Au cœur de la tempête part.3

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Aliya

J'étais parvenue à ne pas m'effondrer devant Zach lorsqu'il m'avait confirmé devoir me quitter, mais à présent que j'étais seule chez moi, je pouvais enfin laisser libre cours à ma détresse et pleurer toutes les larmes de mon corps.

Nous avions parlé et fait l'amour jusqu'au petit matin. Il veillerait sur moi autant qu'il le pourrait en restant à distance et je devais le prévenir si les choses tournaient mal. Mais, malgré ses tentatives pour me rassurer et sa promesse de m'attendre, je craignais que nos retrouvailles ne tardent trop. Il me manquait déjà... En outre, le poids sur mes épaules était encore plus lourd à porter. Tout dépendait de la réussite de mon plan. Moi, une gamine de dix-huit ans qui fêterait, d'ailleurs, son anniversaire, qui avait lieu la semaine suivante, probablement seule.

Accablée, mais toujours déterminée à faire payer Lucas, je passais une bonne partie de ma matinée à poursuivre mes recherches et à éplucher les documents, provenant de l'ordinateur de la mère de Zach, que je n'avais pas encore lu.

Après avoir passé plusieurs heures devant mon écran, mes yeux commençaient à me brûler, il était grand temps de faire une pause, mais, avant cela, j'ouvris un dernier fichier dont le nom intrigant éveilla ma curiosité... Je lâchai subitement mon verre, stupéfiée par ce que je venais de découvrir !

Je dus le relire plusieurs fois pour m'assurer que je ne rêvais pas. Je n'avais pas encore toutes les clés pour comprendre, mais j'étais abasourdie par cette révélation, parce que cela changeait tout ! Et je fus persuadée que c'était cela, que la mère de Zach voulait que je découvre. Il allait falloir que je creuse cette piste au plus vite !

Mais je n'en eus pas le temps. Je dus me faire violence pour enfiler une tenue convenable et aller passer l'un de mes derniers examens de l'année. Et tout cela, bien entendu, sans m'effondrer en public.

À nouveau chez moi, je voulus reprendre mes recherches lorsque, tout à coup, j'entendis des bruits de pas sur mon palier. Je reportai mon attention sur ma porte quand soudain, il y eut un violent choc contre cette dernière qui fit trembler les murs. Je me levai paniquée, n'ayant aucune issue. Le second coup ne tarda pas, ma porte fut enfoncée avec fracas et deux colosses pénétrèrent dans mon appartement. Moi qui pensais être protégée, j'étais bien naïve...

L'un d'eux resta près de la porte tandis que l'autre s'approcha dangereusement de moi. Il m'était impossible de fuir et malgré tout ce que m'avait appris Marc, je savais que je ne faisais pas le poids.

L'homme me plaqua violemment contre le mur, son avant-bras sur ma gorge, mes pieds ne touchaient plus le sol. Je m'agrippai à son bras comme je le pouvais et tentais d'enfoncer mes ongles dans sa peau pour le faire lâcher prise, mais il ne semblait, en aucune façon, incommodé par mes vaines tentatives de ripostes. Ma gorge me faisait souffrir et je ne parvenais pratiquement plus à respirer. Il était prêt à me tuer et personne ne viendrait me sauver cette fois-ci...

Brusquement, il me lâcha et je tombai à genoux devant lui, peinant à reprendre ma respiration. Il m'assena un violent coup de pied dans la tête qui me fit basculer sur le côté. J'étais sonnée, incapable de réfléchir et effrayée à l'idée de ce qu'ils prévoyaient de me faire.

Pourquoi est-ce que je me mettais toujours dans des situations aussi dangereuses ?

Puis, il se baissa pour le dire :

— Ce n'était qu'un avertissement. La prochaine fois, tu ne te relèveras pas.

Et ils disparurent, me laissant seule, étendue sur le sol de mon appartement dont la porte ne fermait plus.

