Chapitre 35

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13 Avril 2024

— Maya ! hurle ma mère depuis le salon. Lili t'attend et elle semble très pressée.

J'ouvre la porte à la volée, bien trop heureuse de retrouver mon amie. Pendant les cours, nous n'avons pas l'occasion de discuter sérieusement. Il est enfin temps d'oublier les leçons, les matières compliquées et les professeurs taciturnes.

Elle m'inspecte des pieds à la tête, me serre contre elle puis m'entraîne hors de l'appartement, me laissant à peine le temps de dire au revoir à ma mère.

— Tu sais, je suis contente que tu m'aies demandé de t'accompagner faire les magasins, dit-elle quand nous arrivons au bas des escaliers. Je ne m'y attendais pas.

Je lui adresse un grand sourire tandis qu'elle passe un bras sous le mien, comme elle en a l'habitude. Je suis toujours étonnée du lien que nous sommes parvenues à tisser en tout juste quelques mois, mais ça ne me déplaît pas. J'ai l'impression d'avoir ma place quelque part.

Je ne suis plus aussi seule qu'au début de l'année, et j'aime ça plus que je ne l'aurais jamais cru.

— Tu avais quelque chose à me raconter, reprend-elle quand nous parvenons à entrer dans une rame de métro. Tu étais très secrète, j'ai presque eu peur qu'il te soit arrivé quelque chose de grave. En fait, je suis toujours inquiète à ton propos mais ce n'est qu'un léger détail. Alors, qu'est-ce qui était si important pour que tu préfères patienter ?

Alistair envisageait qu'on prenne notre temps, je voulais garder cette nouvelle pour moi, le temps de m'habituer à notre nouveau statut. Mais une fois que Gabriel a découvert, promettant de rester silencieux, nous avons décidé de bouleverser nos plans.

Maintenant, le moment fatidique est arrivé. Lili doit savoir. Sinon, les garçons m'égorgeront, trop surexcités.

— Je préfèrerai qu'on sorte de là avant que je te le dise... Tu risques de te mettre à crier et je ne veux pas déranger les gens.

— Crache le morceau, bon sang. Je ne vais pas être plus patiente que ça. Allez, je te promets de me tenir à carreaux.

Je prends une grande inspiration, combattant le petit démon qui se moque de moi.

— Je sors avec Alistair, je balance en me reculant d'un pas.

— Je le savais ! s'exclame-t-elle un peu trop fort.

Je la fusille du regard et elle s'excuse d'un ton plus raisonnable. Elle pose ses mains sur mes épaules et me secoue légèrement en répétant à quel point elle est heureuse pour moi, que c'est une excellente nouvelle. Puis son expression ternit et elle demande, inquiète :

— Et le règlement ?

— C'est ok. On a été voir Mila et cette folle nous a avoué que c'était bidon, je raconte avec amusement. Qui aurait cru qu'on tomberait sur des malades en allant là-bas ?

— Je suis trop fière. J'avais raison ! Je savais que tu l'aimais. Depuis le début. J'en étais sûre, c'était un signe du destin. Il a été envoyé pour te permettre de retrouver une lumière dans ton tunnel trop sombre. Bref. Je suis heureuse pour toi, Maya. La différence d'humeur se voyait sur ton visage. Entre les moments où il était présent et ceux où il ne l'était pas. Aucun jugement, je sais ce que c'est. Mais je tenais à ce que tu le saches. Ethan ne sera pas vexé, c'est promis.

— Ne lui dis rien. Je veux le faire moi-même. Même s'il ne sera pas fâché, ça ne serait pas correct qu'il l'apprenne de la bouche de sa sœur.

— Ah, ne t'en fais pas ! J'espère toujours qu'il se remette avec Colin. Tu aurais dû les voir ensemble, ils étaient mignons. Parfois, j'aimerais que tout revienne comme avant. Quand ma meuf habitait encore la même ville que moi, quand Martin sortait avec des filles alors qu'il aimait un mec ; avant que son coeur ne soit brisé. Et quand Ethan et Colin sortaient ensemble. J'aurais aimé que tu connaisses tout ça.

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