Épilogue

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Deux mois plus tard, 3 Juillet 2024.

Les départs me terrifient.

A la fin du lycée, j'ai regardé trop d'amis partir. Pour la plupart, ils résident désormais dans le Sud, profitant de leurs études pour découvrir de nouvelles villes. Une nouvelle vie. Et nous ne sommes que très peu à être restés chez nos parents.

C'était si amère que je ne me rappelle plus ce que ça m'a fait de les voir s'en aller sans promettre de revenir. Il paraît qu'une fois qu'on part, on ne revient jamais. Et c'est peut-être ce qui me fait peur. Si Alistair part, je n'ai aucune certitude qu'il reviendra.

Tous ces au revoir ont foutu en l'air ce que je pensais savoir. L'avenir est trop incertain. Alistair m'a appris que c'est normal d'avoir peur, mais maintenant, je dois cohabiter avec de nouvelles et je n'aime pas ça du tout.

Ce jour ne fera pas partie de mes préférés cette année.

Sa maison ne se trouve qu'à quelques minutes en bus de la gare de la ville, mais j'ai l'impression que ça dure des heures. Je redoute le moment où j'y serai, parce que sa mère pleurera à chaudes larmes sur mon épaule après avoir dit au revoir à son fils unique. Et je ne suis pas sûre de m'en sortir indemne.

Sa voiture est garée devant l'allée de la maison et je dois me retenir de craquer lorsque j'aperçois tous les cartons qui se trouvent à l'intérieur. J'en ai refermés la moitié, en me demandant si je pourrais un jour l'aider à les rouvrir.

Je songe à faire demi-tour et à rentrer chez moi. Ça serait certainement mieux pour tout le monde. Au moins, il n'aurait pas à se soucier de ce que je ressens. Je pourrais prétexter ne pas m'être réveillée à temps, même s'il sait que je n'ai pas pu fermer l'œil de la nuit.

Si je pars maintenant, je serais obligée de l'appeler pour m'excuser. Et ça ne changerait pas la situation. Il va partir et il m'en voudra de ne pas être venue lui dire au revoir. Je dois le faire, même si c'est trop dur pour moi.

Il veut que tu sois là, même si c'est dur pour lui de te dire au revoir. Sois courageuse un peu. Après tout ce qu'il a fait pour toi, tu lui dois au moins ça.

La porte d'entrée s'ouvre brusquement et Léane sort en courant. Son visage est baigné de larmes quand je l'attrape pour la serrer contre mon cœur brisé. Elle sanglote contre moi et ça me fait prendre conscience de ma propre force.

Je peux le faire.

Je mets un pied dans la maison, mais tout me paraît bien trop calme. Comme si j'étais entrée dans un monde parallèle où cette famille ne déborde pas de joie. Je pars à la recherche d'un des habitants de cette foutue maison et trouve Monsieur Weber dans la cuisine, un tablier couvrant ses vêtements. Ses traits sont tirés par une émotion que je ne parviens pas à déceler.

— Bonjour monsieur, dis-je en entrant dans la pièce.

Il lève la tête et m'adresse un maigre sourire. Je ne relève pas la médiocrité de son expression, comprenant tout l'effort qu'il y a mis. Lui, qui est d'habitude si joyeux... C'est presque comme si quelqu'un était mort dans la nuit.

— Comment vas-tu aujourd'hui ?

— Morose, et vous ?

— Pareil.

Il ne dit rien de plus, mais il n'en a pas besoin. Je saisis ce qu'il me laisse voir. Alistair est son unique enfant. C'est déjà assez émouvant de le voir prendre son indépendance à l'entrée à la fac, mais partir à des kilomètres de chez eux, c'est autre chose. C'est un nouveau départ, de nouvelles opportunités qui s'offrent à lui. Un futur qui l'accueille à bras ouverts.

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⏰ Dernière mise à jour : Mar 23 ⏰

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