L'inconnu

195 46 58
                                    

Quelques jours plus tard, je pus enfin quitter l'hôpital et rentrer chez moi. Mes blessures étaient encore très douloureuses et il me faudrait du temps pour aller mieux, pouvoir retourner en cours et sortir, mais au moins, je serais dans un lieu agréable.

Alexandra, Pio et Marc étaient venus me chercher. Ils avaient été très présents pour moi et s'étaient relayés pour que je sois seule le moins souvent possible...

Enfin de retour dans mon refuge, Pio m'aida à m'allonger sur notre canapé que j'étais heureuse de retrouver et qui serait mon meilleur ami pour les jours à venir !
Mais ma bonne humeur prit fin lorsque je vis l'expression inquiète de mes amis.

— Ali, commença-t-il, j'ai l'impression que tu nous caches quelque chose... Je comprends que tu n'aies pas envie de nous raconter tout ce qu'il s'est passé, mais j'espère que tu sais que tu pourras le faire dès que tu seras prête. Tu nous as dit que tu ne te rappelais pas tout, mais c'est faux, n'est-ce pas ? Et, tu sais qui est ton agresseur ?

— Lucas... soufflai-je.

— Pourquoi tu ne nous as rien dit ? s'écria Marc.

— Ce n'est pas la seule chose que je vous ai cachée...

Je leur expliquai en détail la visite de l'inconnu à l'hôpital.

— Vu la description que tu fais de ton mystérieux inconnu, ça doit être Zacharie, le petit frère de Lucas, m'annonça Alex. Il est dans la même université que nous, mais il est assez discret et solitaire donc je sais peu de choses à son sujet. Mais ce qui est étrange c'est qu'on raconte qu'il n'est pas proche de son frère et qu'ils sont en froid depuis un incident qui aurait eu lieu il y a plusieurs années. D'ailleurs, nous l'avons déjà croisé, il fait des études de droit comme nous... mais, il est en troisième année.

— J'aurais préféré qu'il ne soit pas dans la même fac...

— On fera en sorte que tu ne sois jamais seule, je te le promets, me rassura Pio. Je ne laisserai plus personne te faire de mal.

— Tu es adorable, mais vous ne pourrez pas toujours être là et... il n'est pas si.. Effrayant contrairement à Lucas. J'ai toujours su me défendre pourtant là, j'étais... paralysée par la peur et maintenant, j'ai peur de sortir et de le croiser à nouveau...

— On ne le laissera pas t'approcher ! Et, tu devrais tout de même rester sur tes gardes concernant Zacharie, me prévint Marc.

— Évidemment, mais, même s'il a été menaçant, je n'ai pas eu l'impression qu'il aurait pu être violent physiquement avec moi. Peut-être que je me trompe...
Bon, parlons de quelque chose de plus joyeux, j'ai besoin de me changer les idées et je ne veux pas que tout tourne autour de ce qu'il m'est arrivé. Alors, à qui tu passes ton temps à écrire ? demandai-je à Pio en souriant.

— Euh... j'ai rencontré quelqu'un, me répondit-il tandis qu'un grand sourire illuminait son visage.

— Depuis quand ? m'écriai-je, et pourquoi ne m'as-tu rien dit ?

— Ce n'était pas vraiment le bon moment... Il s'appelle Dany et je te le présenterai dès que tu pourras retourner à la fac, promit-il.

— Ça me donne une bonne raison pour y retourner, souris-je.

 

*****

J'étais allongée sur le sol et je suffoquais tandis que ses mains serraient ma gorge de plus en plus fort.
Il relâcha enfin la pression, mais seulement pour m'asséner plusieurs coups violents dans le ventre. Je sentais mes cotes se briser à nouveau et je commençais à sombrer tant la douleur était insupportable.

— Tu n'es rien, chuchota-t-il dans le creux de mon oreille. Et si tu crevais maintenant, personne ne te pleurerait. Personne ne t'aime et personne ne t'aimera jamais. Tu pensais pouvoir être heureuse, loin de moi ? Mais tu as croisé la route de Lucas... Tu vois, finalement, peut-être que le problème ne venait pas de moi.

Son sourire démoniaque me retournait l'estomac.
Soudain, deux mains me saisirent et m'éloignèrent de lui.
Lucas...
Il me releva et me plaqua contre le mur, son corps était collé contre le mien.

— Salut ma belle, tu ne m'as pas oublié j'espère. Tu sais que tu es bandante... et, la dernière fois, je n'ai pas pu finir ce que j'avais commencé...



Je me réveillai en sursaut, paniquée.

Tout va bien, ils ne peuvent pas être ici.

Mais la terreur était plus forte que ma raison et je me levai d'un bond pour aller allumer et vérifier que ce n'était qu'un cauchemar. Une vive douleur me stoppa dans mon élan et je dus me rasseoir, dans le noir complet...

Merde... pourquoi la veilleuse n'est pas allumée ?

Je commençai à avoir de plus en plus de mal à respirer.

Oh non, je fais une crise d'angoisse...

Mon cœur était comme dans un étau et je ne parvenais plus à maîtriser ma respiration.
Soudain, j'entendis un grincement et mon cœur s'arrêta. Cette fois, je ne parvenais plus à juguler la panique qui avait pris possession de chaque cellule de mon corps.

— Respire Ali, tout va bien, je suis là.

Je fus éblouie par la lumière et je sentis deux mains chaudes se poser sur mes joues.

— Regarde-moi Ali, tout va bien, me dit Pio en relevant mon visage pour capter mon regard. Respire en même temps que moi.

J'essayai de caler ma respiration sur la sienne et, je me calmais progressivement puis, je fondis en larmes dans ses bras. Pio avait attendu patiemment que je me libère de mon trop-plein d'émotion puis il s'allongea et m'attira près de lui.

— Je suis désolé d'avoir éteint la lumière princesse. J'avais oublié que...

— Ce n'est rien, le coupai-je. Je crois que tu serais plus heureux sans moi...

— Je serais surtout à la rue, sourit-il. On a tous les deux nos problèmes et on s'entraide. C'est à ça que servent les amis, non ?

— Tu es la famille que je rêvais d'avoir...

— Toi aussi princesse, alors, ne dis plus jamais ce genre de conneries.

*****

Quelques jours plus tard, je pus retourner à l'université. Comme Alexandra était malade et donc absente, Pio m'accompagna jusqu'à mon amphithéâtre.
La matinée fut difficile pour moi, j'avais du mal à me concentrer sur mes cours, je ne cessai de regarder autour de moi pour vérifier que Lucas n'était pas là pourtant, je savais qu'il n'étudiait pas le droit et que c'était peu probable que je tombe sur lui ici.
A la pause de midi, j'allai m'asseoir à la cafétéria en attendant que Pio et Dany, qui finissaient leurs cours plus tard que moi, arrivent. J'avais hâte de pouvoir enfin rencontrer le copain de mon meilleur ami !
Mais quelques minutes plus tard, ce fut Zacharie qui s'assit à ma table, un café à la main.

— Bonjour Aliya, comment vas-tu ?

— Bonjour Zacharie, répondis-je pour lui montrer que je connaissais aussi son prénom, moins bien depuis que tu es là.

— Appelle-moi Zach.

— On est déjà passé au tutoiement et aux diminutifs ?

— Tu as réfléchi ? Éluda-t-il.

— Tu ne me laisses pas le choix donc je ne vois pas à quoi je devrais réfléchir.

— Bien. C'est la somme que tu percevras, dit-il en me tendant un papier plié.

— Je ne veux pas de votre argent, répondis-je en lui renvoyant le papier sans le regarder, ce n'était pas suffisamment clair la première fois ?

— Si tu as compris que tu n'avais pas le choix, pourquoi t'évertuer à refuser l'argent ?

— Parce que c'est tout ce que je peux faire pour m'opposer à ta famille et refuser de me rendre complice. Maintenant que tu as obtenu ce que tu voulais, tu peux disparaître de ma vie.

Comme il me fixait toujours sans bouger, je repris, agacée :

— C'est le moment où tu dois partir au cas où tu ne l'aurais pas compris.

— Je ne suis pas... dénué de conscience comme tu le penses, dit-il l'air pensif. Je veux seulement aider mon frère à changer. Il a quitté la fac, il est à quatre cents kilomètres d'ici, chez mon oncle qui est psychiatre. Tu ne crains plus rien venant de lui.

— Tu penses vraiment qu'il peut changer ? répondis-je peu convaincue. Et, il me semble qu'il travaille avec votre mère donc il finira par revenir, non ?

— Il ne reviendra pas avant un an. Maintenant, je peux partir, dit-il en se levant et encore une fois, il ne me laissa pas le temps de lui répondre.

Aliya (sauve-moi) - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant