Chapitre 30, partie 2

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23 Mars 2024.


Je grimpe dans la voiture pendant qu'Alistair retire le sable de ses chaussures. En venant ici, j'ai appris qu'il détestait la sensation des grains sous ses pieds.

— J'espère que tu es prête pour la suite, dit-il en démarrant.

— Pour les deux heures de route qui nous attendent ? Non, pas spécialement...

— Je n'arrive pas à croire que tu aies déjà oublié...

Non, je n'ai pas oublié. Je ne veux juste pas voir la suite. Je ne lui dis pas que je rêve de me poser devant un film avec lui et que ça me ferait tout aussi plaisir. Je ne crois pas qu'il pourrait l'accepter après tous les efforts qu'il a fait pour me faire aimer mon anniversaire.

— Est-ce que tu vas me dire où tu m'emmènes ce soir ? Je n'aime pas les surprises et tu le sais très bien.

— Je ne peux rien dire mais j'aimerais profiter du trajet pour continuer ce que tu avais commencé chez toi la dernière fois. Tu m'as balancé tout un tas de choses sur toi mais je n'étais pas sûr que tu veuilles connaître des choses sur moi.

— Tu es un idiot de penser ça. N'ai-je pas déjà prouvé un milliard de fois que je voulais te connaître ? Et particulièrement, des détails que je ne peux pas voir tout le temps. On a deux longues heures à tuer, autant nous en servir comme il faut. Dévoile-moi tous tes secrets, Weber.

Il se mordille la lèvre inférieure en réfléchissant. Je lui laisse le temps de sélectionner ce qu'il va me confier en observant le paysage extérieur.

— Je déteste les soirées étudiantes, lance-t-il, confiant. J'y vais pour passer du temps avec mes potes mais ça ne m'intéresse pas. J'utilise un casque anti-bruit pour travailler quand je suis chez moi parce que c'est un vestige de ma courte colocation avec Estéban. Je portais des lunettes quand j'étais petit parce que je trouvais ça cool mais ma vue s'est dégradée et je dois les porter tout le temps. Sauf que je déteste ça donc je mets des lentilles de contact.

— Sauf quand tu travailles, j'ajoute d'une petite voix. Tu les as toujours quand tu bosses.

— Tu as remarqué !

— Comment ne pas le remarquer ? J'ai toujours eu un faible pour toi quand tu les portes. Ça se stoppe quand tu les enlèves, dommage...

Il ne dit rien mais me fait signe d'ouvrir la boîte à gants. J'y trouve ses lunettes, enveloppées dans une pochette noire.

— Je les garde toujours avec moi au cas où, m'explique-t-il. C'est un peu comme mon objet réconfortant. Les cours, par exemple, je les mets parce que ça me donne l'impression d'être un peu plus ancré à la réalité.

Je les lui tends et il les dépose sur son nez. Et je retrouve cette étrange sensation quand il tourne la tête vers moi pendant quelques secondes.

— Si j'avais su que ça te plaisait, je les aurais mis plus souvent.

— Tu n'as pas besoin de faire grand-chose, en réalité...

Seul son sourire me donne confirmation que j'ai dit les choses qu'il fallait. Peut-être que pour une fois, je n'ai pas envie de suivre les règles qui nous incombent. Peut-être ai-je besoin qu'il voit que je ne suis pas insensible à qui il est.

— Je déteste le Père Noël depuis le jour où j'ai vu mon père en train de se changer dans la salle de bain. J'ai commencé à boire du café pendant ma première année de fac pour survivre à la fatigue. Maintenant, je ne peux plus m'en passer. Je pense que tu connais le principal. Enfin, j'imagine.

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