Retour à la maison

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Aliya

Grâce à Zach, j’avais vécu dans une bulle imperméable au monde qui nous entourait durant quelques jours et je lui en étais reconnaissante. Mais la réalité finit toujours par nous rattraper. Je ne pouvais me soustraire à mes obligations professionnelles et il nous fallut donc rentrer.

Travailler dans un lieu bondé en permanence avait le considérable avantage de me permettre de me sentir en sécurité puisqu’il y avait trop de monde et donc, de témoins potentiels, pour que Lucas ose s’en prendre à moi. Cela occupait également mon esprit qui avait une fâcheuse tendance à vagabonder dès qu’il en avait l’occasion et était plus enclin à me ramener dans une cave sordide qu’au pied de montagnes enneigées.

Mon patron, un homme peu scrupuleux et cupide, ne vit point d’objections à ce que je sois plus lente qu’à l’accoutumée à cause de ma blessure, dans la mesure où, je venais travailler dès qu’il m’appelait et quelque soit l’heure, mais surtout, parce que j’acceptais de faire quelques heures supplémentaires pour compenser mon manque d’efficacité temporaire.
Lorsque j’avais fini, Zach venait me chercher en voiture pour m’épargner les trajets et m’éviter de retourner chez moi seule la nuit. Comme Pio ne devait rentrer que quelques jours plus tard, il restait dormir avec moi et je devais bien avouer que j’aimais sa compagnie.

*****

Allongée sur le ventre, sur mon canapé déplié, je souriais tandis que les doigts de Zach parcouraient langoureusement mon dos nu.

— Tu devrais cesser de travailler le temps de ta guérison, dit-il en déposant un baiser sur mon omoplate.

— Tu devrais me refaire l’amour avant que le livreur arrive, répondis-je en approchant mes lèvres des siennes.

— Je préfère patienter et avoir tout mon temps, chuchota-t-il tout près de mon oreille faisant frissonner mon corps malgré la chaleur que le sien diffusait sous le fin drap qui nous recouvrait.

— Dans ce cas, en attendant, tu pourrais m’en dire plus sur Zach Serviano. On est parti en vacances ensemble pourtant, je ne connais que peu de choses à ton sujet.

— Tu en sais davantage que la plupart des gens. Mais, d’accord. Quand j’étais petit, mes parents étaient rarement là et, lorsque je m’ennuyais, pour tuer le temps, je dessinais. J’ai fini par aimer ça. D’ailleurs, j’ai dessiné tous mes tatouages, je voulais qu’ils aient un sens, qu’ils me représentent et que personne ne puisse avoir les mêmes. Je fais beaucoup de sport, je deviens insupportable si je ne peux pas en faire, c’est mon exutoire et ma drogue. À ton tour, qui est Aliya Alanis ?

— Une fille qui n’a jamais su se taire quand il le fallait, ce qui m’a attiré pas mal d’ennuis. J’adore lire, j’ai une préférence pour les romans entre le 18e et le début du 20e siècle. La révolution industrielle me passionne. J’aime les auteurs engagés qui me font découvrir leur époque et posent un regard critique sur leur société à l’instar de Thomas Hardy dans Tess d’Urberville. J’adore danser, ça me permet d’évacuer quand ça ne va pas. Et, je pense qu’une vie sans chocolat n’a aucun sens !

— Je préfère tout ce qui est salé et je suis un piètre danseur, sourit-il.

— Je t’apprendrais, répondis-je en souriant. Et… toi et moi, on est quoi ?

— Tout ce que je sais c’est que, malgré tout ce qui s’est passé, je suis bien avec toi et que je n’avais pas été aussi heureux depuis… plusieurs années.

Moi aussi Zach, et ça me fait peur d’être aussi bien avec toi…

Tout à coup, j’entendis des bruits de pas provenants de la cage d’escalier qui se rapprochèrent, atteignirent mon étage et s’arrêtèrent près de mon appartement. Je pouvais déceler une ombre qui interrompait les rayons de lumière qui filtraient sous ma porte.
Je me redressai brusquement tandis qu’une clé tournait dans ma serrure.
Une valise fit son apparition, suivie de…

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant