Chapitre 23

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3 Février 2024.


J'aurais voulu qu'on me montre chaque étape de la vie avant de m'y balancer comme une malpropre. Juste pour que je ne me retrouve pas seule sans mode d'emploi.

J'aurais aimé qu'on prenne le temps de m'expliquer comment survivre à cette nouvelle étape, qu'on me rassure sur mes chances de me trouver parmi les meilleurs.

Le début de ma vie d'adulte n'a plus rien d'amusant. Les soirées me manquent. J'ai envie que la vie me prenne sous son aile et me promette que quelque chose de grandiose m'attend.

Maintenant, je suis perdue entre mes doutes, mes échecs et mes peurs.

Mon portable sonne, posé sur le bureau à côté de mon ordinateur ouvert. J'ai promis à mes amis que je ne bosserai plus autant seule mais c'est plus fort que moi.

— Bonjour jolie Rossi, lance la voix joyeuse d'Alistair à l'autre bout du fil.

— Ça commence à devenir du harcèlement, Al.

La plaisanterie ne semble pas assez explicite puisqu'il se met à rabâcher encore les mêmes choses. J'aurais dû me taire.

Mon coeur me fait mal. J'étouffe.

— Rejoins-moi devant notre café habituel dans vingt minutes, déclare-t-il, déterminé.

— Je ne suis pas d'humeur.

— Je ne te laisse pas le choix, Maya. Bouge tes fesses.

Puisqu'il n'obtient aucune réponse de ma part, il ajoute d'une petite voix :

— S'il te plaît.

— Ok, j'y serais, je cède d'un ton las. Content ?

— Très ! A tout à l'heure, princesse.

Il raccroche avant que je puisse dire quelque chose. Encore une fois, il n'attendait rien de ma part.

Je quitte ma chambre, prête à partir. Ma mère est assise au comptoir de la cuisine, le nez plongé dans ses papiers. Elle relève la tête et son air devient grave. Peut-être pense-t-elle que je me laisse aller. Mais la seule chose qu'elle dit est :

— Ne rentre pas trop tard, j'ai perdu mes clés donc il faut que tu sois là si je veux pouvoir rentrer après la fermeture.

Je lui adresse un maigre sourire mais ne réponds pas. Les mots ne veulent pas sortir et s'ils y parvenaient, je ne suis même pas sûre de cacher la douleur qui reste collée à mon cœur sans vouloir me lâcher.

— Amuse-toi bien.

Je sors de l'appartement sans m'attarder.

Le métro est bondé quand j'entre dedans et ça ne fait qu'accroître ma peur de m'effondrer devant tout ce monde. J'ai peur de leurs regards curieux sur moi.

Je retrouve ma liberté quinze minutes plus tard. Le café ne se trouve qu'à quelques mètres de là, mais j'ai l'impression de crouler à chaque pas.

— Bonjour Rossi.

Il apparaît devant moi, armé de sa bonne humeur habituelle.

— Tu n'as pas l'air dans ton assiette, princesse. Viens avec moi, on va te requinquer.

Il me tend la main et sans réfléchir, je l'accepte. Ses doigts emprisonnent les miens et je respire un peu mieux. Il me conduit jusqu'à un petit restaurant pas loin du café. Il m'annonce qu'il m'invite, sous prétexte qu'il me trouve fatiguée. Il comprend que ça ne va pas quand je ne réplique rien.

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