Chapitre 21

5 0 0
                                    

19 Janvier 2024.


J'aimerais oublier cette journée.

Elle ressemble à un nuage noir persistant au-dessus de ma tête. Comme une épée de Damoclès prête à s'abattre sur moi. Je regrette d'avoir parlé à mes amis et de m'être confiée. Ils continuent de me regarder comme si j'étais une fille qu'on doit à tout prix protéger.

Mais ce ne sont pas eux que je dois redouter.

Je pousse la porte de l'appartement en poussant un énième soupir en imaginant que ça va chasser les mauvaises ondes. Mais rien n'y fait. Je suis toujours la même.

Je claque la porte au moment où le voisin sort de chez lui. Je tombe nez à nez avec ma mère dont le visage est illuminé par un sourire inhabituel pour un soir de semaine. Je m'attends à découvrir son armée d'amies mais je ne trouve qu'Elian, installé sur le canapé.

Celui que je tente d'éviter depuis des jours se tient devant moi et j'ai peur de ce qu'il peut dire devant ma mère. Mais il se lève et me prends dans ses bras pour me saluer.

Mon estomac se desserre et mon cœur s'allège. Voilà la sensation que j'aime ressentir quand il est là, comme si le monde tournait enfin normalement.

— Alors, contente ? demande-t-il pendant que je dépose mes affaires sur le fauteuil.

J'opine du chef si fort que j'entends mon cou craquer. Ma mère apparaît à ce moment et l'empêche de poser les questions qui doivent le tracasser.

— Prenez votre temps, déclare-t-elle en nous couvant du regard. Je dois aller faire un tour au café pour nettoyer mais je reviens pour vous préparer le dîner.

— Prends ton temps, on va se débrouiller.

— Oui, nous avons plein de choses à rattraper, ajoute mon ami avec enthousiasme.

J'aurais dû m'en douter. Si ma mère part, ça va lui laisser tout le temps dont il a besoin pour m'interroger. Je ne suis pas sûre d'être prête à tout lui balancer.

Tu n'as pas le choix. Ce n'est pas juste de lui cacher la vérité alors que tu as tout dit à tes amis.

Je regarde ma mère partir et une partie de moi imagine que nous pouvons passer une bonne soirée.

Tu es sûre de ça ?

Je déteste cette voix dans ma tête. Elle persiste à me mettre mal à l'aise devant Elian. Alors que je n'ai pas à avoir peur de lui, c'est idiot.

Et pourtant... Tu es terrifiée.

— Alors tes cours ? Il me semble que tu as repris les cours, nan ? Comment ça se passe ? demande-t-il avec un intérêt non dissimulé.

Mal. C'est affreux et je suis foutue.

— C'est passionnant, j'adore.

Il plisse les paupières, suspicieux. Je suis une piètre menteuse et ce, depuis le début de notre amitié. Je me sens mise à nue devant lui pour la simple raison qu'il me connaît sur le bout des doigts.

— Et toi, ça se passe bien ?

— Nope, c'est un enfer. Je me fais chier, dit-il en haussant les épaules. J'ai demandé à ta mère si je pouvais rester quelques jours pour alléger mes journées. Si ça ne te gêne pas, bien sûr.

— Je suis contente que tu sois là.

Je commets l'erreur fatale à ce moment précis. Le regard qu'il me lance est si communicatif qu'il peut se passer de mots. Mais comme s'il voulait s'assurer que je comprenne, il demande :

Memento VitaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant