Chapitre 37

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23 Avril 2024

J'ouvre un œil, consulte l'heure sur mon téléphone. Un soupir s'échappe de mes lèvres.

10h45

Trop tôt. Trop tard. Je ne saurais pas le dire.

Ma notion du temps est réduite à néant. A cause des cours, du concert de Printemps. Je ne suis pas sûre que tout s'arrange si je dors de mon lit. Mais j'ai des examens à réviser. Je n'ai pas vraiment le choix. J'ai déjà pris trop de retard dans mes révisions.

La porte de ma chambre s'ouvre, trop lentement. Ma mère apparaît, habillée d'une robe violette que je n'avais jamais vue avant. C'est rare qu'elle se fasse aussi jolie pour aller bosser.

— Je dois m'absenter ce matin, ça va aller ? demande-t-elle d'une voix douce.

— Tu vas où ?

— Je vais voir un ancien ami du lycée. Ça fait des années que je ne l'ai pas vu, nous venons tout juste de reprendre contact.

— Ok, amuse-toi bien.

Je n'ajoute pas le "mais pas trop" que ma fratrie aurait sans doute ajouter. En réalité, je ne suis plus trop sûre de ce qu'ils auraient dit s'ils avaient été là.

Elle referme la porte après m'avoir demandé de me lever pour prendre mon petit-déjeuner. Elle quitte l'appartement quelques instants plus tard, et me voilà seule dans cet endroit qui me paraît trop petit.

Je n'aime pas non plus la sensation qui me prend au ventre quand je me tourne sur le dos pour fixer le plafond. Il est trop terne, je déteste.

Il n'y a aucun message qui m'attend sur mon portable, comme si le monde s'était éteint pendant la nuit. L'écran ne m'a jamais paru aussi vide qu'à cet instant. Et même si je me rendormais, ça ne changerait rien.

Tu es seule, Maya.

Comment ai-je fait pour supporter ça avant ? Ça m'est devenu insupportable.

Je n'aime plus la solitude que je m'infligeais quelques mois plus tôt. Je me sens plus seule que jamais quand je m'enferme dans cette chambre. Tout a changé, en trop peu de temps.

Lève-toi, tu es pitoyable. C'est ridicule, Maya.

Si tu ne veux pas être seule, mets au moins de la musique. C'est trop silencieux ici, je n'aime pas ça non plus. Et tu n'es pas de très bonne compagnie aujourd'hui. Et puis, tu aimes ça, la musique. Ça te fera du bien.

Le petit démon a un sourire dans la voix. Celle-là même qui me semblait tant affreuse avant, mais qui ressemble petit à petit à des encouragements permanents.

Je repousse les couvertures. Me lever est plus dur que ce que je pensais. Mes jambes engourdies me traînent difficilement jusqu'à la cuisine.

Remue-toi, bon sang !

J'allume l'enceinte, posée à côté du canapé, connecte mon téléphone... Et c'est parti.

Taylor Swift. Lana del Rey. Adèle. Linkin Park. Radiohead.

Ils y passent tous, criant fort et attisant l'émotion.

Même Madonna est là pour me faire oublier que la solitude est toujours mon plus lourd fardeau.

Mon portable sonne, interrompant la musique ainsi que mes danses approximatives. Je tuerai la personne qui vient de me couper dans mon élan.

— Maya ! s'exclame mon amie à l'autre bout du fil. Tu vas bien ? J'espère que je ne te réveille pas. Je voulais savoir si ça te dirait qu'on vienne réviser chez toi, aujourd'hui. Pour que tu ne sois pas toute seule. Et puis... On aurait tous bien besoin de compagnie. C'est bizarre d'être tous les jours à la maison, seuls qui plus est.

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