*****

— Ali ! Ali, réveille-toi !

J'entendis une voix, lointaine, mais mes paupières closes ne me permettaient pas de savoir qui me parlait. Était-ce un rêve ?

— Ali ! Je t'en prie, réveille-toi !

Je sentis mon corps être secoué et au bout de quelques secondes, je parvins enfin à ouvrir les yeux sur deux billes émeraudes qui me dévisageaient.

— Ali, tu m'entends ? cria-t-il paniqué.

— Oui, murmurai-je.

Pio m'aida à me redresser, je restai assise contre le mur, incapable, pour le moment, de me mettre debout.

— Que s'est-il passé ? Tu as... de gros hématomes... et pourquoi la porte est défoncée ?

J'aurais voulu lui mentir. Je savais qu'il ne supportait déjà pas ce que nous vivions et j'avais peur que cet incident ne soit... celui de trop.

Pourtant, je lui racontais ce qu'il s'était passé pour tenir la promesse que je lui avais faite quelques jours plus tôt, celle de ne plus rien lui cacher.

— Tu penses que ce sont des hommes de Serge ?

— Je ne sais pas, je ne les avais jamais vus...

Et s'ils avaient été envoyés par Lucas ? Il en avait les moyens, tout comme Serge d'ailleurs. Je m'étais fait bien trop d'ennemis...

— Christopher va venir t'examiner, m'annonça-t-il. Il va aussi faire venir quelqu'un pour réparer la porte. Tu vois de qui je parle ?

— Du père de Zach. Inutile de me tester, ma tête va bien, donc, tu peux lui dire qu'il n'a pas besoin de venir. Je vais parfaitement bien, le rassurai-je.

— Bien ? s'écria-t-il. Je viens de te trouver inconsciente dans notre appartement, la porte grande ouverte et défoncée ! Et tu prétends que tu vas bien ?

— En tout cas, je n'ai pas besoin de voir un médecin, répondis-je alors que ma tête ainsi que mes cervicales me faisaient atrocement souffrir.

— Tu n'es pas convaincante, maugréa-t-il.

— Et qui va réparer notre porte en pleine nuit ? demandai-je étonnée.

— Quoi ? s'exclama-t-il en m'observant soucieusement. Ali, il est neuf heures du matin...

— Oh... J'ai dormi longtemps... J'ai mon dernier examen cet après-midi, il faut à tout prix que je puisse y aller.

— On avisera en fonction de ce que Christopher dira de ton état. Ali, rien ne va plus ! Je ne sais pas comment tu fais pour supporter cette situation, mais c'est de pire en pire... J'ai vraiment peur que cette histoire finisse mal. Tu devrais renoncer et profiter des vacances pour disparaître quelque temps !

— Je sais... et je m'en veux de t'imposer tout ça, mais, même si je voulais tout arrêter, je ne le pourrais pas. Serge ne m'oubliera pas si facilement ni Lucas, je le crains.

— Je sais, pesta-t-il. Je suis juste las de passer mon temps à te retrouver dans un sale état et d'avoir peur que... qu'un jour, tu ne te relèves pas.

Il m'aida à me lever et m'emmena sur le lit pour que je puisse m'allonger. Il resta près de moi, en me serrant dans ses bras, jusqu'à ce que Christopher arrive.

Ce dernier tenta de me convaincre de me rendre à l'hôpital pour pouvoir m'examiner, ce que je refusai catégoriquement. Il estima tout de même qu'il y avait de grandes chances pour que je n'aie rien de grave, mais il fut mécontent de ne pas pouvoir le vérifier. Mais le plus dur fut de le convaincre de ne pas appeler Zach sans évoquer notre séparation dont je n'avais pas envie de parler. Pio ne devait pas le savoir pour le moment, je ne voulais pas l'inquiéter davantage.

Je pus passer mon tout dernier examen, mais je redoutais les vacances qui s'annonçaient... chaotiques...

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant