l'autre côté de ce prétendu débarras. Je me souvenais bien m'être retrouvée dans une pièce d'une dizaine de mètres carrés, mais il m'était impossible d'y pénétrer à présent.
La deuxième chose que j'avais apprise était que le patron, un certain Serge, était une personne peu recommandable, qui serait impliquée dans divers trafics. Il serait, par conséquent, difficile d'obtenir de lui la preuve dont j'avais besoin, en supposant que la caméra enregistrait la nuit de mon agression et qu'il ait gardé la vidéo. Cela faisait beaucoup de si...
Vint enfin le fameux samedi durant lequel j'avais prévu de passer à l'action. Zach avait promis de m'attendre chez moi pour ne pas entraver le bon déroulement de mon plan, mais, en réalité, je le mettais à l'écart pour le protéger, je lui avais donc menti sur l'endroit dans lequel je me trouverais pour qu'il ne puisse pas me suivre.
J'avais pu apercevoir le patron et je décidai de tenter de lui parler dans son bureau tant que son bar était encore bondé, pour minimiser les risques que je prenais. D'après sa réputation, il valait mieux ne pas se retrouver seule avec lui.
Derrière le comptoir, il y avait un escalier qui menait à son bureau. Je montai donc et frappai à la porte. On m'ordonna d'entrer et je me retrouvai dans un sas dans lequel se trouvaient deux colosses qui gardaient une porte, le bureau de Serge.
— Que viens-tu faire ici ? gronda l'un d'eux.
— Je dois parler à votre patron ! répondis-je avec aplomb. Et il a tout intérêt à écouter ce que j'ai à lui proposer !
Ils se mirent à rire puis un sourire salace s'afficha sur le visage de l'un d'eux alors qu'il lorgnait mon corps.
— Montre-moi à quel point tu souhaites le voir !
Un frisson de dégoût me parcourut, mais je soutins son regard pour cacher ce que je ressentais et paraître assurée malgré tout.
— Laissez-la entrer ! hurla une voix masculine provenant de l'intérieur du bureau.
— Je serais là quand tu sortiras, sourit-il.
Ils me laissèrent passer et je me maudis d'être venue ici sans avoir averti personne. J'avais eu trop peur d'impliquer Pio ou Zach et s'il m'arrivait malheur, personne ne viendrait à mon secours, mais, il était trop tard pour reculer.
Je m'avançai d'un pas décidé, ne laissant rien paraître de la terreur qui m'envahissait. Serge était assis derrière un immense bureau et je lui fis face en restant debout. Les deux gardes refermèrent la porte derrière moi, nous laissant seuls.
— Alors jeune fille, que devrais-je écouter avec intérêt ? me questionna-t-il en me dévisageant.
C'était un bel homme d'une cinquantaine d'années à la musculature développée. Il émanait de lui une grande prestance et son arrogance se lisait sur ses traits.
— Vous avez un enregistrement qui m'appartient et je veux le récupérer, répondis-je en soutenant son regard malgré la peur que cet homme m'inspirait.
— J'aime ton audace ! Mais elle causera ta perte. J'ai deux gardes à l'extérieur qui attendent avec impatience que tu sortes pour s'occuper de toi, dit-il un sourire torve aux lèvres.
— À cette heure-ci ? Avec le monde qui se trouve en bas ? Je doute qu'ils me fassent du mal avec autant de témoins potentiels dans les parages. Alors, je reprends, je suis en possession d'une vidéo qui pourrait grandement nuire à vos affaires. Je vous conseille donc de me remettre l'enregistrement que je veux et les preuves que j'ai contre vous disparaîtront. Ainsi, tout le monde est gagnant. Je tiens à préciser que, si je disparaissais ce soir, cette vidéo serait diffusée partout, ce qui amènerait la police à mettre le nez dans vos affaires et je suis convaincue que ce n'est pas dans votre intérêt.
Je lui lançai une clé USB qui contenait ce que j'avais amassé sur lui et ses activités illicites.
— Voyez par vous-même, repris-je.
— Tu penses vraiment pouvoir me faire chanter ? dit-il sur un ton menaçant et en se levant avant d'avoir pris le temps de visionner le contenu de la clé.
Il s'approcha de moi, me forçant à reculer jusqu'à être acculée au mur. Puis, il me saisit à la gorge, rendant ma respiration difficile, sans pour autant empêcher l'air de parvenir à mes poumons. Du moins, pour le moment. La panique s'empara de moi faisant s'affoler les battements de mon cœur, mais, je devais à tout prix garder la tête froide. Il voulait prendre l'ascendant par la force, je devais me montrer plus maligne et ne pas flancher maintenant. Je tentai vainement de retirer sa main, mais il était beaucoup plus fort que moi. Finalement, il desserra son emprise et répéta :
— Tu penses pouvoir me faire chanter ?
Je repris laborieusement mon souffle, ma gorge me brulait atrocement et mes jambes peinaient à me soutenir. Pourtant, j'ancrai mon regard au sien et répondis avec une assurance feinte :
— Je pense que vous n'avez aucun intérêt à ce que la police ait ces enregistrements entre les mains. Remettez-moi la vidéo dont j'ai besoin et je ne fouinerai plus dans vos affaires.
— Tu ne fouineras plus jamais nulle part ! gronda-t-il.
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Aliya (sauve-moi) - Tome 1
RomanceA cause de lui, elle allait tout perdre. Sans lui, elle n'aurait rencontré ni ses amis ni l'homme qu'elle aime. Mais, jusqu'où devra-t-elle aller par amour? "Ma première année à l'université devait être synonyme de nouveau départ mais surtout, de tr...