Rentrée catastrophique

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Aliya

Une semaine plus tard

Assise à une table à la cafétéria de mon université en compagnie de Pio, Marc et Alex, je m’entraînai à écrire de la main gauche tandis que mes amis engloutissaient leur sandwich en riant de ma grande peine à former des lettres sur le papier. J’étais loin d’être ambidextre et en dépit de l’application dont je faisais preuve pour améliorer mon écriture, celle-ci restait difficilement déchiffrable.
Heureusement pour moi, Alex notait nos cours, ce qui m’évitait de le faire. En revanche, je devais être capable de rédiger mes devoirs ainsi que les examens à venir.
Je laissai tomber ma tête sur ma copie. Mon front reposait contre l’encre séchée depuis fort longtemps des premières lignes que j’avais laborieusement écrites, et qui semblaient me narguer en exposant aux yeux de tous, la maladresse de ma main valide.

— Je n’y arriverai jamais… marmonnai-je dépitée.

— Je t’ai connue plus combative, s’amusa Marc. Si tu ne nous avais pas caché ce qu’il t’était arrivé, j’aurais pu te donner mes astuces de gaucher !

Je levai la tête pour le fusiller du regard, mais je croisai celui de Lucas, qui m’observait. Un large sourire étirait ses lèvres qu’il humidifia en passant lentement sa langue dessus tout en maintenant le contact visuel avec moi.
Je m’étais imaginé cette scène des centaines de fois… mon inéluctable rencontre avec lui après ce qu’il s’était passé. Je savais qu’il me serait impossible de l’éviter, nous étions dans la même université et il avait l’air de prendre un malin plaisir à me le rappeler.
J’étais habituée à enfouir au plus profond de moi les souvenirs dont j’avais un besoin absolu de me défaire. J’étais passée maître dans cet art, en revanche, ma mémoire corporelle semblait me trahir et, malgré toutes les barrières érigées par mon esprit, en voyant cet homme, je pouvais, sentir ses mains me parcourir et ses doigts caresser des parties bien trop intimes de mon corps.

— Putain ! Je vais le tuer ! hurla Pio qui me sortit brusquement de la bulle d’horreur dans laquelle je m’étais enfermée.

— Ne fais rien, je t’en supplie, répondis-je d’une voix à peine audible.

Je me rendis compte que je tremblais et que j’avais cessé de respirer un court instant, ce qui n’avait, visiblement, pas échappé à mes amis.

— On ne va tout de même pas le laisser s’amuser à te narguer sans rien faire ! s’insurgea Marc.

— Ali est la première concernée alors écoutez-la ! s’exclama Alex en prenant ma main. Et, Lucas cherche probablement à vous énerver donc, évitez de lui faire le plaisir de réagir trop vivement.

— Je vais lui faire ravaler son sourire et lui montrer qu’on ne s’en prend pas à notre amie sans conséquences ! s’énerva Marc qui semblait ne pas vouloir entendre raison.

J’étais tétanisée par la peur, mon seul réconfort était que le visage du frère de Zach était maculé d’ecchymoses, traces des coups que son cadet lui avait portés pour me défendre quelques jours plus tôt. Je ne pouvais que comprendre l’envie qu’avait mon ami de se venger, mais je ne souhaitais pas que la situation s’envenime et que l’on assiste à une escalade de violence dont l’issue risquerait d’être tragique.

— Laissez tomber, les suppliai-je. Il vaut mieux l’ignorer…

— Plus facile à dire qu’à faire princesse, vu l’état dans lequel ça te met de le revoir, rétorqua mon meilleur ami.

— Je… j’ai besoin de prendre l’air, balbutiai-je en commençant à ranger mes affaires.

Il m’était impossible de masquer la peur qui s’était emparée de mon être alors, je préférai fuir en attendant que je sois capable de museler les réactions de mon corps lorsque je croisai Lucas.
Mais, à cet instant, tous les regards convergèrent vers une silhouette qui venait de percuter de plein fouet mon tortionnaire qui fut projeté contre le mur puis entrainé sans ménagement vers la sortie de la cafétéria.

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant