Chapitre 31

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25 Mars 2024.


La pire trahison qui soit, c'est ma mère me mettant à la porte parce que je deviens insupportable.

La fin de l'année approche à grands pas et avec elle, les examens. Et au plus grand malheur de Lili et Alistair, j'ai repris mes mauvaises habitudes. J'ai recommencé à travailler plus dur à la maison, enfermée dans ma chambre. Ou à tourner en rond dans le salon en répétant mes leçons.

Alors, agacée par mon comportement, elle m'a poussé hors de l'appartement pour que j'aille bosser ailleurs, là où je ne la dérangerait pas. Et c'est loin d'être une bonne chose.

Dehors, il y a bien trop de tentations. Plus que je ne peux le supporter. Je suis trop fragile pendant ces périodes et je suis incapable de résister. Mais je ne dois pas céder. Je dois tenir mes résolutions.

Elle semble déterminée à ce que je prenne mon indépendance et ne sera pas convaincue tant que je ne lui aurais pas prouvé que les examens ne sont pas un problème. Si je peux tenter de les réussir, vivre seule me fait peur.

J'ai besoin d'être entourée, de pouvoir discuter avec quelqu'un. Et j'adore le confort de manger avec ma mère le soir. Je ne suis pas prête à tout quitter pour aller vivre dans mon propre chez-moi.

Ces derniers temps, je me surprends de plus en plus à vouloir garder mon argent un peu plus longtemps que prévu. Juste pour voir ce qu'il se passera ensuite. Si je décide de vivre seule pendant deux ans et qu'Alistair me demande d'emménager avec lui, qu'aurais-je fait d'autre que gaspiller mon argent ?

Mon cerveau va toujours trop loin mais pour une fois, je ne repousse pas l'idée de partager mon avenir avec quelqu'un. La vérité prend un peu plus de place chaque jour qui passe et je ne peux plus nier l'évidence. Mais je ne suis pas sûre qu'il soit prêt à franchir certaines limites.

Je me retrouve à penser que ce règlement lui sert à fuir. Et ça me pourrit mes nuits ; je ne pense qu'à ça. Je retourne chaque signe dans tous les sens pour me prouver que j'ai raison. Que ses sentiments sont faux. Mais ça ne mène qu'à une seule conclusion : je suis foutue.

Je passe les portes de la bibliothèque universitaire avec une idée en tête : me trouver un endroit loin du monde et me plonger dans mes cours. Je veux oublier qu'il existe et qu'il occupe chacune de mes pensées depuis trop longtemps.

Je trouve une table, assez éloignée des autres pour que je m'y installe. Je dépose mes affaires sur le bois neuf et m'écroule sur la chaise en soupirant. Je les maudis d'interdire le café et la nourriture. Ça m'aurait aidé à faire passer le temps. Une fois qu'on entre dans cet endroit, le temps semble ralentir pour nous rappeler que nous sommes coincés.

Mon portable m'indique plusieurs notifications que j'ignore. Si j'avais voulu discuter avec quelqu'un, j'aurais été boire un café avec Alistair. Ou j'aurais demandé à Lili de m'accompagner, même si elle aurait refusé. Elle semble avoir développé une allergie à la BU.

Si j'avais eu le choix, j'aurais aussi fui la bibliothèque comme la peste. Il est fréquenté par des personnes trop intelligentes pour moi, prêtes à bosser plus que ce que leur corps peut supporter pour se prouver qu'ils en sont capables.

J'ouvre mon ordinateur, décidée à m'y mettre et à boucler mes révisions en une matinée. Mais le monde est contre moi : mon unique outil de travail n'a plus de batterie et c'est le coup de massue qu'il me manquait pour craquer. Je refoule les larmes aussi fort que possible et je fuis hors du bâtiment pour prendre l'air.

Memento VitaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant