Nouvelle avancée

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Lorsque Antonin rentra, un large sourire étirait ses fines lèvres, et il vint s’asseoir près de moi, sur le canapé.

— Elle s’appelait Charlène Varux. Son corps a été retrouvé il y a trois ans. La police a l’ADN de son agresseur, ils ont trouvé de la peau sous ses ongles et du sperme, mais aucune correspondance et aucune piste sérieuse donc, leur enquête est au point mort.

— Ce qu’elle a subi est atroce ! Et dire que ses proches ne savent toujours pas ce qui lui est arrivé… Mais, pourquoi as-tu l’air si… heureux ? m’étonnai-je, son attitude n’étant pas du tout en adéquation avec cette si triste découverte.

— Parce que maintenant que je sais qui elle est, je vais pouvoir envoyer, anonymement, la vidéo sur laquelle Lucas la tue à l’enquêteur chargé de cette affaire, en précisant le nom du meurtrier. Ainsi, mes collègues auront tout ce qu’il faut pour poursuivre leur enquête et monter un solide dossier contre Lucas. Bien sûr, il s’entourera des meilleurs avocats, mais nous aurons fait ce que nous pouvions et ce sera à la justice de se charger de son cas. Félicitations Sherlock ! Tu as fait du bon travail !

— Et bien, j’imagine qu’il me sera difficile de faire mieux… Mais, même s’il ne peut pas savoir que je suis à l’origine de l’envoi de la vidéo, tu ne crois pas qu’il pourrait penser que j’en suis la responsable et vouloir se venger ? Son père m’a dit qu’il se méfiait de moi…

— C’est une possibilité d’autant que Lucas est tellement riche, qu’en un appel, il pourrait te supprimer sans se salir les mains.

— Belle perspective ! répondis-je ironiquement. Donc, j’ai le choix entre ne rien faire et tenter de le faire condamner en prenant de gros risques ?

— Oui, mais… commença-t-il, hésitant.

— Mais quoi ? Demandai-je curieuse.

— Mais on pourrait s’assurer qu’il ne puisse jamais apprendre que la fuite venait de toi ou d’un membre de sa famille comme l’homme que tu aimes, mais qui, étrangement, n’est pas là pour toi en ce moment, lâcha-t-il un sourire narquois aux lèvres.

— Garde ton avis pour toi ! m’énervai-je. Comment pourrait-on l’en persuader ?

— En faisant en sorte qu’il pense que Serge l’a trahi.

— Comment ? m’impatientai-je.

— Je ne sais pas encore… Il faut que j’y réfléchisse, dit-il pensif.

— Je ne veux pas que Lucas cherche à se venger de son frère ! Si tu ne trouves pas de solution, j’aimerais qu’il sache que la fuite venait de moi ! m’exclamai-je.

— Tu es exaspérante ! souffla-t-il en levant les yeux au ciel. Tu ne vas pas mourir alors, on fera en sorte que tu ne risques rien lorsque tout sera fini. Je trouverai une solution, laisse-moi juste un peu de temps !

Je me demandai s’il était stupide ou s’il ne se rendait pas compte à quel point son plan était foireux ! Enfin, pour moi, parce que lui avait le meilleur rôle !

— Mes amis non plus ne risqueront rien ? C’est sur eux que tu dois te concentrer, je te rappelle !

— Promis ma belle, sourit-il. D’ailleurs, où sont-ils en ce moment ? Ils ne sont pas inquiets de savoir que tu passes tes journées, et surtout tes nuits, chez moi ?

Mes yeux se voilèrent malgré moi, ce qui n’échappa pas à mon hôte. J’aurai été bien incapable de répondre à ces questions qui éveillaient tant de douleur en moi. J’espérais seulement qu’ils ne m’avaient pas déjà oubliée…

— Tu sais à quoi sert la pièce dans laquelle je me suis fait agresser ? demandai-je pour changer de sujet.

— Je l’ignore. Elle ne figure sur aucun plan du bâtiment comme si elle n’existait pas. Et, Serge est très prudent, dans son bureau, il ne parle que des affaires qui concernent son business légal, jamais du reste et je ne l’ai jamais entendu mentionner cette pièce. J’imagine qu’elle doit lui servir notamment lorsqu’il gère ses activités illégales, mais, je n’ai jamais pu y pénétrer et donc, jamais pu la mettre sur écoute.

— Mais dans ce cas, pourquoi y a-t-il une caméra ? Il risque de laisser bêtement des preuves de ce qu’il fait là-bas, non ? demandai-je interloquée.

— Si je n’ai pas eu connaissance de sa présence avant que tu ne m’en parles, c’est qu’elle ne doit être connectée à aucun réseau, ainsi, on ne peut pas la pirater et elle doit enregistrer sur un disque dur interne ou externe et Serge est probablement le seul à pouvoir visionner les vidéos sur son ordinateur. Quant à savoir ce qu’il souhaite filmer avec, je n’en ai aucune idée !

— Mais comment Lucas pouvait connaître l’existence de la pièce ?

— Tu me poses bien trop de questions ! S’agaça-t-il. La raison plausible qui me vient à l’esprit, c’est qu’il avait déjà dû y aller et donc qu’il participe ou profite, de quelque manière que ce soit, aux activités illégales de Serge. Il lui vend peut-être de la drogue… Je ne saurais te le dire. En revanche, ce qui est certain, c’est qu’il avait suffisamment confiance en lui pour se laisser filmer là-bas, sans masquer son visage.

— Oui, ça me paraît risqué… Il semble trop sûr de lui…

Et nous avions trouvé trop facilement des preuves pour l’incriminer…

— Donc, on ne saura jamais à quoi servait cette mystérieuse pièce… repris-je déçue de ne pas avoir toutes les réponses à mes questions.

— Dans bon nombre d’enquêtes, nous ne parvenons pas à obtenir toutes les réponses. Des zones d’ombre subsistent et nous hantent à jamais. Espérons que l’on pourra en apprendre davantage chez Serge.

— Oui et à ce propos, pourquoi t’intéresse-t-il tant ? Je doute que le trafic de drogue soit une raison suffisante pour que tu sois à ce point obsédé par cet homme.

— Il veut ta mort donc tu as autant besoin que moi de le rayer de la carte, répondit-il durement.

— Tu ne me dis pas tout ! pestai-je.

— Ça ne faisait pas partie de tes trois conditions, me nargua-t-il. Tu aurais dû mieux choisir, ma belle, mais tu étais probablement trop ivre pour ça.

— Sais-tu que tu as l’incroyable capacité de passer en un instant de sympathique à antipathique ?

Il plongea son regard, à la fois provocant et amusé, dans le mien. Il savait qu’il avait l’ascendant sur moi. Je ne pouvais me passer de son aide puisque, même après nous être occupés de Lucas, il était certain que Serge ne me ferait aucun cadeau. J’en savais trop sur lui. Alors, je n’étais pas vraiment en mesure de négocier quoi que ce soit avec Antonin et je devais, pour le moment, me contenter des maigres réponses qu’il daignait m’apporter.

Mais je me promis de les trouver moi-même plus tard, si j’en avais la force, et que je survivais à ce que j’allais très vite devoir faire…



Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant