Chapitre 39

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29 Avril 2024.


Quand j'étais plus jeune, j'étais fascinée par la mer et son odeur. C'était le seul endroit capable de me faire rêver.

Le sable chaud de l'été sous mes pieds, le soleil sur ma peau. Le vent fouettant mes cheveux longs et ternes. L'attention des parents devant ma stature trop droite et calculée. Le regard des adolescents face à mon comportement trop timide.

Une comédie dirigée par le réalisateur de ma vie.

J'aimais les vagues, la sensation de mon corps dans cette eau salée et mes cheveux mouillés collant à mon dos.

Les années ont passé depuis la dernière fois que j'ai pu mettre un pied dans l'eau. Mais tout ce que j'aimais à propos de cet endroit m'est revenu en pleine face dès mon arrivée.

— Tu es trop longue, soupire Gabriel en entrant dans la salle de bain.

Grandir avec mon père m'a permis d'acquérir des techniques de rapidité. Je suis habillée quand il pose ses yeux sur moi. Il déclare être soulagé de ne pas m'avoir vu nue. Je le mets à la porte quand il ajoute ne pas vouloir se battre avec Alistair.

Je quitte la pièce le plus vite possible, au moment où le frère de Lili apparaît dans le couloir, soulagé de me voir apprêtée.

Je n'ai pas le temps de m'affaler dans le canapé que je suis appelée par mon amie. Je la rejoins dans la cuisine et suis confrontée à un bazar catastrophique. A l'air coupable qui tord ses traits, je devine que c'est elle la tornade qui a créé tout ça.

— On ne peut vraiment pas te laisser plus de vingt minutes toute seule, je commente en entreprenant de jeter les déchets qui traînent.

— Je ne sais pas pourquoi on m'a demandé de faire le petit-déjeuner, se plaint-elle en agitant une spatule. Et puis, si tu n'es pas contente tu n'avais qu'à te porter volontaire. De toute façon, que ça te plaise ou non, tu vas devoir m'aider. Les garçons vont aller se préparer alors on doit avoir une bonne demie-heure devant nous pour tout faire.

— Tu l'as fait exprès avoue-le.

Je ne suis pas agacée quand elle acquiesce. Un sourire étire mes lèvres, m'amusant de la voir user de stratagèmes pour m'obliger à venir l'aider.

— Anaëlle et Annie sont parties chercher quelques trucs pour cet après-midi, m'informe mon amie d'une voix douce. Elles s'entendent bien, c'est agréable. Je suis étonnée qu'il n'y ait eu aucun cri de tout notre séjour, d'ailleurs.

— Je ne vois pas pourquoi il y en aurait. J'ai mis les choses au clair avec Ethan et j'ai parlé de tout ça avec Alistair. J'aurais peut-être dû les obliger à discuter, finalement. Ça n'aurait fait de mal à personne.

— Ils ne pourront pas s'apprécier comme ça du jour au lendemain, tu sais. Il va falloir un moment à Ethan pour accepter que ton mec te rend heureuse. Ce séjour était peut-être la meilleure façon de le lui prouver.

Je hausse les épaules pour toute réponse. Elle n'en attend pas davantage. Elle me jette un tablier à la figure et m'ordonne de commencer à préparer le repas pendant qu'elle nettoie ses bêtises. Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi impliqué dans une tâche si minime.

— Vous avez besoin d'un coup de main ?

Elian se tient, appuyé contre le chambranle de la porte, les bras croisés contre son torse. Lili acquiesce vivement et le voilà déjà en train d'ouvrir le frigo pour en sortir ses ingrédients secrets pour un petit-déjeuner réussi.

Memento VitaeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant