24 Février 2024.
Je n'ai pas mis les pieds dans cet endroit depuis des lustres.
Tout a changé mais rien n'est différent. Les souvenirs sont bien là, à l'intérieur de ces murs, dans les gradins ; dans la glace. Mais c'est comme si j'étais une inconnue.
Tout est intact, et j'ai à nouveau seize ans.
Je suis de retour, un jour de compétition. Encore une soirée où je devrais porter secours à ma sœur, seule sur cette foutue glace, dans sa tenue.
J'étais censée avoir tiré un trait sur tout ça, ne plus me préoccuper des passions de ma fratrie, puisqu'ils ne s'intéressent pas à la mienne. Mais on ne renonce jamais vraiment à sa famille.
— J'ai cru que tu ne viendrais pas, déclare une voix masculine dans mon dos.
Je découvre mon petit-frère, avançant dans ma direction, d'une allure que je ne lui connaissais pas. Il a piqué un pantalon à papa et il a fourré les mains dans les poches. Mais ses épaules tendues à l'extrême gâchent l'air qu'il tente de se donner.
— C'est bon de te revoir ici, Maya.
Il me serre maladroitement dans ses bras et je lui assure que je n'aurais raté ça pour rien au monde. J'omets juste le fait que je garde toujours un œil sur le compte Facebook de la patinoire, juste au cas où.
Nous entrons dans la patinoire en silence et j'avais oublié à quel point l'ambiance était étrange lorsqu'on passait les portes. Un mélange entre la tension, la joie et les souvenirs des nombreuses larmes qui ont été versées ici.
— Elle doit être en train de se changer, dit-il simplement. Je vais la chercher et essayer de la calmer. Va nous réserver des places en attendant.
Je ne proteste pas et me dirige vers l'endroit le plus important de ce bâtiment, celui vers lequel tout le monde se dirige sans jamais poser une seule question.
J'entre dans l'arène et elle est là.
Debout au centre de la glace, son regard se promène sur chaque place vide. Elle a déjà revêtue sa tenue et de là où je suis, je vois qu'elle est parfaite.
Elle l'est toujours.
Ce n'est que lorsque je m'approche un peu plus qu'elle me repère. Ses yeux si semblables aux miens se posent sur moi et je me fige. Elle glisse et me rejoint, un sourire peint sur son visage maquillé.
— Tu es venue, dit-elle avec soulagement.
— Je vais finir par être vexée, je réplique gentiment. Tu n'es pas la première à me faire la réflexion. A croire que c'est une surprise de me voir.
— Tu peux mentir à qui tu veux mais je sais que tu es aussi surprise que nous, Maya.
Elle me rejoint de l'autre côté, sur la terre ferme et me serre contre elle. Contrairement à Léonard, elle n'y met aucune retenue.
— Te voilà ! s'exclame le cadet de la fratrie. Tu sais que j'ai poireauté devant les toilettes pour rien ?
— Ramène tes fesses au lieu de râler.
Il s'exécute et s'insère à notre étreinte. La pièce manquante de notre puzzle ébranlé.
— C'est bon de vous retrouver, dis-je en les serrant un peu plus fort contre moi.
— Tu vas me faire chialer, abrutie.
Ellie s'extirpe de notre piège en m'accusant de vouloir ruiner son maquillage. Je me défends, sachant très bien qu'elle m'en voudrait durant une vie entière si ça venait à arriver.
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Memento Vitae
Fiksi RemajaLorsque Maya entre à l'université, l'éducation de son père sous le bras, tout ne peut que bien se passer. Si c'est une façon pour elle d'échapper à l'homme qui l'a élevé, elle ne se débarrasse pas pour autant de tout ce qu'il lui a inculqué : discip...